Manifs ou entreprenariat : choisis ton camp, camarade !

elon musk
Le 17 avril, Elon Musk, l'un des hommes les plus riches du monde, annonçait que le lancement de la navette Starship allait être reporté de 48 heures en raison de difficultés techniques. Starship, si elle décolle cette semaine, sera la plus grande fusée jamais envoyée dans l'espace. Elon Musk n'en sera pas à son coup d'essai : sa carrière est une suite d'innovations stupéfiantes, certaines soutenues par le gouvernement américain, d'autres non. Le magazine Jeune Afrique considère Elon Musk, dans chacun des articles qui parlent de lui, comme un Africain. Tu m'étonnes : c'est la fierté du continent, quoi. Ce n'est légalement pas faux, d'ailleurs, puisqu'il est né à Pretoria, en Afrique du Sud, d'un père afrikaner et d'une mère canadienne. À douze ans, Musk créait son propre jeu vidéo. Il possède un QI de 150 environ et lit deux livres par jour depuis son adolescence. Il a créé puis revendu des sociétés, perdu et gagné des fortunes. Il est le père de dix enfants, a des dizaines d'idées sur tout et n'a sans doute pas fini de nous étonner. Un excessif.
Trois jours plus tôt, bien loin des rampes de lancement de SpaceX, la télévision française interrogeait un certain Victor Mendez, 26 ans, militant à l'UNEF et fervent opposant à la réforme des retraites. Évidemment, ce jeune homme avait des éléments de langage tout faits, juste sortis du micro-onde. Il ne lâchera rien, même si Macron le veut, pas lui, il est là, etc. Bravo. On peut trouver la réforme des retraites stupide ou brutale, on peut la trouver nécessaire ou justifiée : en la circonstance, peu importe, et ce n'est pas le propos de cet article. Non, ce qui surprend le téléspectateur, c'est le profil de cet étudiant. Victor Mendez, qui est donc âgé de 26 ans, est étudiant en licence de langues étrangères à l'université de Nanterre. 26 ans. En licence. En moyenne, un master s'obtient (sans redoublement, pour un bac obtenu à 18 ans) à l'âge de 23 ans. L'université de Nanterre, tristement célèbre depuis Mai 68 pour l'inaccessibilité prétendue de ses dortoirs de filles, est l'une des plus gauchistes de France.

Bref, cette confrontation des extrêmes a quelque chose de platonicien dans sa pureté. D'un côté, l'ingénieur surdoué, milliardaire, visionnaire, opposant au politiquement correct, qui publie un communiqué pour retarder le lancement d'une fusée géante. De l'autre, l'étudiant attardé, presque trentenaire et encore chômeur, apprenant mollement une langue étrangère, et ce, entre deux blocages de fac pour avoir le droit de ne pas travailler plus. C'en est comique, mais c'est un peu triste également, puisque ce jeune raté vindicatif est français.
Évidemment, Musk n'est pas un saint ni un type absolument sympathique. Et il y a des étudiants peu scolaires mais brillants par ailleurs qui ont du mal à réussir leurs partiels. Bien sûr. Avouons cependant qu'un tel télescopage ne plaide pas en notre faveur. À quel moment, dans quel pays la préoccupation principale de la jeunesse est-elle la retraite ? À quel moment la France, qui a inventé tant de choses jusque très récemment, a-t-elle cessé de produire des cohortes d'ingénieurs pour se choisir, comme tribuns de misère, des ados vieillis qui prétendent représenter ce que nous serons demain? À 26 ans, Musk, qui avait abandonné son doctorat de physique énergétique à Stanford pour monter sa boîte, avait déjà fondé depuis deux ans Zip2, qui publiait du contenu en ligne. À 28 ans, il la revendrait pour plus de 300 millions de dollars.
Dernier clou sur le cercueil, puisque seul un taux de fécondité correct permettrait de ne pas toucher au modèle de retraite par répartition : Musk a eu dix enfants. Combien notre ami Victor compte-t-il en avoir ? Peut-être pas dix. Peut-être pas du tout, rapport à l'empreinte carbone ? Ça ne sauverait pas la retraite à 62 ans, mais ce serait toujours ça.
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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

31 commentaires

  1. Drôle de comparaison d’archétypes…le premier n’en étant tout de même pas vraiment un…

  2. Excellente comparaison ! Un exemple d’un gosse élevé par l’Education Nationale et non par ses parents, n’ayant jamais reçu aucune fessée, même s’il le méritait souvent et repentant jusqu’à se morfondre d’être un mâle blanc.

  3. Victor suit les traces de Cambadélis. Je parie qu’il va obtenir un doctorat rapidement avec un jury de complaisance comme bien d’autres gauchistes avant lui. Puis il pourra être recruté comme maitre de conférence car, souvent pour les sciences molles, ce n’est pas la compétence qui compte mais l’obédience.

  4. « 26 ans. En licence. En moyenne, un master s’obtient (sans redoublement, pour un bac obtenu à 18 ans) à l’âge de 23 ans », écrivez-vous.
    C’est là que vous vous trompez ! En théorie, oui. Mais en moyenne, entre redoublements (durant toute la scolarité), réorientations (après un ou deux échecs aux examens dans une autre discipline), année sabbatique (pour aller militer dans une ONG ou accueillir des migrants), si jamais il réussit à passer son CAPES (ne parlons même pas de l’agrégation), il ne se retrouvera pas devant des élèves avant son trentième anniversaire.

  5. Victor Mendez a toutes les qualités pour devenir ministre ou chef de parti en Allemagne. L’exécutif du parti Les Verrs est composé d’un duo, Ricarda Lang a étudié le droit pendant 7 ans et n’a pas passé d’examen. Le co-président, Omri Nouripour, a étudié diverses matières pendant 6 ans sans diplôme. Les deux mènent une Allemagne sexuée d’un État industriel à un parc paysager avec de l’énergie éolienne et dans une guerre avec la Russie.

  6. Dans mon village, mon voisin a 57 ans. Il est retraité de la SNCF. Son père a 79 ans et a pris sa retraite depuis longtemps. Il était cantonnier dans le village voisin. Le fils du cheminot a 34 ans (je crois). Il est instituteur comme au demeurant son épouse qui lui a donné un enfant âgé de 9 ans et qui, bien sûr, est scolarisé. Tous des gens très sympathiques. L’autre jour, le maire de mon village (agriculteur en activité) qui était venu prendre l’apéritif à la maison me disait en commentant les émeutes : « moi monsieur Brigantin, je n’y connais pas grand’chose en économie, mais regardez vos voisins : quatre générations et une seule qui travaille. Et encore on aurait pu imaginer qu’elle soit au chômage ! Comment voulez-vous qu’on y arrive ? ». Qui peut lui répondre ?

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