Présidentielle : le jour d’après, la grande union des droites ?

jeu d'échec

Ralliera ou ralliera pas ? C'est la grande question qui agite désormais la droite et les observateurs des petits jeux politiciens. Et, surtout, pourquoi cette attraction d'un Zemmour qui stagne dans les sondages alors que Marine Le Pen semble conserver toutes ses chances d'accéder au second tour ? Parce que, parmi les acteurs politiques, nombreux sont ceux qui se projettent déjà dans « le jour d’après ».

Vous allez crier au défaitisme, mais pour comprendre ce qui se joue actuellement, il faut se livrer à une petite analyse prospective en partant de la situation suivante : une glaciation des courbes des sondages avec un Emmanuel Macron qui se maintient en tête et qui, sauf dégel printanier toujours possible, l’emporterait largement au second tour quel que soit le duel annoncé.

Bien entendu, on peut fantasmer sur le « vote caché », l'abstention différentielle ou les « changeurs » qui sautent d'un candidat à l'autre. Mais les bons stratèges politiques n'ont pas peur... de se faire peur en imaginant le pire.

Donc, ça ne va pas vous plaire, mais voilà le scénario : nous sommes le jour d'après et Macron vient d’être réélu. Face à qui ? Je ne peux pas vous le dire, vous m'accuseriez de partialité. Ce qui est certain, c'est que chacun des trois candidats de droite accuse les deux autres d'être responsables de la défaite. C'est l'union qu'il fallait faire ! Depuis le temps que Robert Ménard vous le disait !

Passée cette séquence d'étripage, les stratèges de chaque camp se posent la question léniniste fondamentale : que faire ? Car le « troisième tour » approche avec les élections législatives.

« Et si Macron était contraint à la cohabitation ? » s’interrogeait Sophie de Menthon, dans Causeur, le 19 janvier dernier. Comme elle le soulignait, la victoire à la présidentielle ne résoudrait pas tout. La suite relèverait du parcours d’obstacles pour le Président élu : « Les législatives qui suivront immédiatement […] n’ont pratiquement aucune chance de donner une majorité claire au parti En Marche !, à moins d’un retournement de situation que l’on imagine mal pour l’instant. »

Autre élément à anticiper : l’élection de Macron laisserait les Républicains mais aussi le RN au tapis. Marine Le Pen, qui en serait à son troisième échec, ne pourrait que difficilement contenir l’hémorragie de militants qui s’ensuivrait. Par contre, face à ce scénario de défaite, Éric Zemmour aurait un temps d’avance. En réussissant à couper le « cordon sanitaire » chiraquien, il aurait déjà ouvert la voie à la reconstitution d’une grande force politique de droite capable de proposer, à terme, face à un Macron sans réelle légitimité populaire, une alternative crédible. C'est ce qui explique les ralliements.

C’est aussi pourquoi, bien que séduisante pour la présidentielle, l’alliance entre Zemmour et Marine Le Pen serait un piège dans la perspective du « jour d’après ». Elle serait immédiatement assimilée non pas à une « union des droites » mais a une union des « extrêmes droites ». Et Reconquête se retrouverait, par la suite, enfermé dans ce positionnement alors que Zemmour revendique d’être entre LR et le RN. Relisez son discours de Villepinte : « Nous devons nous réunir, nous devons nous rassembler, nous devons nous unifier. Je veux rendre le droit de vote aux électeurs du Front national, et je veux rendre la droite aux électeurs de LR. » Et surtout : « Je veux parler aux orphelins du RPR », alors que tous « nous affublent du qualificatif infamant d’extrême droite ».

Dans Le Figaro du 29 janvier dernier, Arnaud Benedetti écrivait : « >La question de la temporalité, de la perception de cette temporalité, est un facteur souvent décisif pour comprendre les comportements politiques. » Tandis que Marine Le Pen s’en tient à l’échéance à venir des présidentielles, Zemmour se projette déjà au-delà : « Il enjambe l'échéance du printemps pour préparer messianiquement l'union de toutes les droites, quand Marine Le Pen mise tout, nonobstant la résilience qu'elle dégage avec une forme de maîtrise inattendue et bluffante, sur l'échéance électorale à venir : son carré d'as est exclusivement et avant tout indexé sur l'agenda présidentiel. »

Qui fait le bon pari ? Qui s’aligne sur la bonne temporalité ? À vous de faire un peu de prospective !

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Frédéric Martin-Lassez
Chroniqueur à BV, juriste

Vos commentaires

43 commentaires

  1. C’est en fait tout le destin de la France qui est en jeu.
    Car, outre la présidentielle et les législatives, les véritables leviers de gouvernance du pays sont tenus par la Haute Administration actuellement et très méthodiquement infiltrée par les porte parole du multiculturalisme.
    La descente aux enfers ne sera enrayée que par une purge lucide et énergique de la part des nouvellement élus qui auront besoin du soutien de la population. BON COURAGE A EUX pour déniaiser les électeurs enfumés .

  2. En attendant Macron doit bien rire de ces divisions stériles dont les médias sont friands et qui favorisent sa réelection – entre les égos et les projections que peuvent espérer les français de droite qui voient leur chance de gagner s’amenuiser un peu tous les jours?

    • Non, il ne rit pas, car il sait qu’un orage approche et il ne sait pas d’où il viendra et par qui il sera provoqué.
      Pourquoi croyez-vous qu’il ne s’est pas encore déclaré ? Il va pourtant bien falloir qu’il se décide, sauf si……..

  3. Le pire pour la France, c’est la réélection de Macron. Car il en va de la survie ou de la mort de la France. Le reste n’est que tractations d’arrière salle de bistrot. Les droites doivent s’unir pour barrer la route à celui qui nous mène à notre perte.

  4. Macron peut être président mais certainement pas de majorité à l assemblée nationale aux législatives !!
    Dons cohabitation avec tous les effets pervers d une telle situation et chienlit pour la France

  5. Macron -Pécresse sera le second tout, et le Zemmour qui a cassé le mouvement populiste et divisé le RN sans unir personne ni quoi que ce soit, disparaîtra face au grand bloc voulu par les mondialistes-européistes qui dirigent : une magmas majoritaire LREM-LR qui se partagera le pouvoir (cohabitation ou non) et des miettes à sa « gauche » comme à « sa droite » qui gesticuleront sans accéder à une quelconque responsabilité, sinon locale parfois.

  6. La seule chose qui me paraît certaine, au milieu de tant d’hypothèses, c’est que cette élection sort du commun, et n’a pas fini de nous surprendre.
    Entre le gros pavé jeté d’emblée dans la mare aux eaux troubles par Zemmour, et la faculté de Macron à être là où on ne l’attend pas…

  7. LR perdra la présidentielle mais gagnera les législatives et fera alliance avec LaREM pour avoir la majorité. Possible que Zemmour récupère des électeurs de Le Pen et Pécresse, mais Reconquêtes sera un nouveau parti à la droite du RN.

    L’enfumage des droitards Madelin Longuet ou Devedjian se faisant passer pour des modérés par électoralisme, ça ne marchera plus. Zemmour a tort d’essayer cela.

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