Journée nationale d’hommage aux harkis : le devoir de vérité

Centre d'instruction de harkis d'Hammam Meskoutine.

Ce dimanche, comme tous les 25 septembre depuis 2003, une journée nationale rendra hommage aux harkis et autres membres des formations supplétives qui ont combattu pour la France au cours de la guerre d'Algérie. On se souvient comment, en septembre 2021, Emmanuel Macron demanda pardon aux harkis, reconnaissant « un abandon de la République française ». Difficile de croire en sa sincérité alors qu'il a auparavant qualifié la colonisation de « crime contre l'humanité » et qu'il a fait l'éloge de partisans du FLN.

Dans un message qu'on peut lire sur Internet, Patricia Mirallès, secrétaire d’État auprès du ministre des Armées, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire, essaie laborieusement de concilier les irréconciliables, l'hommage dû aux harkis et la vision macronienne de l'Histoire. Elle souligne « la volonté commune pour la première fois affichée et assumée de la France et de l’Algérie d’ouvrir leurs archives et de faire travailler de concert des historiens des deux rives de la Méditerranée ».

Quand elle écrit que « cette journée d’hommage solennel est un rendez-vous avec l’Histoire, un rendez-vous avec la République une et indivisible », elle oublie sans doute, bien qu'elle soit elle-même fille de rapatriés, que l'Algérie faisait partie intégrante de la France et que c'est sur ordre du gouvernement de l'époque que les harkis furent abandonnés en Algérie, où ils furent massacrés, et, quand ils purent rentrer en métropole, parqués dans des camps d'une façon indigne.

Ils sont de moins en moins nombreux, ceux qui peuvent témoigner de cette période qui risque fort, malgré ces journées nationales, de tomber dans l'oubli. On ne peut guère compter sur la plupart des professeurs d'histoire pour évoquer objectivement avec leurs élèves ou leurs étudiants toutes les facettes de la guerre d'Algérie. Lequel oserait, dans certains quartiers, dénoncer le terrorisme aveugle des fellaghas, rappeler l'exode des pieds-noirs, l'abandon volontaire des harkis ? Qui oserait essayer d'expliquer le combat de ces soldats perdus, qui, par fidélité à la parole donnée, furent mis au ban de la République ?

On ne peut pas compter non plus sur un ministre de l'Éducation nationale comme Pap Ndiaye pour rétablir dans les programmes la vérité historique. Faut-il rappeler que cet universitaire, spécialiste du « wokisme » qu'il a emprunté aux États-Unis, avait été nommé par Emmanuel Macron, le 11 février 2021, à la tête du palais de la Porte-Dorée qui héberge le musée national de l’Histoire de l’immigration. Il avait alors déclaré, dans un entretien au journal Le Monde, que « notre mission, c’est faire de l’immigration un élément central de l’Histoire nationale » ? En le nommant au gouvernement, Macron savait ce qu'il faisait.

On peut encore moins faire confiance à un chef de l'État qui dit tout et son contraire en fonction des circonstances et de ses intérêts, qui prend conseil de Benjamin Stora, un historien controversé, sur l'enjeu mémoriel de la relation France-Algérie et dont toute la politique montre qu'il considère la France comme un élément négligeable dans l'Europe et dans le monde. C'est pourquoi, fût-on minoritaire, on a un devoir de vérité sur cette période de l'Histoire française – et sur d'autres encore. Répétez-la, chaque fois que vous le pouvez : il en restera toujours quelque chose.

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

19 commentaires

  1. Les rodomontades du locataire de l’Elysée sont une injure permanente pour ceux qui ont combattu loyalement et sans hésiter pour tout ce qui nous était présenté comme notre devoir d’état.
    Sous lieutenant appelé,chef de commando de chasse et de harka , je ne peux effacer de ma mémoire les 20 mois de cet engagement, corps et âme, que j’ai eu entre 1959 et 1961. Je suis souvent hanté 61 ans après par le souvenir atroce de ce qui m’a été rapporté par un de mes anciens sous-officiers qui, présent en Juillet 62 à l’indépendance, a vu de ses yeux vu l’atroce supplice d’une partie de la harka égorgée »comme des moutons » (son expression est restée gravée!) par les « combattants de l’a.l.n « à peine arrivés des camps fellaghas de Tunisie!
    10 ans après ,j’ai pu retrouver un vieux caporal harki , passé par les geôles algériennes, dans un état de délabrement épouvantable et qui me demandait pourquoi je l’avais abandonné…
    L’oubli sûrement pas quant au pardon il est impossible avec ce que tente de nous imposer un gouvernement indigne et abhorré!

  2. J’étais jeune mais je me souviens tout de même des parents qui se mettaient sur les voies SNCF pour retarder les trains qui emportaient leurs enfants pour une guerre qui ne disait pas son nom: Maintient de l’ordre qu’ils disaient !!! Menteur ! traite ! assassin !

    j’en pleure encore lorsque à Sète, j’ai vu des « gentils » grutiers du port, trempaient les containers venant d’Algérie FRANCAISE !!!!
    Bravo pour l’unité nationale et l’accueil de ces émigrés français pour la grande majorité !!!!

