Nicolas Dupont-Aignan a-t-il raison de se présenter à l’élection présidentielle ?
Nicolas Dupont-Aignan vient d'annoncer qu'il sera candidat à l'élection présidentielle : il ne veut pas que se reproduise le duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, « un duel fatal » qui imposerait Macron pour un nouveau mandat jusqu'en 2027. Mais, en agissant ainsi, ne contribue-t-il pas, en dépit de ses bonnes intentions, à la défaite de la droite authentique, celle qui ne pactise pas avec le macronisme ?
On assiste, depuis plusieurs semaines, à un dénigrement systématique de Marine Le Pen dans les médias, qui ne ratent pas une occasion de souligner que la présidente du Rassemblement national ne peut gagner au second tour. Chaque fois que Marion Maréchal prend la parole, ils montent en épingle une opposition, déniée par les intéressées, entre la candidate déclarée et l'ancienne députée de Vaucluse : l'une compterait sur l'électorat de gauche pour dépasser la barre des 50 %, l'autre prônerait l'union des droites : « Marion Maréchal engage l’offensive contre Marine Le Pen sur la stratégie électorale du RN », titrait Le Monde du 15 septembre.
Marine Le Pen n'est peut-être pas la meilleure candidate pour battre Macron ; Nicolas Dupont-Aignan non plus et, sans doute, encore moins. Sa candidature, s'il la maintient jusqu'au bout, n'aboutira qu'à diminuer de quelques pourcentages le score d'un candidat souverainiste susceptible d'être présent au second tour et de renvoyer l'actuel Président dans les cordes. La seule solution, que Marion Maréchal a bien appréhendée, la plus efficace en tout cas, repose sur une union des droites, non exclusive d'un appel à tous les Français qui veulent sauvegarder l'indépendance de la France, sa souveraineté, une représentation nationale plus juste, une politique migratoire qui ne mette pas en péril la culture et l'identité françaises.
Dans le camp souverainiste, beaucoup de personnalités défendent ces valeurs : Marine Le Pen, Marion Maréchal, Philippe de Villiers, Nicolas Dupont-Aignan et bien d'autres encore. Aucun n'a la possibilité de gagner seul et, dans leur for intérieur, ils en sont tous conscients. Il y a une certaine indécence et, sans doute, un frémissement d'orgueil à croire qu'on est le mieux placé et qu'on sera moins un repoussoir qu'un autre candidat : les querelles d'ego sont contre-productives. La question n'est pas de savoir qui a le plus de chances de l'emporter mais de savoir comment l'emporter.
L'union de la droite, souhaitée par Marion Maréchal, a ses avantages, mais trouve ses limites dans les accointances d'une partie de LR avec Macron. L'appel à la gauche peut rebuter l'électorat de droite. Les souverainistes, les partisans de l'indépendance de la France se trouvent à droite comme à gauche, parmi les électeurs et les abstentionnistes. Ce sont ces électeurs qu'il faut convaincre. Quant aux chefs des partis qui ne veulent pas sombrer dans le mondialisme, ils doivent discuter entre eux pour créer les conditions du succès, non se disputer avec, au bout du compte, une défaite assurée.
Parmi tous les prétendants à l'Élysée, le plus sage ne sera-t-il pas, non celui qui se croit irremplaçable, mais celui qui tend la main à ses concurrents pour contribuer à la victoire ?
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