Aretha Franklin, itinéraire d’une grande dame
Avec la parution, quelques jours après sa mort, ce triste 16 août 2018, d’un copieux double album compilant tous les meilleurs singles de sa majesté Aretha Franklin, période Atlantic, la messe semblait être dite. C’était pourtant sans compter sur les nobles artisans de Rhino, qui publient ce coffret magique de quatre CD retraçant la carrière de la diva. Que le futur acheteur se rassure, l’acquisition de l’objet ne viendra pas faire doublon avec le florilège plus haut évoqué. En effet, il n’y a là que pépites et raretés, de ses débuts en gospel jusqu’à la consécration finale, lorsqu'elle chanta à la Maison-Blanche devant le couple Obama, lors de leur investiture.
Les gens de chez Rhino étant à la fois délicats et de bon goût, il y a discrète et bienvenue éclipse sur les années les plus sombres de lady Franklin, quand, des années 80 à 90, elle tenta de sonner façon Tina Turner en seconde partie de carrière. C’est-à-dire en couinant des trucs hautement inaudibles, oubliant le son des instruments à l’ancienne pour épouser celui d’une électronique alors balbutiante, mais déjà malfaisante. De ces décennies nauséeuses, deux ou trois jolies choses à sauver pourtant, tel « I Knew You Were Waiting (For Me) », en duo avec George Michael. Plus sérieusement, il y a là le graal des graals, « Spirit in the Dark », de manière bouleversante interprété, en live et à l’improvisé, avec un certain Ray Charles. Tout amateur de musique qui a écouté ça une fois dans sa vie peut mourir l’esprit en paix.
Bref, l’occasion de se rappeler qu’un demi-siècle durant, les musiciens noirs d’Amérique ont su tutoyer les anges avant de sombrer dans un rap indigne de ce génie afro-américain dont le défunt Prince fut le dernier à relever le flambeau. Où et comment ce divin secret a-t-il disparu ? Qu’est devenu le mystérieux mojo ? En attendant de le savoir, Aretha Franklin continue, même disparue, de survoler de loin et de haut l’infâme troupeau des Rihanna et autres Lady Gaga. Que grâce lui en soit rendue, même de manière posthume. Amazing Grace, en deux mots.
Coffret quatre CD. Rhino.
Et pour ceux que ce coffret ne suffirait pas à rassasier, notons la sortie en DVD de Respect, remarquable biopic consacré à Aretha Franklin, l’année dernière, par la cinéaste Liesl Tommy. Hormis les traditionnelles histoires de descente aux enfers (les alcools forts et les maris turbulents), puis de rédemption, (retour momentané au gospel), voici un magnifique portrait de la grande dame. Les reconstitutions des enregistrements de ses premiers succès aux mythiques studios Muscle Shoals, en Alabama, valent à elles seules le détour. Ainsi que l’interprétation magistrale de Jennifer Hudson, il va sans dire, qui, pénétrée de son auguste modèle, traverse ce film tel un ange tombé du Ciel. À côté, le Bohemian Rhapsody et le Rocketman, respectivement consacrés à Freddie Mercury de Queen et Elton John, ont des airs de reportages pour BFM TV.
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6 commentaires
Et la chanson française dans tout cela ?
La chanson française ?
Le sujet porte sur Aretha Franklin.
Personne ne vous empêche d’écouter vos artistes français préférés.
J’aime Cabrel, Souchon, Sardou et tant d’autres, mais je suis également fidèle à mes amours de jeunesse tels que Ray Charles, les Platters, Mahalia Jackson, Elvis et notamment Aretha Franklin.
Ah ba.. (non pas ABBA) la chanson française c’est le p’tit vin blanc !
Mes petits enfants adorent. C’est donc le meilleur indice de l’immortalité de ce phénomène vocal et musical.
Pour Aretha un seul mot : Respect .
Encore un excellent article consacré à la musique, qui comme les chantait notre JOJO National : »Toute la musique que j’aime ,elle viens de là elle viens du Blues » .Gloire au label Rhino qui nous « offre » des coffrets fabuleux ( Les Nuggets entre autres ) Mon album préféré de Aretha Franklin est « Lady Soul » ,tout simplement parfait avec dans les musiciens le trop tôt disparu Duane Allman .