Avons-nous perdu la tête ?
Ce qui se passe, actuellement, dans notre pays (et d’autres), les défilés, la repentance exhibée, l’auto-accusation, la panthéonisation de gens qui ne veulent que nous humilier, la complicité de nos dirigeants, en paroles ou en actes (Palme d’or : Castaner), la dégradation ou même la destruction de statues, les délires de L’Oréal et d’autres, la musique classique trop blanche, la ville de Saint Louis, aux États-Unis, que l’on veut débaptiser… que sais-je encore, tout a été dénoncé, répété sur Boulevard Voltaire et ailleurs, mais en vain.
Aucun effet sur les foules qui défilent en hurlant ni sur les médias branchés sur la bonne pensée. Même si, de temps à autres, dans la presse officielle, quelques nuances peuvent se faire jour – sur la traite arabo-musulmane, la responsabilité des Africains qui vendaient leurs « frères » et même la persistance de l’esclavage dans bien des régions –, nous devons cependant continuer à délirer sur nos crimes, nos péchés « originels » et sommes condamnés à porter la croix de notre blanchitude.
Influence des États-Unis ? Sans aucun doute. Si la situation n’est pas du tout la même, à notre époque de communication instantanée et de récupération plus ou moins manipulée (selon que vous êtes plus ou moins complotiste), des États-Unis à la France (pour nous en tenir là), idées et méthodes se répandent. À preuve la récompense reçue par Mme Traoré, le 28 juin, le BET International Global Good Award, qui récompense une action en faveur de « la communauté noire mondiale ». Peu importe le fait que cette personne n’ait rien à voir avec l’esclavage (je veux dire l’esclavage subi), la confusion entretenue sciemment entre tous les Africains d’origine, anciens esclavagistes ou esclaves, exonère les premiers de toute repentance.
Sans revenir sur les caractéristiques de cette famille, il faut s‘interroger sur les raisons de sa consécration, ses soutiens, l’origine de son impressionnante « cagnotte », ses relais outre-Atlantique. Son culot phénoménal n’est pas seul en cause, même s’il est soutenu de tous côtés, y compris par l’Éducation nationale qui lui a permis d’intervenir dans des écoles.
Pour nous aider à comprendre, rappelons-nous le conte de notre enfance, effrayant et fascinant, Le Joueur de flûte de Hamelin, qui montre les enfants d’un village qui avait une dette envers le musicien, suivant celui-ci et disparaissant pour toujours. Les nôtres ne disparaissent pas physiquement mais moralement et nombre de vieux les suivent ; mieux instruits, ils devraient être plus lucides, mais meurent de peur d’être abandonnés et déconsidérés. Ils donnent alors l’exemple d’une abjecte soumission. Comme les habitants de la ville dans le Rhinocéros, de Ionesco, cette œuvre prémonitoire.
Et n’oublions pas l’Histoire : les foules en délire, les grands mouvements de masse, aveugles et sourds à toute raison, qui se manifestent à certains moments de crise – l’historien Jean Delumeau, dans La Civilisation de la Renaissance, en donne plus de témoignages que l’an mil – seraient le modèle ancien de ce que nous vivons aujourd’hui. Dès lors, la repentance pour tous nos péchés de Blancs, péchés de nos ancêtres, destructeurs d’hommes et de sociétés, péchés de nous-mêmes, racistes invétérés, exploiteurs entêtés, semble le préalable à une grande purification qui devrait précéder la régénération du monde.
Les autres civilisations, même conquérantes, esclavagistes, expansionnistes, sont non pas seulement absoutes, mais carrément exonérées parce que tout simplement leurs représentants n’ont pas peur du jugement et que les autoproclamées victimes du racisme savent qu’ils n’en obtiendront jamais rien, ni considération, ni excuses, ni argent. Alors, mieux vaut les laisser tranquilles : la fameuse phrase de Mme Taubira refusant de parler de l’esclavage pratiqué à grande échelle par les Arabes pour ne pas faire de la peine à leurs descendants en est l’aveu cynique.
Arabes, Turcs et autres baignent dans leur conscience tranquille et espèrent recueillir les fruits de notre anéantissement moral et/ou physique, quand ils ne versent pas en jubilant de l’huile sur le feu de notre enfer.
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