La France de 2025 selon Emmanuel Macron ? Plus beau qu’un discours de… Miss France !

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Personne ne sait - peut-être que lui non plus, d’ailleurs - si Emmanuel Macron remettra son titre en jeu, en 2022. Ce qui ne l’empêche pas de se projeter en 2025, tel qu’en témoigne sa collaboration d’un jour à L’Opinion, quotidien d’inspiration libérale, qui vient de fêter son millième numéro.

Et ce pigiste de luxe de déclarer, en préambule : « Je suis un optimiste de la volonté. Si nous le voulons, si nous ne cédons rien de l’ambition de transformation que les Français ont portée au pouvoir en 2017, notre nation peut prendre toute sa part à l’invention du monde qui vient. » Il n’y a pas à dire : lorsque le même Macron évoquait la « dimension christique du pouvoir », il y a quatre ans, il ne plaisantait pas. On ne comprend pas tout, mais l’essentiel, c’est d’y croire, n’est-ce pas ?

Changer la vie, Emmanuel Macron entend donc ; un peu comme François Mitterrand au siècle dernier, quoique ce dernier se soit vite repris en épousant cette doxa libérale et européiste dont l’actuel jeune Président, sorte de Giscard, l’âge en moins et les cheveux en plus, est finalement le produit. Bref, le Président de fait persiste et signe, communiant dans le culte de la réforme éternelle et toujours persuadé que les Français veulent que le monde se refasse en permanence.

À ce propos, un sondage Harris, commandé par la chaîne LCI, vient de tomber à propos de la désormais fameuse déclaration de militaires dont des généraux et de nombreux officiers. Il est quasiment sans appel. 58 % de nos compatriotes appuient cette initiative. Ils sont aussi 84 % à estimer que « la violence augmente de jour en jour » et 73 % à penser que « le pays se délite ». Si le service de presse de l’Élysée faisait son travail – hypothèse bienveillante, mais y a-t-il seulement un homme de quart sur ce boutre ? –, une telle enquête d’opinion aurait dû attirer l’attention du premier des Français, lui évitant au passage de dérouler un discours digne d’une Miss France recalée dès les premiers éliminatoires morvandiaux. Mais non.

Et c’est donc du Miss France qui nous est ici resservi, à l’exception de l’épilation du maillot, Emmanuel Macron rêvant ainsi d’une « jeunesse qui aurait retrouvé du travail et toute sa place dans la société », d’un « nouveau modèle productif plus écologique et numérique » et d’un « nouveau modèle de protection sociale ». Ne manquent plus que « la faim dans le monde donnant soif de justice », « la guerre qui n’est pas cool », « la haine que c’est pas bien » et « l’amour que c’est mieux ».

Et le même de préciser qu’il « a moins à prévoir ce qui va advenir qu’à projeter une vision, une aspiration ». À peine plus sérieusement, il est encore question d’une Europe à venir qui, aguerrie par « l’expérience de la dette commune », serait plus réactive en matière de « défense », de « contrôle des frontières » et de « souveraineté industrielle et technologique ». On pourrait ajouter, fort de cette même « dimension christique du pouvoir », qu’Emmanuel Macron, après avoir distribué les pains et les poissons (d’avril ?), puisse encore marcher sur l’eau tout en réalisant d’autres miracles.

En attendant, pas un mot sur l’insécurité, l’immigration, la montée du terrorisme ; sujets n’intéressant personne, comme chacun sait, Emmanuel Macron préférant tout miser sur le rouge, impair et manque. Soit « le retour de la République dans une France unie et apaisée », feuille de route imparable, puisque pouvant également consister au « retour d’une République apaisée dans une France unie ».

De quoi ramasser trente-six fois la mise ? Non, car à ce genre de jeu, c’est souvent le zéro qui sort.

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Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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