Ruraux et urbains, vers une convergence des luttes ?
Boulevard Voltaire publiait, vendredi, le résultat du sondage « Le mouvement des gilets jaunes a-t-il encore un avenir ? », le oui ne l’emportant qu’à la faible majorité de 56 %.
À voir les réactions de Marseille au sort qui lui est fait par le pouvoir parisien, on peut se demander si l’avenir des gilets jaunes ne serait pas plutôt, selon l’expression « houellebecquienne », dans l’extension du domaine de la lutte. Quand Samia Ghali - qui, en tant que maire adjoint, a rang d’officier de police judiciaire - déclare tout de go que « la police municipale ne verbalisera pas les restaurants et bars ouverts », c’est qu’elle se sent forte d’un soutien populaire qui dépasse visiblement celui des cafetiers et restaurateurs.
À la fronde des ruraux « perdants de la mondialisation » (comme théorisés par Guilluy) et mobilisés des mois sur les ronds-points pourrait-il s’ajouter, demain, celle des urbains déchirant les ukases de biocrates qui les empêchent non seulement de gagner leur vie, mais tout simplement de la vivre pleinement ?
Parce que les habitants des métropoles sont loin d’être tous des béats bobos-écolos gentrifiés en trottinettes électriques, et ce n’est pas parce qu’ils sont plus souvent cadres et diplômés du supérieur qu’ils ne souffrent pas de la saleté, des rodéos, de la délinquance, du terrorisme, des transports défaillants et plus généralement de l’abandon par l’État de ses missions régaliennes, au seul profit de la protection de « la planète » et du sanitarisme répressif.
Mais peut-on concevoir une convergence des luttes entre deux mondes différant par la culture et la sociologie ?
Peut-être en les fédérant contre un ennemi commun qui serait non plus le politique - désormais simple communicant interchangeable - mais le haut fonctionnaire inamovible, qui ne laisse jamais le citoyen en repos, invente chaque jour un changement pénible et/ou coûteux qu’il susurre à son ministre, qui l’imposera jusqu’au fin fond du dernier hameau, mais dont lui-même n’aura généralement pas à souffrir.
De même que sa rémunération et ses divers privilèges, qu’il a même réussi à mettre au rang des secrets d’État…
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