[L’œil américain] Le mystère Trump

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Sa brève visite à la prison du comté de Fulton le soir de ce 24 août, le versement d'une caution de 200.000 dollars et cette photo administrative qu'il a lui-même retweetée changeront-ils la donne ? Donald Trump plane si haut dans les sondages qu’il n’a pas voulu perdre son temps en participant au premier débat de la primaire des républicains qui avait lieu mercredi dernier. « Le public sait qui je suis et quelle présidence réussie j’ai accomplie, avec l’indépendance énergétique, des frontières et une armée fortes, les plus importantes réductions d’impôts et de réglementations, pas d’inflation, l’économie la plus forte de l’Histoire et plein d’autres choses encore », a-t-il écrit sur sa plate-forme Truth Social.

Citant un récent sondage de CBS, il a également raillé son principal challenger, le gouverneur de Floride Ron DeSantis, qui « s’écrase comme un oiseau malade ». Trump le surclasse en effet de 46 points, à 62 % contre 16 % pour son malheureux rival. Quant aux autres candidats, ils pataugent au milieu de scores lilliputiens, même si Vivek Ramaswamy, étoile montante du parti, est à surveiller. Le charisme de ce fils d’immigrés indiens semble avoir séduit le redouté Tucker Carlson, ancienne vedette de Fox News, qui l’a récemment interviewé pour son émission « Tucker on Twitter ». Et certains verraient bien ce novice en politique, âgé de trente-huit ans, qui a fait fortune dans les biotechnologies prendre la deuxième place derrière Trump si DeSantis poursuivait sa chute.

En attendant, Trump a lui aussi accordé une interview à Tucker qui a été diffusée mercredi soir, cinq minutes avant le début du débat auquel participaient, sans lui, ses concurrents républicains. Une façon de bien faire comprendre qui est le patron.

Trump toujours là

Au grand désespoir de ses contempteurs, Trump est donc toujours là. Apparemment indéboulonnable. Et du Wall Street Journal au New York Times, on reconnaît, pour s’en désoler, que loin de le disqualifier ou de l’affaiblir, les procédures judiciaires engagées contre lui ont provoqué son ascension continue dans les sondages. L'ascenseur pour l'échafaud s'est métamorphosé en tremplin pour décrocher la lune de l'investiture du parti.

Le New York Times parle d’un « effet accusation » qui a entraîné une réaction en chaîne à partir du printemps dernier, lorsque Trump a annoncé qu’il allait être prochainement arrêté en vue d’une mise en accusation. Cette « déclaration a déclenché des événements qui ont profondément modifié le cours de la compétition pour l’investiture des républicains. Les donateurs ont envoyé des chèques. Fox News a changé de ton. L'appareil du parti s'est précipité pour défendre Trump. Et les sondages ont augmenté, augmenté… », note le Times.

Alors, dans la presse américaine, on analyse, on dissèque, on sonde. Par quel sortilège méphistophélique l’ancien président parvient-il à maintenir un si fort contingent de l’électorat républicain en dehors du cercle de la raison ? Ces « Always Trump » qui semblent à jamais ensorcelés. « Je vais voter pour le gars avec le plus d'actes d'accusation », a déclaré au Wall Street Journal une retraitée qui vit dans la banlieue de Des Moines, dans l'Iowa. Désespérant pour les démocrates. Sachant que 77 % des électeurs républicains considèrent que la dernière inculpation n'est motivée que par la politique.

« Chaque fois que vous avez une meute de chiens qui vous poursuit et que vous êtes prêt à rester ferme et à vous battre, vous obtiendrez mon vote », a déclaré au New York Times un autre soutien de Trump, âgé de 39 ans et qui vit en Floride. Fin juillet, un sondage a interrogé les électeurs républicains sur la façon dont ils percevaient l’ancien président et Ron DeSantis, son principal challenger. À la question « Qui vous paraît le plus moral ? », 45 % ont répondu DeSantis et 37 % Trump. En revanche, à la question « Qui vous paraît le leader le plus fort ? », 69 % ont répondu Trump et 22 % DeSantis.

