Les Français ont peur du péril jeune : mais de quels jeunes parle-t-on ?

delinquant

Paru, il y a quelques jours, un article du Figaro rapporte les données du dernier baromètre sécurité Fiducial-Odoxa : 84 % des sondés ont peur que « les problèmes touchant les nouvelles générations se traduisent par une hausse de la délinquance et de la sécurité ». Problèmes d’emplois, plus grande fragilité psychologique, peu de relations sociales seraient parmi les causes de l’augmentation de la violence juvénile. Mais sont-elles toutes dues au confinement ?

Nous ne reviendrons pas, pour l’avoir souvent traité ici, sur les conséquences, sur cette jeunesse, de cette folie qui a consisté à enfermer chez eux des jeunes gens en pleine santé, d’autant plus que cette fraction de la population s’est vue taxée d’irresponsabilité. On aurait voulu créer une fracture générationnelle qu’on ne s’y serait pas pris autrement.

Mais, nous dit le baromètre, ce sont surtout les problèmes d’éducation (à 51 %) et le laxisme judiciaire (49 %) qui expliquent cette délinquance juvénile, ainsi que les difficultés sociales et familiales pour 30 %. Enfin, sur le front de la sécurité, 78 % des Français ne font pas confiance au gouvernement pour améliorer leur vie. Et, logiquement, devant cette débandade de l’administration centrale, 86 % des Français veulent que les conseils régionaux puissent agir sur la sécurité. Au mois de juin, ça risque de swinguer !

Et après ? À lire ce baromètre, on se croirait dans les années 80 : une fois passés les euphémismes, périphrases et lieux communs, si on commençait enfin à entrer dans le vif du sujet ? D’où viennent ces jeunes délinquants sans éducation et victimes de difficultés familiales et sociales ?

Parle-t-on de cet étudiant de 24 ans qui s’est suicidé, il y a quelques jours, à Villeneuve-d’Ascq, ou de ceux qui se sont défenestrés à Lyon, en janvier, ou encore de cet étudiant en médecine de Rouen qui s’est pendu, en février dernier ? Non, ceux-ci faisaient partie de cette France du devoir, qui se lève tôt, qui travaille et qui, en cas de graves problèmes d’ordre psychologique, n’auraient jamais pensé faire peser leur mal-être sur la société. Le mal, c’est à eux-mêmes qu’ils l’ont infligé.

Dans le sondage évoqué dans Le Figaro, pas un mot sur les origines et les causes premières de la délinquance. Pourtant, il suffit d’une rapide revue de presse des crimes et délits pour constater où se trouve le mal. La guerre des bandes fait rage, et dans la presse quotidienne régionale comme dans la presse nationale, la rubrique des chiens écrasés a cédé depuis longtemps la place à l’énumération quotidienne des faits de violence : ces derniers jours, Tourcoing, Bourgoin-Jallieu, Lyon, Brest, Béziers… ont été le théâtre d’affrontements de bandes, d’attaques contre policiers, pompiers ou simples passants victimes d’un mauvais regard. Soir après soir.

Cette délinquance a lieu, comme on dit pudiquement, dans « les quartiers ». Ces mêmes quartiers où se concentre une immigration massive et continue depuis des décennies qui empêche, de facto, une intégration à la France. Peu d'assimilation, en effet, dans ces îlots de séparatisme où la violence est, pour ces jeunes, un moyen naturel d’expression, parfois le seul qu’ils connaissent. Une tendance portée à son paroxysme par l’explosion de la délinquance de la part des mineurs étrangers isolés. Selon un rapport parlementaire de février 2021, 10 % des mineurs étrangers isolés sont coupables de délinquance. « Le portrait type, c’est un Maghrébin, 16, 17 ans, en rupture totale avec son pays et sa famille, fracassé par son parcours migratoire, polytoxicomane, qui est dans une délinquance de subsistance, qui vole au sein d’une bande pas très bien organisée » : propos du député de l’Hérault Jean-François Eliaou rapportés par Le Parisien.

Et il n’y a plus de quartiers bourgeois « sanctuarisés » pour cause de non-mixité sociale. On se souvient de l’agression sexuelle, en plein VIIIe arrondissement, à 100 mètres de Beauvau, ou de cette rixe géante dans le XVIe arrondissement de Paris, en mars dernier.

Alors oui, on peut parler de péril jeune, à condition toutefois de le définir en toute honnêteté. Et d’en tirer les conséquences.

Picture of Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Un vert manteau de mosquées

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois