Face à En Marche ! les LR en panne… d’identité ?
Ce discours a tout d’une méthode Coué. Quittons la lecture pour le moins fantasmagorique de l’actualité politique - surtout politicienne - pour revenir dans la réalité. Les élections régionales ont permis de reconduire les exécutifs précédents : l’abstention a montré le désintérêt des Français pour les affaires régionales, ils y voient bien plus la dimension administrative et gestionnaire que politique. Quant aux LR, l'ancrage local subsistant tient dans l’héritage des baronnies RPR puis UMP, il n’y a donc rien de bien surprenant à ce bon score du mois de juin, certaines régions ayant quand même été « sauvegardées » par des alliances multipartites.
Un reportage du Point chez les militants LR met les pieds dans le plat : loin de cette unanimité parisiano-centrée affichée dans les états-majors, les militants ne sont pas tellement rassurés. Ils n’ont toujours pas de chef qui incarnerait l’espoir de leur camp et leurs réactions montrent qu’ils n’ont pas non plus de ligne claire.
C’est ici un couple de retraités qui voterait, elle pour Xavier Bertrand et lui pour Emmanuel Macron « comme en 2017 » : ils s’affirment pourtant « de droite ». C’est là un étudiant qui désire qu’un candidat naturel se dégage des primaires, quand un autre s’exclame « surtout pas ! », car ce serait accorder une prime au plus démagogue. Ce sont encore ceux qui, « d’une droite bonapartiste », aspirent à l’irruption providentielle d’un chef, faisant passer le programme au second plan. D’autres affirment que la sécurité est un sujet essentiel de leurs préoccupations.
Tout au long de l’article, les journalistes situent ces électeurs LR à droite : les aficionados de Xavier Bertrand (ex-LR) comme ceux de Christian Jacob, Laurent Wauquiez ou David Lisnard.
Alors, sondages ou primaires? À droite toute ou balle au centre ?
La « droite LR » traverse depuis longtemps une crise d’identité. Depuis Jacques Chirac qui, imposant le dogme du « jamais d’alliance avec le Front national » à Nicolas Sarkozy gouvernant au centre après une campagne inspirée par Patrick Buisson, tous les chefs de ce parti se sont obstinés, enferrés dans le piège mitterrandien, à se couper de la partie vraiment droitière de leur électorat. Aujourd’hui, quelles sont les valeurs de droite de ce parti ? Sont-elles incarnées par Christian Jacob, Laurent Wauqiez ou David Lisnard ?
Et, surtout, comment une droite qui est incapable de se définir - entre ultra-libéraux partisans de la mondialisation et ceux qui, enracinés, ont une fibre plus sociale ou plus patriote (Aubert, Morano) - peut affronter les défis posés par l’après-Covid ? Faute de ligne claire, la guerre des chefs qui se profile à l'automne a tout d'un combat d'arrière-garde... sans le charme du vintage.
Récemment, François-Xavier Bellamy était interviewé par le quotidien italien Il Giornale. Présenté comme la référence d’une droite française « qui revendique ses racines occidentales, l’héritage judéo-chrétien et gréco-latin, les droits inviolables et universels de l’humanité, la défense radicale de la liberté et de la démocratie », il définit ainsi les valeurs de la droite : « Savoir que nous avons beaucoup à protéger. Apprendre à prendre soin des choses essentielles. Être de droite signifie s’inquiéter de transmettre à nos enfants ce que nous avons appris : une culture commune, les conditions pour une économie prospère, une vie en sécurité pour tous, la stabilité de notre société. Si tu es de droite, tu imagines un futur, mais tu penses que pour y arriver, tu ne peux pas tout effacer. »
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