Jean-Michel Blanquer part en guerre contre l’islamo-gauchisme, mais oublie les responsabilités de l’État !
La décapitation du professeur Samuel Paty par un islamiste fera-t-elle vraiment figure de « tournant », tel qu’écrit hier en ces colonnes ? Au moins aura-t-elle permis de délier certaines langues, et pas des moindres, s’agissant de celle de Jean-Michel Blanquer.
En effet, c’est une sorte de pavé jeté dans la mare par le ministre de l’Éducation nationale que cette déclaration : « L’islamo-gauchisme fait des ravages à l’université. » Et de pointer la complicité active de l’UNEF, syndicat étudiant très en pointe dans l’indigénisme. De son côté, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur à qui on ne connaissait pas ces audaces, s’en prend en ces termes à La France insoumise : « Je ne m’explique pas qu’un parti comme le vôtre, qui a dénoncé pendant longtemps l’opium du peuple, soit désormais lié avec un islamo-gauchisme qui détruit la République […] et favorise une idéologie qui ensuite, de loin en loin, mène au pire. »
Alors, « tournant », peut-être ; mais changement politico-sémantique, assurément. Pour autant, les mélenchonistes et autres indigénistes sont-ils les seuls responsables de cette dérive mortifère ? Rien n’est moins sûr, sachant que les racines du mal sont autrement plus anciennes, tel qu’en témoigne la tribune ici publiée par Verlaine Djeni où il conseille également, dans la foulée de la dissolution du CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France), d’en faire de même de SOS Racisme.
Car c’est bien de ce mouvement que nous viennent les racines des maux actuels et dont l’indigénisme universitaire n’est que l’actuel épigone, le vernis culturel en plus. Aux origines de SOS Racisme, pas de revendications religieuses mais une entourloupe élyséenne visant à complexer une droite qui n’en avait déjà pas besoin, afin de mieux la dissuader de faire alliance avec le Front national d’alors.
Pour autant, l’idéologie victimaire était déjà là, posant comme postulat que tous les problèmes rencontrés par les enfants d’immigrés étaient dus, certes pas encore à un « racisme d’État systémique », mais à celui de ces beaufs à béret, alors dénoncés par le chanteur Renaud et les dessinateurs de Charlie Hebdo. Les uns ont fini par le croire, abdiquant ainsi toute volonté d’assimilation véritable, tandis que les autres, à force de se faire traiter de « racistes », ont pu, pour certains d’entre eux tout au moins, finalement le devenir. Bref, si des politiciens ont cherché à « dresser les Français les uns contre les autres », pour reprendre une antienne usée jusqu’à la corde, ce sont plus les antilepénistes que les lepénistes.
Pareillement, cette idéologie victimaire s’est, depuis, déclinée dans les plus hautes sphères de l’État et de la société civile, avec féminisme radical et antiracisme à tous les étages, la dernière cérémonie des César en ayant été l’exemple éclatant, avec sa chasse au vieux mâle blanc (Roman Polanski), alors qu’il ne s’est pas trouvé une seule actrice féministe pour s’indigner du fait que l’équipe des Misérables, le film de Ladj Ly, montée au grand complet sur la scène, ne comptait que des hommes…
Pis, lorsque le chanteur Kiddy Smile, avec son tee-shirt arborant la mention « fils d’immigré, noir et pédé », vient se dandiner sur le perron de l’Élysée, lors de la fête de la Musique, millésime 2018, cela ne signifie-t-il pas que le séparatisme victimaire a droit de cité sous les ors du pouvoir, surtout lorsque, dans le même temps, Emmanuel Macron tient la présence française en Algérie pour « crime contre l’humanité » ?
Jean-Michel Blanquer n’a pas tort de critiquer l’islamo-gauchisme, mais il aura plus raison encore de balayer devant sa propre porte, fût-elle républicaine.
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