Une douanière blessée par balle : quand le trafic de cocaïne explose en France

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Ce jeudi 27 juillet, dans la soirée, une femme originaire du Pérou, transportant trois kilos de cocaïne, a, selon une information de Valeurs actuelles, blessé par balle une douanière à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Retenue par la douane, cette Péruvienne a prétexté une envie de se rendre aux toilettes pour se saisir de l’arme de l’agente et la pointer contre elle. Visée au thorax, la douanière a eu le réflexe de dévier le canon. La balle lui a transpercé l’aine. Prise en charge rapidement, son pronostic vital n’est pas engagé. Une autre agente, au moment de désarmer la suspecte, a également été blessée au genou.

Cette interpellation musclée, qui laisse le personnel de l’aéroport encore sous le choc, nous rappelle que depuis plusieurs années, la France est devenue une plaque tournante du trafic de cocaïne. Sa position géographique au cœur de l’Europe fait d’abord de l’Hexagone « un espace de transit important » pour le trafic de drogue, souligne l’Observatoire français des drogues et tendances addictives (OFDT). Les cargaisons de drogue venues d’Amérique du Sud, débarquées à Anvers, à Rotterdam et au Havre, passent par la France pour alimenter tout le continent. À cela s’ajoute la filière guyanaise, particulièrement développée sur le territoire métropolitain. Séparée par un simple fleuve – frontière sans véritable contrôle - du Surinam, la Guyane française envoie dans l’Hexagone des centaines de mules (passeurs de drogue) qui cachent sur eux ou ingurgitent la cocaïne produite au Pérou, en Colombie ou en Équateur et acheminée par le Surinam.

Un trafic qui irrigue toute la France

Résultat : si le cannabis reste la drogue la plus consommée en France, la poudre blanche, longtemps réservée à l’univers du show-biz, se banalise. Comme le note l’OFDT, dans son récent rapport sur le marché de la cocaïne publié en mars dernier, la « dynamique de diffusion de la cocaïne s’est accélérée en 20 ans ». Selon les chiffres de 2017 – dernières données disponibles à ce sujet –, 1,6 % des 18-64 consomment de la cocaïne, contre seulement 0,3 % au début des années 2000. Cet élargissement du marché est d’abord dû à une offre toujours plus importante. Pour avoir une idée des quantités de poudre blanche qui circulent chaque année sur le territoire français, il suffit de regarder les chiffres des saisies. Un indicateur certes peu précis mais révélateur. Ainsi, des 255 kilogrammes saisis en 1980, nous sommes passés à 17 tonnes en 2017. Et même 26,5 tonnes en 2021, selon l’OFDT. « Les saisies de cocaïne en France ont atteint un nouveau niveau record dans la continuité d’une tendance qui perdure depuis une vingtaine d’années », concluent les experts de l’OFDT. Autre indicateur révélateur de cette explosion du trafic de cocaïne : le nombre d’interpellation de mules. « En 2021, 1.065 mules ont été interpellées, contre 924 en 2020 », analyse l’OFDT.

Par ailleurs, la cocaïne est de plus en plus abordable. Si, dans les années 1990, le prix du gramme de poudre oscillait entre 1.200 et 1.500 francs, il est aujourd’hui facile de se procurer un gramme de cocaïne pour 50 ou 70 euros. Le prix « le plus bas jamais enregistré ». Des quantités toujours plus importantes et un prix de plus en plus accessible entraînent alors le développement du trafic aux quatre coins du pays, même au sein de la France périphérique. La filière guyanaise, qui représente un tiers de la cocaïne en France, notamment, ne se contente plus des « réseaux de cités » mais investit également la France rurale. Si elles parviennent à passer la douane à l’aéroport, les mules guyanaises embarquent à bord de trains en direction d'Orléans, de Limoges, Montluçon ou du Creusot pour distribuer leur marchandise. « Si certains grossistes guyanais sont en affaire avec des réseaux criminels de cité qui cherchent à diversifier leur offre et donc à proposer de la cocaïne en plus du cannabis, d’autres de leurs compatriotes ont préféré opérer pour leur propre compte en se constituant discrètement leur zone de chalandise au sein de la France périphérique », détaille Jérôme Fourquet, dans une note pour la fondation Jean-Jaurès. Un choix qui rapporte, puisque « de l’avis des services de police spécialisés, ces groupes sont en voie de structuration rapide, et au regard des profits engendrés ces dernières années, ils vont monter en puissance dans la hiérarchie de la criminalité organisée ».

Déjà, la France voit les conséquence de cette explosion du trafic. Au-delà des risques sanitaires majeurs causés par la consommation de cocaïne ou autres drogues, l’accélération du trafic entraîne une hausse de la violence et de la criminalité dans des villes réputées jusqu’alors pour leur tranquillité.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 01/08/2023 à 22:16.
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Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

22 commentaires

  1. Comment endiguer le phénomène lorsqu’au plus haut sommet de l’état on a régulièrement des « yeux de lapin pris dans les phares » ?

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