Netflix impose la première reine d’Angleterre noire !

QUEEN CHARLOTTE

« Nouvelle pépite sérielle en vue », s’emballe Elle, à propos de la dernière série de Netflix, La reine Charlotte, dérivée de La chronique des Bridgerton. Effectivement, une pépite. Madmoizelle, « le magazine qui écrit la société au féminin », nous précise que cette nouvelle série, « produite par Shonda Rhimes, raconte un Londres du XIXe siècle où lords et ladies peuvent être noirs, blancs ou asiatiques ». Pourquoi pas. Tant pis si on tord un peu le bras à l’Histoire. Pas tant dans les faits - Alexandre Dumas nous avait inventé une Milady de Winter dans Les Trois Mousquetaires qui n’a jamais existé mais, au moins, en lisant le roman, on n’avait pas l’impression de se promener dans un décor hollywoodien – que dans la transposition de nos questions sociétales à une époque où on ne savait pas encore qu’un homme pouvait être enceint.

Donc, les lords et ladies, en ce début du XIXe siècle, peuvent être noirs, blancs ou asiatiques. Et là, on n’a pas fait dans la demi-mesure, puisque c’est carrément la reine Charlotte, épouse du roi George III, qui est noire, sous les traits de la jeune actrice India Amarteifio. Ce n’est pas la première fois que Netflix commet ce genre d’anachronisme dans un esprit inclusif. D’ailleurs, dans la série des Bridgerton, la reine Charlotte apparaissait déjà, mais à la fin de son règne, sous les traits de l’actrice de couleur Golda Rosheuvel. On appelle ça des castings « color-blind ». Il s’agit de sélectionner un acteur pour son talent et non en fonction de sa couleur de peau. Une « réponse politique aux discriminations des acteurs non blancs lors des castings », nous expliquait 20 Minutes en 2021. D’ailleurs, pour l’incontournable Rokhaya Diallo, « dans la mesure où ce choix de casting n’altère pas la compréhension de l’œuvre et que la couleur de peau n’est pas un ressort dramatique de l’histoire, ce n’est pas nécessairement un problème ». Pas nécessairement… Allons jusqu’au bout de la logique : on pourrait très bien imaginer, par exemple, un film sur la Seconde Guerre mondiale où des acteurs noirs interpréteraient des Japonais à la bataille de Midway ou bien des Allemands défendant le mur de l’Atlantique. Patton serait interprété par une femme d’origine asiatique et Eva Braun par un Latino frappé de surpoids. Tout est possible si, bien entendu, on ne le répétera jamais assez, cela n’altère pas la compréhension de l’œuvre.

Mais revenons à notre reine Charlotte (1744-1818), née Mecklembourg-Strelitz, allemande jusqu’au bout des ongles, que, du reste, elle devait avoir bien faits. Sur cette arrière-arrière-grand-mère de l’arrière-grand-père du roi Charles III, le site progressiste Konbini nous dit très sérieusement : « Nombreux sont les débats entre historien.ne.s concernant ses origines : était-elle noire, métisse, arabe ou ibérique ? Le mystère demeure. » On ne va pas vous assommer avec une litanie de noms teutons, mais lorsqu’on naissait au milieu du XVIIIe siècle au fin fond de la Poméranie, avec des grands-parents qui s’appelaient Mecklembourg-Strelitz, Schwarzbourg-Sondershausen, Saxe-Hildburghausen et Erbach-Erbach, statistiquement, les chances d’être métis devaient être plutôt minces, sachant que les vols directs Schwerin-Bamako, à l’époque, n’étaient pas encore très développés. Mais allez savoir, il y a peut-être un truc qui nous a échappé.

