Trottinettes à Paris : Anne Hidalgo boudée, mais heureuse !

Capture d’écran (2024)

Elle est formidable, Anne Hidalgo : toujours heureuse, toujours rayonnante, toujours satisfaite d’elle-même. Ainsi ce dimanche où, ayant appelé les Parisiens à voter pour le maintien ou non des trottinettes en libre-service, elle a tweeté triomphalement : « Merci aux 100.000 Parisiens qui se sont exprimés, c’est une belle victoire de la démocratie locale. Une fois de plus, Paris a su innover. Les Parisiens se sont massivement prononcés contre les trottinettes en libre-service. Nous y mettrons fin dès le 1er septembre. »

92,5 % d’abstention et elle est heureuse ! Elle l’a redit dans la presse, ce lundi : « Cent mille votants, c’est très positif. » Ça ne représente que 7,46 % des inscrits dans la capitale ? Pas de problème, c’est une victoire et elle respectera à la lettre le choix des urnes : plus de trottinettes jetées à la hâte dans les jambes des passants avant d’être abandonnées en tas sur les trottoirs.

Les Parisiens qui se sont exprimés ont en effet voté contre à 89,03 %. Certes, les mauvaises langues vont dire que seuls les vieux grincheux sont allés voter, que les fringants bobos sont restés sous la couette et remonteront demain comme hier sur leur engin. Anne Hidalgo, elle, jubile et salue dans ce dimanche de votation « une belle journée pour la démocratie participative, qui vaut beaucoup mieux que la démocratie d’opinion et la démocratie sondagière ».

Il faut dire que la suppression des engins de mort lui retire une épine à hauteur de 930.000 euros, chose qui n’est pas négligeable dans le contexte d’Apocalypse budgétaire de la capitale. C’est en effet ce que la ville reverse, chaque année, aux trois opérateurs privés (Dott, Lime et Tier Mobility) qui se partagent le marché à Paris. Ils ont, d’ailleurs, dénoncé dans un communiqué la non-représentativité de ce vote, expliquant avec raison que « la mobilisation aurait pu être plus large et représentative si les modalités de la votation avaient été différentes : plus de bureaux de vote, scrutin électronique, information municipale ». Eh oui, leurs clients ont préféré « bruncher » !

On pourrait espérer qu’Anne Hidalgo, première responsable de la situation, tire des leçons de l’expérience. C’est elle qui l’a créée en 2018, elle encore qui n’a rien fait pour enrayer l’anarchie qui règne dans les rues et conduit aujourd’hui au retour en arrière. Mais voilà, il se pourrait bien qu’elle doive prendre en compte l’évolution de la sociologie parisienne, quand certains quartiers comptent plus de riches retraités que la ville de Nice, pourtant emblème en la matière…

C’est un article du Point qui le dit : Paris est « de plus en plus riche et inégalitaire ». Le magazine a étudié « les données en accès libre de la Direction générale des finances publiques (DGFIP) destinées à quantifier la gentrification de Paris, et en particulier celles des 11e, 18e, 19et 20e arrondissements ». Des arrondissements du nord-est de la capitale autrefois réputés populaires, aujourd’hui boboïssimes, même s’ils sont frontaliers des camps de migrants et autre colline du crack…

En dix ans, nous dit-on, « si la proportion de ménages aisés a augmenté fortement dans l'ensemble de la capitale (+44 %), elle a explosé dans le nord-est de Paris. Plus précisément, entre 2011 et 2021, le nombre de foyers fiscaux déclarant plus de 100 000 euros annuels, tranche maximale de revenus, progresse de 83 % dans le 20e arrondissement, de 87 % dans le 11e, de 91,5 % dans le 19e et de 100 % dans le 18e ! » À ce niveau de revenus, on est dans la tranche des « riches » de François Hollande, à 4.000 euros mensuels par tête.

Quant aux Parisiens de la tranche inférieure, les classes moyennes +, elles fuient la capitale, désormais partagée entre quartiers dévolus aux logements sociaux et à la misère, et gentrification à hauts revenus. C’est le socialisme à la sauce Hidalgo. Un socialisme bientôt sans trotinettes.

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Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

25 commentaires

  1. Comme chantait Perret il y a quelques années :
     » Ah! quelle époque on vit, on s’demande un peu, ce que fout l’Bon Dieu ! »

  2. La vie est si belle à Paris depuis que vous êtes installée à l’Hôtel-de-Ville de la ville lumière, hein Madame Hidalgo ?
    La ville est d’une propreté remarquable, la circulation c’est comme sur un nuage, l’air y est pure comme dans les Hautes Alpes, la sécurité enviée du monde entier…
    Les trottinettes, un détail… quoi que…
    Si Anne Hidalgo est heureuse d’une désastreuse consultation locale, eu égard aux nombre de votants, à défaut d’être satisfaite de devoir ce débarrasser de « ses » trottinettes électriques créatrices de nombreux morts dans les rues de Paris, et qui coûtent « un pognon de dingue’…
    Ce sont « ses » rats Parigots qui sont eux aussi à la fête, ne sachant plus où donner de l’estomac parmi les amoncellements d’ordures dans les rues de la Capitale, et les manifestations catastrophiques.

  3. Ce qui est étonnant avec Hidalgo c’est qu’elle a toujours l’art d’oublier ce qu’elle a elle même mis en place !

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