Plus que Notre-Dame de la Mouise pour nous en sortir ?
Dans la mouise, de toute façon, on y est, et jusqu’au cou. On n’a pas fini d’en parler, de ces banlieues à problèmes, de la violence, des solutions qui ont toutes des limites.
Pourquoi ne pas essayer Notre-Dame de la Mouise ? Je ne parle pas de la chanson de Ferré (1954), car ses paroles pleines d’amertume semblent faire un mauvais procès à la patronne de la France, mais il ne faut pas en demander trop au vieil anar, qui reste un grand poète.
Je parle ici d’un film superbe, peu connu, à visionner pendant ces vacances. Le film, réalisé en 1941 par Robert Péguy (aucun lien de parenté avec Charles), raconte l’histoire d’un jeune prêtre issu d’une famille bourgeoise, l’abbé Vincent, envoyé dans le quartier populaire de La Californie* (Montparnasse) pour y construire une église. Imaginez un jeune curé d’une famille bourgeoise versaillaise envoyé à Nanterre ou à Saint-Denis. Accueilli par des pierres, il est confronté à une bande de racailles excitée par Julot le bistrotier. L'abbé résiste, construit peu a peu son église et retourne tous ces misérables avec qui il vit, et notamment le plus endurci parmi eux, Bibi.
Je sais bien, on va me dire, aujourd’hui, pas de Julot ni de Bibi. Autres temps, autres populations, autres mœurs et autres « marquages identitaires ». Pourtant, il y a des points de comparaison troublants : dans le film, comme dans les banlieues, des mères seules, veuves de guerre et des gosses révoltés. Et le bistrot tient lieu de réseaux sociaux en mettant de l’huile sur le feu.
Évidemment, l’abbé Vincent, aujourd’hui, serait un peu léger. À Toulouse, ville de Rugby, le diocèse a eu naguère la bonne idée d’envoyer à Empalot, quartier chaud s’il en est, un curé originaire de Wallis et Futuna bâti comme son compatriote Sipili Falatea, pilier de l’équipe de France. Voilà ce qu’il faudrait : des curés pas du tout Bisounours ou des religieux rugbymen, façon « Franciscains du Bronx », qui montrent à ces jeunes un autre horizon, autre chose que les valeurs Nike™, Coke™ et McDo™. Vous admettrez que le rugby colporte d’autres valeurs que le foot. Mbappé et ses angelots peuvent se rhabiller. Plus que jamais, Notre-Dame de la Mouise, priez pour nous.
* Peu après la révolution de février 1848, Gilles Cadet fonde au Petit-Montrouge, à l’enseigne de La Californie, un restaurant populaire à bon marché où, rapidement, vont se retrouver les ventres affamés à la bourse plate. Le nom de l’établissement est certainement une allusion aux chercheurs d’or et à la ruée vers la Californie qui s’est amorcée à partir de 1848.
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