À Nice, un magasin Carrefour s’essaye à la géopolitique

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C’est avec étonnement que les Niçois ont découvert, ce samedi 12 mars, des rayons vides dans leur magasin Carrefour. Apposée sur ces derniers, une affichette explicative : « Chers clients. Suite aux événements actuels, tous les produits russes sont retirés de nos rayons en soutien à l’Ukraine. » Sollicité par Boulevard Voltaire, le magasin en question n’a pas souhaité s’exprimer.

Il semblerait qu’au fil des crises traversées, les grandes enseignes commerciales élargissent de manière significative leur panel de compétences. En janvier dernier, les magasins Leclerc s’étaient ainsi illustrés par leur soutien d'une éventuelle décision gouvernementale qui imposerait le passe sanitaire dans les centres commerciaux. Voilà deux mois, au micro de Laurence Ferrari, sur CNews, Michel-Édouard Leclerc avait ainsi expliqué : « Nous sommes dans une politique volontariste. [...] Nous appliquerons le passe sanitaire, nous appliquerons les jauges, la réglementation qu'on attend de nous. On n'en fait pas un plat. » Interrogé sur le sort des non-vaccinés, le président des centres E. Leclerc n’avait pas eu d’états d’âme, déclarant : « Ils ne viendront pas. » Une déclaration surprenante de la part d’un homme dont on aurait pu naïvement penser que son but premier était davantage de satisfaire les besoins élémentaires de ses clients plutôt que de se plier par avance aux injonctions du gouvernement.

Ce week-end, c’est au tour de ce Carrefour niçois de manifester son courage en dévoilant des compétences géopolitiques inattendues : modestement, à son échelle, le petit magasin a imité les sanctions qu’imposent les grands depuis quelques semaines à l'égard de la Russie. Ils avaient banni les artistes russes de leurs scènes et les chats russes des compétitions félines : le supermarché leur emboîte le pas en s’attaquant, cette fois, aux produits alimentaires. Une décision du manager local qui n’a pas manqué de faire réagir sur les réseaux sociaux, plaçant le hashtag #boycottcarrefour dans les tendances, ce dimanche, sur Twitter.

Et pour cause : au-delà de l'utilité discutable d’une telle mesure, au-delà d’une baisse qualitative des services pour la clientèle Carrefour, le gentil magasin s'offre à peu de frais une position qui dépasse largement son champ d’action légitime. L’enseigne s’érige en protecteur des opprimés et prend des mesures symboliques. Il y aurait pourtant bien d'autres combats à mener en France même, mais voilà, plus l’ennemi est loin, plus sa condamnation est consensuelle, plus le risque est faible, voire nul, plus les courageux justiciers se bousculent au portillon.

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Marie-Camille Le Conte
Journaliste à BV

Vos commentaires

92 commentaires

  1. Dommage pour les chats russes, ils sont si beaux, cela fait des années que j’ai envie d’un chat russe, mais c’est trop cher. Ils sont tout simplement magnifiques ces chats !

  2. La communication de Carrefour est, depuis de nombreuses années, exemplaire de servilité. Il y a déjà quelques années, les magasins en étaient arrivés à faire porter à leurs magasiniers des casaques dans le dos desquels on pouvait lire : « Puis-je vous aider à mieux consommer ? » Aujourd’hui encore un panneau placé à Lyon Ecully sur la porte de sortie du magasin salue la clientèle en ces termes « Revenez vite, vous nous manquez déjà ». Sans parler de la vente phare du « Saint Coran », etc, etc

  3. Que je ne vois pas çà dans mon magasin habituel , j’arracherai l’affiche sans problème et qu’on me dise quelque chose .

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