Affaire Darmanin : la « moralisation » de la vie politique est reportée sine die…
Plus qu'une accusation de viol, l'affaire Darmanin est révélatrice des paradoxes qui ébranlent les « progressistes ». Alors que Gérald Darmanin est régulièrement épinglé pour ses cumuls de mandats ou pour ses pratiques de néo-clientélisme - promesses d'interventions personnelles en faveur de ses électeurs -, alors qu’il reconnaît à demi-mot avoir pu faire montre de « sexisme », alors qu'il est accusé par des journalistes de troquer « une info contre un apéro », selon Les Inrocks, alors qu'il est soupçonné d'avoir profité de sa position afin de marchander une relation sexuelle, Marlène Schiappa réaffirme sa joie de travailler à ses côtés. Roman Polanski pouffe.
Les SMS - à l'orthographe très approximative - que Sophie Spatz envoya à Gérald Darmanin entre 2009 et 2012 sont éloquents : dans l'esprit de l'ancienne prostituée, le rapport sexuel était lié à la promesse de voir son dossier défendu auprès du garde des Sceaux. « Abuser de sa position ! Pour ma par cet être un salle con !!!! Surtout quand on et dans la peine , la politique te correspond bien !!! » Ou encore : « Quand ont sait l'effort qu'il ma fallu pour baiser avec toi !!!! Pour t, occuper de mon dossier », écrivait-elle notamment. « Tu as raison je suis sans doute un sale con. Comment me faire pardonner ? Merci de me redonner une chance. Es tu dispo des ce soir ? », rétorquait l’élu tourquennois, cité par Marianne.
Sophie Spatz avait en effet pris contact avec Gérald Darmanin afin de faire retirer de son casier judicaire une ancienne condamnation. Le chargé de mission au service des affaires juridiques de l'UMP aurait, ensuite, promis d’appuyer cette demande auprès du ministre de la Justice, tout en y adjoignant une autre demande : « Il va falloir m’aider vous aussi. » S’ensuivit une soirée galante à Paris, alternant entre club libertin et rapport sexuel à l'hôtel. Gérald Darmanin envoya finalement une demande d’intervention au garde des Sceaux (Le Monde, Médiapart).
Un délai de prescription s’interpose désormais entre les accusations de « trafic d’influence » ou d’« abus de faiblesse » et la recherche de la vérité. L'avocat du ministre balaie, en outre, d'un revers de la main les accusations d'« abus de pouvoir », estimant que « à l’époque, Gérald Darmanin n’était “rien” (sic) ». L'ancienne prostituée n'en a pas moins pensé à un moment le contraire. Elle a porté plainte pour abus de confiance.
Gérald Darmanin n'est manifestement qu'un être humain, constellé de défauts qu'il reconnaît lui-même, usant des vieilles méthodes afin d'arriver à ses fins.
L'ancien ministre de la Justice Nicole Belloubet, qui se voulait ferme, en juin 2020, face au racisme dans la fonction publique - « Quand il y a des faits graves, on peut suspendre quelqu'un à titre préventif » -, botte désormais en touche : « Le droit de la fonction publique n'a rien à voir avec les règles qui s'appliquent aux ministres. » À l’aune de la jurisprudence Griveaux, cette affaire devrait pourtant garantir quelques sueurs froides aux conseillers de l'Élysée.
Le gouvernement ayant fait de la « moralisation » son cheval de bataille, les témoignages et les suspicions qui émaillent le parcours de Gérald Darmanin justifient son départ. La mise en œuvre de la « grande cause du quinquennat » (droits des femmes), les lutte contre les velléités « séparatistes », la dénonciation des « accommodements raisonnables » ou la nécessité de restaurer la confiance apparaissent, de fait, incompatibles avec ce feuilleton médiatique à rebondissements qui débute !
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