Mgr Marc Aillet : « La loi « séparatisme » fait l’amalgame avec toutes les religions et ne nomme pas le séparatisme islamiste, le seul qui est inquiétant »
Les Églises chrétiennes se mobilisent contre le projet de loi « séparatisme » : les responsables catholiques, protestants et orthodoxes ont dénoncé, dans une tribune publiée chez notre confrère FigaroVox, un projet de loi qui « porte atteinte » à la liberté de culte et d’association.
Au micro de Boulevard Voltaire, Mgr Marc Aillet développe les raisons de l'opposition des chrétiens à ce projet de loi.
Les représentants des trois Églises du christianisme, c’est-à-dire Monseigneur de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, le pasteur François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France, et le métropolite Emmanuel Adamakis, du Patriarcat œcuménique en France (l’Église orthodoxe), ont signé une tribune dans laquelle ils s’inquiètent du vote de la loi contre le séparatisme. Pourquoi cette inquiétude et pourquoi la partagez-vous ?
Je souscris pleinement aux inquiétudes qui ont été exprimées par les Églises chrétiennes en France. Avec cette loi dite contre le séparatisme, on passerait d’un régime de séparation (1905) à un régime de subordination des cultes à l’État. Finalement, c’est reprendre la prétention de Bonaparte à mettre les religions en France sous tutelle de l’État. C’est à cela que conduit ce contrôle de la liberté cultuelle en France.
Cela va finalement plus loin que la loi de 1905, qui avait déjà été vécue comme une grande violence par les catholiques.
Il ne faut pas oublier que la République est représentée, à juste titre, comme une promesse de croire et de ne pas croire et de liberté d’expression pour les cultes différents qui existent dans notre pays, mais la République est née dans un climat ouvertement hostile à l’Église catholique, à son influence et à la civilisation judéo-chrétienne qu’elle incarne. La loi de séparation de 1905 n’a jamais été acceptée par l’Église. S’il n’y avait pas eu une évolution de la situation un peu providentielle, à travers l’union sacrée au moment de la Première Guerre mondiale et les accords entre le Saint-Siège et l’État, on n’aurait pas abouti à cet aménagement de cette loi de séparation par la naissance des associations diocésaines et cette laïcité un peu apaisée plus libérale que nous connaissions jusqu’à présent.
Pour autant, cette loi est née de la nécessité d’apporter une réponse juridique à l’islamisme, comme si la loi de 1905 ne suffisait pas à régler le problème de l’islam. Trouvez-vous que cette loi est efficace pour lutter contre les dérives de l’islamisme ?
On fait l’amalgame avec toutes les religions sous prétexte que l’on ne veut pas faire d’amalgame avec les musulmans. Il est évidement que les musulmans ne sont pas tous islamistes, surtout en France. Mais il reste que l’islamisme grandit, que la radicalisation grandit et que l’islamisme reste la pente de l’islam. Je pense aussi que l’on doit nommer ce qu’on ne nomme jamais dans le discours officiel, ce séparatisme islamiste qui est le seul dans la société. Tant que les musulmans ne soumettront pas leurs textes fondamentaux à une critique historique et rationnelle, l’islamisme continuera à grandir dans notre société.
On a l’impression que cet examen de la loi a réveillé certains réflexes très laïcs de la part de certains députés. On a eu des confusions entre le voile islamique et le voile de communion. Y a-t-il une sorte de résurgence de cette tradition républicaine de « bouffeur de curé » ?
C’est évident. C’est la laïcité érigée en système clos et totalisant de la vie des citoyens qui ignore le fait religieux et même antireligieux. Elle éradique de la société toute référence religieuse d’autant plus que, pour les musulmans, il y a imbrication totale entre le temporel et le spirituel.
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