Le jour du dépassement : de la pseudo-science et ses conséquences
Ces derniers jours, divers journaux, dont le JT de France 2, se sont encore sentis obligés de nous parler du fameux « jour du dépassement ». Le 22 août, Emmanuel Macron tweetait même : « Il reste 131 jours avant la fin de l’année. Et pourtant, nous avons consommé toutes les ressources que la planète peut générer en 1 an. C’est le #JourDuDépassement. Continuons d’agir ! 30 milliards d’euros du plan de relance seront consacrés à la transition écologique. »
À l’instar de l’article que j’avais diffusé en 2016 sur Boulevard Voltaire, le 29 juillet dernier, le magazine Forbes publiait un article de Mickael Shellenberger intitulé : « Pourquoi le jour du dépassement et l’empreinte écologique sont des non-sens pseudo-scientifiques ? » Cet auteur est, en fait, un écologiste alarmiste repenti. Il a récemment publié un livre où il demande pardon d’être allé trop loin dans le catastrophisme concernant le réchauffement climatique.
C’est aussi un scientifique, expert reviewer des rapports du GIEC, mais en 2013, avec cinq co-auteurs, il taillait en pièces les notions d’empreinte écologique et de jour du dépassement dans un article publié dans une revue à comité de lecture. Il démontrait, notamment, que sur les six critères de jugement que comportent ces notions, cinq portant sur l’alimentation et la forêt sont à l’équilibre ou en surplus. Ouf, on est rassuré !
Le seul critère en défaut porte sur les émissions de carbone. Dans l’article de Forbes, il écrit que la solution à ce problème (si tant est que ce soit un problème) n’est pas que les nations riches deviennent plus pauvres, contrairement aux thèses malthusiennes chères aux mouvements écologistes, aux Nations unies et à l’Europe, mais que l’on se dirige vers des énergies à faible émission comme le nucléaire. Or, pour l’ONG Global Footprint Network à l’origine de ces critères, la seule solution à mettre en œuvre est la compensation des émissions par la plantation de forêts, toutes les autres solutions étant ignorées, à l’exception de la décroissance induisant une réduction des émissions. Comme l’écrit Shellenberger, nous devrions vivre comme des Cubains ou des Nicaraguayens pour satisfaire les critères de cette ONG.
Autrement dit, contrairement au tweet du Président Macron, les 30 milliards d’euros du plan de relance consacrés à la transition énergétique ne changeront rien en ce qui concerne le jour du dépassement et, soit dit en passant, ils ne changeront pas non plus la physique du climat. Ils auraient été bien plus utiles au ministère de la Justice, par exemple, doté simplement de 7 petits milliards d'euros.
De plus, alors que l'article de 2013 avait reçu une couverture médiatique assez grande, on peut se demander quand ceux qui sont censés nous informer officiellement feront correctement leur travail...
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