« Avertis, ils se sont abstenus d’agir » : la sœur de Samuel Paty accuse   

Samuel Paty

« Je n’étais pas préparée à subir la violence d’un attentat terroriste, ni, de surcroît, à entendre le hurlement de ma mère m’annonçant que mon frère avait été décapité. » Dans une lettre chargée d’émotions, adressée à Gérard Larcher, président du Sénat, Mickaëlle Paty, sœur de Samuel Paty, demande l’ouverture d’une enquête parlementaire afin « d’établir les failles de ce drame », au-delà des responsabilités pénales. Un document révélé par Factuel.

Samuel Paty, seul face aux menaces

Passée la sidération et malgré la douleur toujours aussi vive, Mickaëlle Paty poursuit son combat pour comprendre l’engrenage qui a conduit à la mort de son frère. Plus de deux ans après le drame, de nombreuses questions demeurent sans réponse. « Mon frère n’a-t-il pas rempli sa part du contrat social pour que l’État ne lui ait pas assuré sa protection ? », s’interroge la sœur du professeur d’histoire-géographie assassiné qui ne comprend toujours pas pourquoi l'enseignant, pourtant menacé, n’a pas pu bénéficier d’une protection policière. Pour obtenir des réponses judiciaires, la famille de l’enseignant a déjà porté plainte, en avril 2022, contre l’État pour « non-empêchement de crime » et « non-assistance à personne en péril ». Désormais, Mickaëlle Paty se tourne vers les parlementaires afin de « demander des comptes aux personnes responsables […] du traitement erroné de la menace » pesant sur l’enseignant.

Dans sa lettre, elle n’hésite pas, par ailleurs, à pointer du doigt les responsabilités de l’État. Au nom du « pas de vagues » et de l’attentisme, son frère s’est retrouvé isolé, démuni face aux menaces, explique-t-elle. « Les responsables ne pouvaient se méprendre sur la gravité et la constance du péril, ni sur l'imminence de son agression », écrit-elle. Et pourtant, « bien qu'avertis, ils se sont abstenus d'agir ».

« La descente aux enfers de Samuel a duré 11 jours et nul de pouvait l’ignorer », rappelle-t-elle. En effet, dès le 10 octobre, soit six jours avant le drame, le professeur envoie un courriel à ses collègues et les informe qu’il est « menacé par des islamistes locaux ». Les jours suivants, il demande à être raccompagné à son domicile. Sur les réseaux sociaux, les commentaires violents à son encontre se multiplient. Tous ces éléments sont autant de preuves de la peur qui habitait le professeur d’histoire-géographie.

Soumission

Deux ans et demi après l’assassinat, Mickaëlle Paty dénonce avec franchise la peur de l’amalgame et de la stigmatisation qui empêche toute confrontation avec l’islamisme. Plutôt que d’être soutenu par sa hiérarchie, Samuel Paty a ainsi été contraint par des responsables de son collège de s’excuser auprès d’une famille indignée, et ce, alors même qu’il « n’avait rien à se reprocher », rappelle Stéphane Simon, auteur des Derniers jours de Samuel Paty, dans un entretien accordé à BV. Sept jours avant l’attentat terroriste, l’inspecteur et référent laïcité de l’académie juge de nouveau le professeur fautif d’un « manquement à la laïcité » et d’une « erreur » ayant « froissé les élèves ».

Aujourd’hui encore, les défaites face à l’islamisme se succèdent. Un buste, réalisé à l’effigie de l’enseignant et censé être exposé sur les lieux du drame, dort toujours dans un entrepôt parisien. Le collège de Conflans-Sainte-Honorine où exerçait Samuel Paty ne porte toujours pas le nom du professeur assassiné, contrairement à ce qui avait été annoncé, par peur.

Le courrier de Mickaëlle Paty n’a pas manqué de faire réagir la classe politique. Sur CNews, Gérard Larcher assure que la demande d’une enquête parlementaire sera examinée « avec attention et une empathie respectueuse ». Une volonté partagée par Éric Ciotti, président des Républicains qui, sur son compte Twitter, estime qu’« il est temps d’établir les failles de ce drame ».

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 27/05/2023 à 0:48.
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Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

39 commentaires

  1. Vous voulez réveiller les lâches, les pleutres qui nous dirigent ? A vrai dire, ils ne dorment même pas : ils font semblant lorsqu’ils sont interpellés sur des sujets qui braquent le projecteur public su leur turpitude. Ils ne méritent même pas notre mépris.

