L’écologie : défi majeur des « Dix Courageuses » qui viennent
Aux « Trente Glorieuses » (1946-1975), jubilatoires mais illusoires, ont succédé les « Quarante Calamiteuses » (1974-2016), entreprenantes mais inconséquentes. Nous voilà maintenant empêtrés dans un « Quinquennat désastreux », qui oppose les communautés et divise les générations en faisant table rase du passé par une politique de la culture brûlée - vite remplacée.
Face à ce péril national, nous sommes appelés à faire de la décennie 2020 les « Dix Courageuses » pour resserrer les mailles d’un fil culturel distendu, près d’être rompu. Ce défi questionne la place et le rôle de chacun au sein d’une lignée française contiguë dans le temps linéaire physique (chronos), mais discontinue dans le temps cyclique de générations amnésiques (aïon), par rejet du temps métaphysique qui inspire les basculements décisifs et signale les moments opportuns pour réagir quand il y a besoin (kairos).
Cet objectif vital de cohésion tient compte de l’accélération des processus humains par la propagation, à la vitesse de la lumière numérique, d’idées nouvelles contrefaites, présentées comme des Lumières scientifiques. Objectif de court terme, car il tient compte de l’urgence et de l’enchaînement imprévisible des circonstances, qui rend plus difficile d’anticiper un avenir fluctuant que de reconstituer un passé achevé. Si cette évidence nous invite à la prudence dans les prédictions, elle préserve notre liberté de progresser en améliorant la réalité sans la renier ; c’est la définition du vrai progrès selon le cardinal Sarah, homme d’Église bien inspiré.
Or, pour qui croit en la perpétuité de l’Homme et en l’immortalité de l’âme, nous sommes autant redevables envers nos prédécesseurs légateurs que nos successeurs légataires, tous débiteurs et créanciers. Nous le sommes également envers nous-mêmes, par devoir moral de nous accomplir en faisant le meilleur usage des dons de la Création. Cette appréciation, personnelle, complète davantage qu’elle contredit le proverbe cité par Saint-Exupéry dans Terre des Hommes : « Nous n'héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l'empruntons à nos enfants. »
Cet adage nous rappelle que l’écologie est l’un de nos défis majeurs de gouvernance sociétale. Toutefois, à notre époque atteinte de jeunisme régressif, il réduit l’écologie à un intégrisme ni intégral ni intègre. Il le confine à des truismes courants et affligeants tels que « l’avenir appartient à la jeunesse ». Cette mouvance est incarnée par l’activiste juvénile et agitée Greta Thunberg, à qui l’on souhaite que son passage à l’âge adulte légal, ce 3 janvier, lui apporte les lumières de la raison.
En effet, les idées farfelues des écologistes intégristes sont confondantes et nuisibles. Depuis leur récente accession au pouvoir municipal, ils défoulent leurs frustrations longtemps accumulées par toutes sortes de mesures punitives d’interdiction, sans la compétence requise pour concevoir des solutions écologiques réalistes et équilibrées, esthétiques et soutenables. Alors que la mission première de l’écologie est de « conserver » un environnement biodiversifié, leur alliance opportuniste avec les progressistes, matérialistes anti-nature et de courte vue, est contre-nature.
L’écologie n’étant pas une fin en soi, elle ne saurait être un programme politique complet mais devrait se contenter d’inspirer tous les domaines d’activité. Sur le sujet, redécouvrons les ouvrages éclairants de Jean-Marie Pelt (1933-2015), initiateur érudit de l’écologie politique, fondateur, en 1971, de l’Institut européen d’écologie. Dans L’Homme renaturé, ce « biologiste engagé dans la cité », tel qu’il se définissait, fait la promotion argumentée d’une écologie intégrale non intégriste, globale non réductionniste. Il redoutait plus que tout « le parti pris d’abstraction propre à notre époque, qui vide le réel de son contenu et enfante les monstres froids qui nous étouffent ».
Ainsi, en matière de gouvernance sociétale, la redevabilité implique des responsabilités croisées et transmissibles dans une société qui ne devrait pas considérer l’être humain comme l’objet assisté et égoïste de droits absolus mais comme le sujet libre et altruiste de devoirs fondamentaux.
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