Lettre à nos militaires sur l’honneur des gouvernants et des politiques

honneur

Messieurs,

J’ai lu avec attention la lettre que vous avez adressée au président de la République, aux membres du gouvernement et aux parlementaires.

Dénonçant « le délitement qui frappe notre patrie », vous expliquez que celui-ci a pris la forme de trois graves dangers : la haine racialiste qui gangrène la France et dissout sa culture, ses traditions, son histoire ; la soumission qui laisse les islamistes chasser la loi de la République de nombre de nos quartiers ; l’instrumentalisation des forces de l’ordre et de groupuscules cagoulés afin d’étouffer dans la violence le désespoir des gilets jaunes.

Tenant « ceux qui dirigent notre pays » pour responsables de ce délitement, vous les appelez à « trouver le courage nécessaire à l’éradication de ces dangers » en « appliquant sans faiblesse les lois qui existent déjà ».

C’est la défense de votre « honneur », écrivez-vous, qui a motivé votre appel. Si une large majorité de Français entendent encore ce mot que, collégiens, ils découvrirent en lisant le théâtre de Corneille, pensez-vous qu’il fasse encore partie de l’imaginaire de nos responsables politiques, notamment du premier d’entre eux ?

Que signifie, en effet, l’honneur pour un candidat à la présidence de la République qui prétend qu’il n’y a pas de culture française ? Que signifie l’honneur pour un candidat qui, depuis le sol algérien, accuse la France de crimes contre l’humanité ? Que signifie l’honneur pour un président de la République qui, en Martinique, se laisse enlacer par un jeune homme torse nu tandis qu’un autre, sur la photo, fait un doigt d’honneur qui fera le tour du monde ? Que signifie l’honneur pour un président de la République qui, la veille du 14 Juillet, humilie publiquement, devant des représentations étrangères et des familles de soldats morts au combat dans l’année, son chef d’état-major des armées en lui rappelant, avec une morgue déplacée, que c’est lui le chef ? Que signifie l’honneur pour un président de la République qui, le soir de la fête de la Musique, livre la cour de l’Élysée à un groupe de musiciens dont l’un d’eux arbore, sur son T-shirt, le slogan « fils d’immigrés, noir et pédé » ? Que signifie l’honneur pour un président de la République qui, sur les marches de la Maison de l’Amérique latine, entouré d’un gouvernement riant à chacun de ses mots, déclare aux députés de sa majorité : « Alexandre Benalla, lui non plus, n’a jamais été mon amant » ? Que signifie l’honneur pour un président de la République qui accorde sa confiance à un ministre qui, après avoir fait la promotion de l’écriture inclusive, envisage de mettre un genou à terre devant des manifestants vociférant leur haine de la France ? Que signifie l’honneur pour un président de la République qui, tout sourire, se fait photographier au festival de la BD d’Angoulême avec, dans les mains, un T-shirt montrant un chat à l’œil crevé sous lequel sont imprimées les lettres « LBD » ? Que signifie l’honneur pour un président de la République qui, en pleine crise des gilets jaunes, laisse son administration inaugurer, à l’intérieur de l’Opéra Garnier, des pneus de tracteur en or réalisés par un plasticien qui sera poursuivi, un an plus tard, pour pédophilie ? Que signifie l’honneur pour un chef des armées qui, dans la « guerre » qu’il entend conduire contre le coronavirus, montre aux Français qu’il est effectivement le chef ? Et quel chef ! Que signifie l’honneur pour un président de la République qui, six mois après la décapitation du professeur d’histoire Samuel Paty devant son collège, et quelques jours avant l’assassinat d’une fonctionnaire de police au commissariat de Rambouillet, déclare en anglais, depuis l’Élysée, sur la chaîne CBS, que « nous devons déconstruire notre propre histoire » ?

Saluant, Messieurs, votre décision de sortir de dessous le boisseau la question de l’honneur, je vous laisse prendre la mesure, à travers toutes ces interrogations, du difficile « travail sur soi » que vous demandez à nos gouvernants et à nos politiques. Ne serait-il pas plus sûr, pour la France, de ne pas les renouveler en 2022 ?

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Jérôme Serri
Ancien collaborateur parlementaire, journaliste littéraire

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