  2. Courage à cette soeur dont le frère a été lâchement abandonné par l’état. Et ici, nous devons tous nous sentir concerné, car outre que l’état, c’est nous, c’est par paresse que les Français feigne d’ignorer la situation qu’ils ont sous les yeux. Ah, c’est tellement plus simple, de détourner le regard, de reprendre les poncifs du « vous n’aurez pas ma haine », du « il faut faire barrage au … », en gros de vouloir se cacher alors qu’au contraire il faut rappeler qu’en France tu adoptes les coutumes française et que si tu n’es pas content, tu t’en vas.

  3. En se remémorant la chronologie des faits, on se sent glacé d’effroi. Cet enseignant a été obligé de présenter des excuses à ses futurs tueurs, des terroristes. Et ce ministère ose se nommer Éducation nationale. Pour éduquer qui ? Des voyous, des criminels, des assassins… Nous progressions lentement vers le fond, nous l’avons touché avec Samuel Paty. Espérons que les parlementaires agiront davantage que le ministère de la Justice, encore une institution qui porte bien mal son nom. Ne m’appelez plus jamais France, chantait Michel Sardou en évoquant un paquebot. Il ne savait pas encore qu’il parlait en fait de son pays. Courage et respect pour sa famille.

  4. Pour aller à l’essentiel de cette grande INSECURITE NATIONALE que nous subissons gravement, le principal RESPONSABLE c’est notre Chef d’ETAT, E. Macron, pour NON ASSISTANCE à PEUPLE en DANGER. Et la soeur de Samuel PATY a entièrement raison de faire cette démarche pour établir les failles de ce Gouvernement. S. PATY n’a fait aucune faute. Ceux qui en font au quotidien, sont les musulmans qui savent très bien qu’ils sont dans une REPUBLIQUE LAÏQUE En conséquence, la religion de chacun doit être préservée et respectée mais eux font le contraire, ils affichent la leur et et nous l’imposent. Pour y remédier, il n’y a pas d’autres solutions que de refouler ceux qui cherchent l’affrontement.

  5. Bien sûr cette démarche de la soeur de PATY est tout à fait légitime et doit être suivie d’effets : que les responsables par lâcheté soient incriminés et châtiés, voilà qui incitera la population ‘éducative’ de notre pays à ne pas mettre leur ligne aux abonnés absents,
    1) se rendant coupables de non assistance à personne en danger
    2) sachant que leur inaction sera sanctionnée et leur carrière anéantie par une INTERDICTION D’EXERCER UN EMPLOI PUBLIC .
    Une jurisprudence doit prendre naissance à l’occasion du procès demandé . IL Y VA DE L’HONNEUR DE NOTRE NATION.

  6. On aura à juste titre tout dit sur l’abominable assassinat de Monsieur le professeur Paty.
    Ceci étant dit peut-on se poser la question : On aura tout dit, et à juste titre, sur l’abomination de l’assassinat de Monsieur le professeur Paty. Cela dit, peut-on se poser la question : quelle mouche a-t-elle bien pu piquer ce professeur lorsqu’il a choisi d’illustrer son cours sur la liberté d’expression en montrant à ses élèves des caricatures publiées par un journal connu pour ses dessins scatologiques et pornographiques visant toujours les mêmes têtes de turcs à savoir les militaires, les prêtres et les policiers ? Ne pouvait-il trouver un autre exemple ?

  7. Ah ce bon et jovial Gérard LARCHER, s’il n’était pas né il aurait fallu le créer ! Quand à cet incroyable CIOTTI, s’il avait été une éolienne il aurait eu le meilleur rendement tant il brasse d’air ! Et dire qu’on les engraisse ( surtout Gérard) depuis tant d’années et que les électeurs n’ont toujours pas compris qu’ils se font enfumer.

  8. C’est tout simplement un choix qui a été fait par nos dirigeants depuis des décennies et qui n’a jamais été affirmé clairement. Ils avaient le choix entre la République Française, celle de la Constitution, indivisible, laïque, démocratique et sociale et un modèle de société islamique hérité de l’Arabie du VIIème siècle. Ils ont choisi le second. Cela s’appelle la soumission (islam). C’est le scénario décrit dans le roman de Michel Houellebecq. Nous y sommes, mais personne ne veut le reconnaitre officiellement, pourtant, la loi islamique s’impose de plus en plus face au droit français et tend à le supplanter. Le droit islamique n’est jamais remis en question, jamais controversé. Les résistants, les opposants, comme Samuel Paty sont tout simplement exécutés en guise d’exemple, ou réduits au silence par la bien-pensance sous l’accusation d’extrême droitisation, de racisme, de fascisme ou d’islamophobie. Ce rouleau compresseur aplatit méthodiquement notre société, les esprits et les individus, avec la complicité de nos « élites ».

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