[Anniversaire] Madame Élisabeth, sœur de Louis XVI, protectrice des enfants à naître… Savez-vous pourquoi ?
Nous faisons mémoire, tous les 10 mai, de Madame Élisabeth, sœur de Louis XVI, guillotinée à 30 ans. Tout a été dit sur elle, ou presque tout, puisque son procès en béatification n’est pas encore clos. Mais il est une anecdote, aux dernières heures de sa vie, qui en dit long sur l’état de la République française aujourd’hui.
Avec elle devaient mourir d’autres personnes, dont la comtesse de Sérilly, âgée de 32 ans. Elle était peut-être enceinte, mais on ne pouvait pas encore en être certain : pourtant, la princesse conseilla à sa compagne de captivité d’en faire état pour échapper à la mort. Les républicains ordonnèrent un examen médical, qui laissa planer le doute, mais devant le doute, le tribunal s’abstint et ordonna de surseoir à l’exécution. Tout l’entourage de la comtesse de Sérilly passa sous le couteau, avec la sœur du défunt roi. Elle seule survécut, jusqu’à être relâchée après la chute de Robespierre.
Ainsi, même les « buveurs de sang » - comme on a surnommé les révolutionnaires – respectaient tellement l’enfant à naître qu’ils n’osaient pas tuer la mère qui le portait. Fouquier-Tinville avait refusé le secours d’un prêtre à Madame Élisabeth mais se refusait d’inclure le fœtus dans la mise à mort de la coupable. On s’en tenait alors à l’étymologie du mot : « fœtus » signifie « l’enfanté », il n’est nullement un organe provisoire du corps féminin. De fait, le tribunal, si sanguinaire fût-il, ne s’autorisait pas à tuer ce qu’il considérait comme l’enfant d’une criminelle politique.
C’est dire l’état actuel de notre régression, aussi bien intellectuelle que morale. Intellectuelle, parce qu’on ne sait plus de quoi l’on parle, et morale, parce que l’on s’est arrangé pour ne plus le savoir, de façon à ce que la raison, à défaut de la conscience, ne vienne pas contredire nos passions. Aujourd’hui que la République est incarnée en premier lieu par M. Mélenchon (« La République, c’est moi », dit-il avec lucidité, « La République n’est pas neutre, elle a un contenu », disait-il dès 2004 contre le FN, confirmant mon analyse sur la droite impossible), puis en second lieu par M. Macron, enfin en troisième lieu par tous les acteurs actuels de la vie politique – tant l’avortement volontaire (improprement appelé IVG : une interruption suppose une possibilité de retour) est devenu le sujet tabou n° 1 –, on peut observer que, non seulement les républicains d’aujourd’hui répéteraient sans hésiter les crimes de leurs ancêtres politiques si le besoin s’en faisait sentir, mais ils les aggraveraient sans doute, parce qu’ils ont encore moins de conscience morale que les buveurs de sang de 1794.
Madame Élisabeth n’est pas encore béatifiée, mais il est possible d’invoquer tous nos défunts, même ceux qui n’ont pas leur statue près des autels. On pourrait très bien imaginer cette prière : « Madame Élisabeth, intercédez pour le sauvetage des enfants à naître. »
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9 commentaires
Notre monde dit de progrès est aux antipodes de l’héritage sur lequel il s’est bâti et qui a permis à notre civilisation de rayonner. L’homme se croit supérieur à Dieu, mais sans spirituel, la vie est bien glauque. J’espère malgré tout encore en l’humanité qui saura très prochainement revenir à plus de raison, du moins j’ose encore y croire pour mes descendants.
Bel évènement qui n’est pas raconté dans les écoles !
Merci pour cet article et encore plus pour votre dernière phrase.
« Ainsi, même les « buveurs de sang » – comme on a surnommé les révolutionnaires – respectaient tellement l’enfant à naître qu’ils n’osaient pas tuer la mère qui le portait ».
Allez tenir vos propos, M. Adeline, en Vendée, où génération après génération, la mémoire des massacres des « Bleus » reste très vivace. Il me semble que dans certains massacres, on ouvrait le ventre des femmes enceintes, pour jeter l’enfant à naître dans des bûchers ardents…
Je ne suis pas natif de Vendée.
Belle leçon d’histoire …
Merci de ce beau rappel historique. Nous sommes donc tombés dans une globalisation inhumaine en toutes dimensions.
Permettez moi d’ajouter une uchronie sur la fuite à Varennes : si le roi n’avait pas écouté Bouillé et Fersen (un agent de l »étranger, probablement traître au roi) mais son Devoir, la Terreur aurait elle eu lieu ? Et nous en subissons encore les conséquences qui ricochent de siècle en siècle…Jusqu’au mélenchon
Régression morale. Ces 2 mots sont le reflet de nos sociétés occidentales. Nous sommes déboussollés. La liberté individuelle de faire comme on veut quand on veut prime sur notre existence et ça semble bien nous convenir.
Le sens de l’Histoire, comme les répètent tous les affiliés à la gauche, nous amène inéluctablement à la barbarie.
La guillotine n’a plus cours, même pour les pires criminels, ce qu’on pourrait considérer comme un progrès si notre société faisait preuve du même respect de la vie humaine envers les plus faibles, enfants à naître et personnes en fin de vie. La peine de mort ne s’applique plus de façon sanglante et spectaculaire en public mais au sein de l’hôpital; la terreur est moins visible mais d’autant plus sournoise.