Le RN a fait sa rentrée parlementaire 

Les huissiers de l’Assemblée nationale connaissent bien leur métier et, surtout, ils aiment beaucoup les rentrées parlementaires. Aussi s’emploient-ils à guider les premiers pas des nouveaux élus. « On les repère assez vite », s’amuse l’un d’eux . De fait, peu avant 10 h 00, ce mercredi 22 juin, ils étaient nombreux à attendre aux alentours du palais Bourbon. Certains, comme le député du Nord Sébastien Chenu ou le député du Gard Nicolas Meizonnet, retrouvaient un lieu qu’ils connaissaient déjà, d’autres y mettaient les pieds pour la première fois. « Bien sûr, j’y suis déjà rentré comme simple citoyen, mais s’asseoir dans l'Hémicycle, c’est à la fois une émotion et un sentiment de responsabilité », souffle un jeune député nouvellement élu qui s’interrompt lorsque Marine Le Pen surgit derrière lui pour rencontrer son groupe devant une foule de journalistes. Des « Bravo Marine ! » et des « On les a eus ! » fusent dans les rangs des dizaines de députés.

La présidente du groupe #RN, @MLP_officiel vient d’arriver pic.twitter.com/AUt53v5EYD

— Boulevard Voltaire (@BVoltaire) June 22, 2022

Hormis des personnalités nationales comme Edwige Diaz, Julien Odoul, Laurent Jacobelli ou encore Hélène Laporte, beaucoup d’entre eux inaugurent leur premier mandat national.

La veille, c’est La France insoumise qui avait inauguré les bancs du palais Bourbon, Jean-Luc Mélenchon en tête. « On n'est là ni pour danser ni pour rigoler », affirme un député de l’Aisne. « Contrairement à eux, nous, on vient en cravate parce qu’on a le respect des institutions », lance Thomas Ménagé, député du Loiret. Pas pour rigoler et avec le respect des institutions. D’autant qu’en tant que premier groupe d’opposition en nombre avec 89 députés, Marine Le Pen sait qu’elle peut prétendre à la présidence de la commission des finances. C'est, en tout cas, l’avis de Gérard Larcher et, par association, celui d'Éric Woerth. L’ex-LR rallié à la majorité, qui brigue le perchoir laissé vacant par la défaite aux urnes de Richard Ferrand, a déclaré qu’à ses yeux, La France insoumise ne pourrait pas y prétendre…

Mais qui, au RN, pour porter cette lourde responsabilité ? « Pas moi », sourit le jeune député mosellan Kevin Pfeiffer, pourtant trésorier du RN. Dans l’entourage de Marine Le Pen, on souffle le nom de Jean-Philippe Tanguy, l’ex-numéro deux de Debout la France et nouvellement élu dans la Somme. Si d’autres noms comme celui de Philippe Lottiaux, député du Var et ancien adversaire d’Éric Zemmour, émergent, la piste Tanguy semble privilégiée : « Marine a l’air d’avoir tranché en sa faveur », murmure son entourage. Certains avancent aussi le nom de Sébastien Chenu comme candidat à la vice-présidence de l’Assemblée nationale.

Tandis que les députés font le tour du palais Bourbon, les spéculations vont bon train en coulisses et les places sont déjà l’objet de convoitises. « La priorité, c’est de constituer, d’installer et de mettre le groupe en ordre de bataille », avertit-on dans l’entourage de Marine Le Pen. Identifier les compétences des uns et des autres, ménager les susceptibilités, représenter les différents territoires et courants, c’est un délicat jeu de dosage qui est en train d’avoir lieu. D’autant qu’au RN, on en a soupé, des accusations d’amateurisme et d’incapacité à gouverner : si la victoire aux législatives a été une douche froide pour ses adversaires, Marine Le Pen sait que le plus dur commence.

Addendum : la rentrée des députés RN a été très légèrement perturbée par les cris poussés par une élue écologiste boulonnaise, Pauline Rapilly-Ferniot, qui a pris à partie les nouveaux députés RN en scandant : « Le problème, c'est les trois degrés, pas les immigrés. » Une initiative largement décriée sur les réseaux sociaux.

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