Guerre en Ukraine et réforme des retraites : veillée d’armes ?

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N’en va-t-il pas de la guerre en Ukraine comme de la réforme des retraites ? Car on ne pourrait pas faire autrement que d’y aller. Plus ou moins doucement mais sûrement. C’est, en tout cas, le sentiment que l’on peut avoir en observant aujourd’hui le cours des choses qui se déroule dans une ambiance de veillée d'armes. Nous serions tous - gouvernés comme gouvernants - obligés de « faire comme ça », d’y aller parce qu’il n’y a pas moyen d’aller contre. Devant nous, une pente inéluctable, une fatalité, une tragédie. Tragédie, comme les Grecs anciens l’entendaient, c’est-à-dire une pièce de théâtre dans laquelle les héros sont soumis à une force supérieure qui les dépasse.

Les retraites ? L’âge légal de départ à 64 ans « n’est plus négociable », a déclaré Élisabeth Borne sur France Info, ce dimanche 29 janvier, et ce, à la veille du début de l’examen du projet de loi par l’Assemblée nationale et à deux jours d’une nouvelle journée de mobilisation sociale. En clair, ça passe ou ça casse. Ce n’est plus négociable ? Il est vrai qu’au Parlement, on ne négocie pas mais on parlemente. Du moins, en principe. Un député RN, Hervé de Lépinau, donne son interprétation à cette déclaration (de guerre ?) du Premier ministre : « Pour ceux qui n’ont pas encore compris le message : la réforme des retraites, massivement rejetée par les Français, sera imposée au moyen du 49.3. Il ne fallait pas voter Macron. » Qui sait comment la rue réagira ? Certes, « la rue ne gouverne pas », se plaît à rappeler Raffarin qui trouve que Borne « a le meilleur des pilotages ». D’excellents généraux, avant la guerre, la France en a connu des dizaines. Sur le front social, Juppé fut une épée… En attendant, Babette s’en va-t-en guerre avec la morgue que procurent quarante ans de technocratie et l’assurance de celle qui sait qu’elle détient l’arme fatale. La pente fatale ?

La guerre en Ukraine ? Rien à voir, bien entendu, avec la réforme des retraites en France. La tragédie est d’une tout autre dimension. Mais le mécanisme n’est-il pas un peu le même ? Ce mécanisme d'inéluctabilité. On a en mémoire le discours d’Ursula von der Leyen à Davos, le 17 janvier dernier, un discours nous conduisant sur la pente de la « cobelligérance ». « Je peux vous assurer que l’Europe se tiendra toujours à vos côtés », déclarait la présidente de la Commission à sa « Chère Olena », épouse de Zelensky. « À vos côtés », c'est-à-dire côte à côte, comme au front ? Et d’ajouter : « Nombreux étaient ceux qui mettaient en doute l'indéfectibilité de ce soutien. Mais, aujourd'hui, les pays européens fournissent un nombre croissant d'armes critiques à l'Ukraine. » On ne parle plus d’armes défensives ou offensives (ce qui ne veut pas dire grand-chose, du reste) mais d’armes critiques. Et l’envoi de chars Leopard en Ukraine. Et la pression sur la France pour qu’elle fournisse des chars Leclerc, en l'occurrence matériel « critique » pour nos forces armées à l’état échantillonnaire. Et Zelensky qui veut des avions de chasse, toujours plus, toujours plus fort. Tout, tout de suite. Et demain, pourquoi pas, l’arme fatale ? La pente fatale ?

L’Histoire montre cruellement que « le mouvement historique dépend beaucoup moins des hommes que des événements eux-mêmes », comme le fait remarquer Jean-Marie Le Pen dans son dernier journal de bord. Il en va ainsi des révolutions comme des guerres.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 31/01/2023 à 17:16.
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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

64 commentaires

  1. les caisses de l’état sont paraît il vides mais pour l’Ukraine il y a du budget, et visiblement la source n’est pas prêt de se tarir.
    Quelqu’un pourrait m’expliquer qui valide ces décisions sachant que la macronie n’a aucune majorité que ce soit à l’assemblée nationale, ou au sénat ?

  2. J’aimerais savoir la proportion demain, de grévistes, de protestataires de blogs et de réseaux sociaux, de manifestants sous toutes formes, qui auront voté Macron à la dernière présidentielle. Juste comme ça, pour connaître l’état de conscience politique des Français. Et combien, parvenus enfin à l’âge de la retraite, qui se rendront compte qu’ils se seront fait froidement rouler?

  3. Trois choses primordiales : 1° – Garder les séniors au travail jusqu’à l’âge de la retraite, par des baisses de cotisations patronales sur leurs salaires. 2° – Restaurer la politique nataliste qui existait avant qu’Hollande la supprime. 3° – Mettre les gens au travail en creusant significativement l’écart entre les revenus du travail et les revenus de l’assistanat. C’est en effet en augmentant le nombre de cotisants qu’on solutionnera l’équilibre des retraites, et pas autrement.

  4. Ils l’ont fait réélire et recommenceront à la première occasion pour faire barage à la droite et surtout bien profiter. N’empêche que cette mesure, une fois de plus, c’est d’appliquer les ordres de Bruxelles et ce, à n’importe quel prix.

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