C’est pas grave. Vogue France nous explique, tout aussi sérieusement, ce 24 mars, que cette reine Charlotte est « considérée par beaucoup comme la première reine noire de Grande-Bretagne ». C’est qui, « beaucoup » ? Certes, un certain Christian Friedrich von Stockmar (1787-1863), médecin des Saxe-Cobourg, écrivait que la reine Charlotte était « petite et tordue, avec un vrai visage de mulâtre ». Certes, encore, Horace Walpole, homme politique et esthète britannique du XIXe, décrivit les narines de la reine comme « trop larges ». Certes, enfin, on a trouvé à la reine Charlotte une ancêtre portugaise à la quinzième génération. Une certaine Madragan Mor Alfonso qui vivait au XIIIe siècle. Elle était la maîtresse du roi Alphonse III de Portugal et aurait pu (on n’en sait rien, en fait) être maure. Mettons que... The Guardian, qui s’est penché sur cet épineux problème, estime que la reine Charlotte possédait 0,012 % des gènes de cette Madragan. Pas de quoi faire d’elle la représentante d’une minorité visible au sein de la cour de Saint-James en ce XIXe siècle naissant. Maintenant, si c’est pour la bonne cause...

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

54 commentaires

  1. Vivement biopic sur Mandela avec Dolf Lundgren dans le rôle principal.
    Bien-sûr, il n’y sera pas question de discrimination raciale parce que les acteurs seront choisis en fonction de leur talent uniquement.

  2. Hier en soirée, en zappant, je suis « tombé » sur une série où il y avait une scène qui décrivait une relation entre 2 actrices et j’ai pensé à cet article sur Netflix … En fait, très peu de séries ou autres film ne se font pas sans ces « correctifs idéologiques » ni sans la « présence » insistante de certaines minorités sociales ! … Ce n’est pas du complotisme que de constater que ces soit disant « associations progressistes » veulent imposer leurs « façon de faire » …
    Je leurs recommande d’aller voir une superbe pub qui devrait être « la référence photogénique » de la relation humaine; il s’agit de « Spell on you » avec Léa SAYDOUX … Ce clip est d’une pureté absolue … La musique, le graphisme, le scénario …
    Tricher à ce point sur des personnages par ces films ne peut conduire qu’au fracas historique de l’humanité …

    • C’est pire que ça. Ces associations espèrent que les réalisateurs ne suivront pas leurs recommandations.
      En fait, leur but est de demander la « nanardisation » des oeuvres à gros budget jusqu’à ce que la question de la rentabilité se pose pour les producteurs.
      Soit ils obéissent et font un échec commercial (comme dit l’adage américain « go woke, go broke » ou « fais du woke, fais faillite » en français), soit ils désobéissent et les associations leur font un procès extrêmement lucratif.
      Car il est là le but caché du wokisme : enrichir honteusement quelques avocats.

  3. Et des petits bonshommes verts ou gris à la tête d’un pays comme la France par exemple, ça aurait un effet boeuf. Avec des oreilles pointues et un auriculaire aussi raide qu’un biscuit « Finger ».

  4. Mon colonel,

    Commentaire très intéressant, mais je me permets de corriger une coquille. Horace, fils de Robert Walpole, auteur du château d’Otrante et correspondant assidu de Madame du Deffand, a fait toute sa carrière au XVIII e siècle, avec lequel il s’identifie parfaitement; il a en effet bien connu la reine Charlotte (et même Caroline d’Anspach).
    Salut.
    J

  5. Les Misérables sur Netflix nous présentait un Ténardier noir ,sa femme était blanche, dans une autre série la future épouse d’Henry VIII ,Catherine d’Aragon, était accompagnée en Angleterre par une dame de compagnie noire, cette dernière épouse un soldat de même couleur , la cérémonie de mariage est présidée par un prêtre catholique et un imam car le soldat est musulman .
    Les séries de ce genre sont de plus en plus nombreuses ,que ce soit des séries réalisées par Netflix ou la BBC .

  6. A quand un film sur le Général de Gaulle interprété par Omar Sy ou encore Djamel Debbouze? Ca aurait de la gueule non? Et que diraient les gens de couleur si dans un film sur Mandela, on faisait interpréter Mandela par Brad Pitt? Cette hypocrisie devient insupportable. Martin Luther King était noir et le combat de sa vie était d’obtenir les mêmes droits civiques pour les Afro-Américains. Serait-ce pertinent de le faire interpréter par Leonardo Di Caprio plutôt que par Will Smith, Eddie Murphy ou Denzel Washington? Le bon sens se perd de plus en plus!

    • Djamel Debouzze, je le verrais plutôt dans le rôle de Napoléon Bonaparte. Il aurait entre autres, juste à faire l’effort de sortir sa main droite de sa poche et de la glisser dans son gilet ou sa chemise.

Commentaires fermés.

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