  3. Nos relations exécrables avec l’Algérie découlent directement des conditions dans lesquelles De Gaulle s’est débarrassé du problème en trahissant tout le monde. En donnant l’Algérie au FLN et non aux indépendantistes pro Français comme Ferhat Abbas, en abandonnant les Harkis et en donnant l’ordre à l’armée de les abandonner, en traitant les Pieds noirs comme des indésirables dont le rapatriement s’est fait dans les mêmes conditions que l’exode de 40. J’ai vu de mes yeux un petit garçon (7 ou 8 ans) embarqué malgré lui dans un autre bateau que ses parents débarquer en métropole tout seul avec pour tout bagage l’adresse de cousins dans une ville de la Loire. Ce sont les militaires, les scouts et quelques bénévoles qui ont réglé le problème en organisant des centres d’accueil et de secours.

  4. La honte de la France , c’est d’avoir abandonné des milliers de Harkis ( + de 100 000) qui ont été massacrés , avec leur famille , par le FLN et la populace … Ce fut la faute de de Gaulle et de son gouvernement . Comment a-t-il pu faire ça , lui un Homme d’honneur qui résista aux nazis ?
    Les Harkis n’étaient pas des traîtres , comme certains imbéciles le prétendent , mais des Français ( l’Algérie , c’était la France !) . Ils ont combattu des terroristes en notre nom ! Et ceux qui ont réussi à se à se sauver en métropole ont été parqués de façon indignes ( Cf. les républicains espagnols fuyant Franco ) . Ne les oublions pas . Respectons-les et donnons leur ce qu’ils sont en droit d’attendre de LEUR pays , la France ….

  5. Et voilà pourquoi, lorsque j’entends des gens « de droite », voire « d’extrême droite », se réclamer de De Gaulle, ça me fait grincer les dents.

  6. J’attends avec impatience une réaction de M. Darmanin , lui le petit fils de Harki , son grand père décoré par la France , va t il aller, comme il l’a fait en Novembre 2020 à Alger ,déposer une gerbe tricolore aux martyrs du FLN !
    Le grand père a du se retourner dans sa tombe . En 2017 Macron avait fait la même chose . Une honte , quand on sait que des centaines de Harkis ont été massacrés par le FLN ,même après la signature des accords d’Evian.
    Ni Honte , ni Honneur voilà ceux qui nous dirigent !

  7. En hommage aux harkis, on pourrait expulser de France tout ceux, et leurs descendants, qui les ont massacré. Quand, les gouvernants algériens assumeront-ils leurs erreurs et leurs mensonges ?

  8. cherchez les vrais coupables de cette époque, ils se nomment De Gaulle, Mitterand entre autre…des références parait-il puis ceux qui suivent , des lâches, une belle panoplie, une belle brochette d incompétents notoires qui nous gouvernent.. Moi, j’aurais honte à peur place..Mais non pas du tout

  9. Mon père est un harki. Il m’a raconté comment il s’est retrouvé seul en Algérie une fois la guerre finie. Il a contacté un gradé français avec qui il avait sympathisé. Ce monsieur a fait en sorte qu’il soit rapatrié en France et obtienne la nationalité française. Ils sont restés amis jusqu’à la mort de ce Monsieur.

    • L’histoire de la guerre d’Algérie c’est aussi beaucoup de propagande politique des deux côtés de la méditerranée avec force caricatures de ce qu’était la réalité , il suffit d’écouter le témoignage des gens qui ont vraiment vécus ses évènements pour se rendre compte qu’il y a beaucoup de belles histoires comme la vôtre alors que les politiques ne faisaient qu’envenimer les choses . Des pieds noirs m’ont raconté aussi des anecdotes qui prouvent que sur le terrain les choses n’étaient pas si simplistes . Par exemple celle-ci où des autochtones qu’ils côtoyaient au quotidien les avertissaient de l’imminence d’un enlèvement ou d’un attentat dont ils avaient eu l’information !

    • Chapeau à votre grand père et mon respect. Vous êtes un Vrai Français.
      Je suis un ancien d’Indochine et d’Algérie.

  10. Cet abandon de la République Une et Indivisible restera dans l’Histoire des trahisons d’état . L’assassinat des Harkis était prévisible sinon organisé . Il y eut même des Français du genre Nupes pour applaudir aux égorgements, aux émasculations et autres tortures . On sait donc depuis quel sera le sort des Français qui, dans leur naïveté, font profession d’aimer encore la France qui les a vu naître et nourris puis trahis. Pareillement l’Algérie peut regretter elle aussi cet abandon qui fait de nos Départements choyés d’hier les friches industrielles d’un pays toujours incapable de sortir du tiers-monde et à peine en mesure de nourrir ses habitants élevés dans la haine prescrite dans le Livre des Imams .

    • …Après « l’oppression chrétienne  » l’Algérie est devenu un pays musulman avec les résultats que l’on constate. C’est pour cela que les « opprimés ‘ d’hier s’évertuent à vouloir monter dans le navire de « l’oppresseur ». Une fois au chaud, le naturel revient au galop, et il se mettent à saborder le navire à coup d’idéologies et de coutumes barbares qu’ils ont fuit.

  11. Mon père nous a quitté. Il était un jeune lieutenant des SAS . Bien que taiseux sur cette douloureuse période de sa vie, il y avait une constante, le drame de « ses » harkis abandonnés par la France. Il leur devait la vie sauve. Il n’a jamais pu l’oublier.

  12. Je garde en mémoire le témoignage d’un pitaine à l’époque qui m’a raconté comment ont été abandonnés sur le quai « ses «  150 harkis désarmés alors qu’on les avait « préparés «  a embarquer pour la France

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