Attente d'un leader fort

Ce qui est valorisé, ce n’est donc pas la « morale » mais un « leader fort », prêt « à se battre » face à une « meute de chiens ». Dans un contexte de polarisation extrême des opinions, ce que veulent les partisans de Trump, ce n'est pas un premier prix de catéchisme mais Charles Bronson dans Il était une fois dans l’Ouest. Un défourailleur de western spaghetti. Le genre justicier sans pitié. Mal rasé, malpoli mais qui, la main sur le Colt, vous fait la promesse, une fois élu, de régler son compte à toute la clique des gros bonnets de l'establishment.

Dans son livre Revolution: Trump, Washington and "We the People", Kathleen McFarland, ancienne conseillère adjointe à la sécurité de Trump, a expliqué les raisons pour lesquelles elle avait rejoint la « révolution Trump », en 2016 : « Je n’étais pas aveugle aux défauts de Trump, écrivait-elle. Je l’ai soutenu malgré sa rudesse, son imprévisibilité et son personnage de bagarreur de rue. À bien des égards, je l’ai soutenu précisément à cause de ces caractéristiques. Je voulais quelqu’un qui défierait le statu quo, briserait les cartels du pouvoir à Washington et inverserait les politiques économiques et étrangères qui favorisaient les élites aux dépens des classes ouvrières et moyennes. »

Sept ans plus tard, il semblerait bien que le petit peuple des Blancs déclassés, qui forme le cœur de l’électorat MAGA (Make America Great Again, soit Rendre sa grandeur à l'Amérique, NDLR) partage toujours cette attente.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 28/08/2023 à 8:55.
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Frédéric Martin-Lassez
Chroniqueur à BV, juriste

Vos commentaires

40 commentaires

  1. Pourvu que Biden le dangereux guerrier pro-ukrainien, irrespectueux des Traités internationaux ( Minsk), anti souveraineté de tous les pays qu’il exige à sa botte dégage ! Et vite !
    Trump n’est pas parfait, mais lui au moins foutait un peu la paix à l’UE .

  2. «  Trump, ce n’est pas un premier prix de catéchisme mais Charles Bronson dans Il était une fois dans l’Ouest » et la suite démontre un certain mépris de l’éditorialiste pour ce peuple d’incultes, de rednecks inintelligents et brutaux, mais une soumission à ces classes dirigeantes et friquées dont il se fait le porte-parole pour bénéficier de quelques largesses Et ça se prétend patriote. J’espère que BV qui l’accueille le fait uniquement au titre de la liberté d’expression.

  3. Bonjour, il serait temps que des journalistes sérieux reprennent les propos de Christopher Charles Miller, ancien béret vert et haut fonctionnaire américain. Propos qu’il a tenu aussitôt l’élection volée de Novembre 2020.
    Propos qui viennent d’être validés au début du mois d’août 2023 par le Dr Jan Halper-Hayes sur la chaine britannique conservatrice GB News, et qui viennent confirmer une continuité de gouvernement, par la Space Force américaine, depuis cette élection frauduleuse. CQFD

  4. Trump est un amuseur public né. Totalement amoral.
    Les démocrates n’ont ni une personne ni un programme pour contrer ce politicien libertaire. Ils ont donc eu recours à la politisation du système judiciaire.
    Regardez ce gâchis. D’un côté, un président sénile – les médecins parlent de « troubles neurocognitifs » pour désigner l’état de santé de M. Biden, mais ce qu’ils veulent dire, c’est « sénile » ou « dément » . Trump est personnellement et politiquement corrompu. Mais il est aussi impulsif, bigot, inepte et ignorant.

    • On disait la même chose de Reagan…Ces pauvres Américains n’ont pas la chance d’avoir la possibilité d’élire un homme rassembleur, compétent et cultivé comme le nôtre!

    • Avant de juger Trump, ne faudrait il pas juger la société américaine, ses moeurs, sa violence, son capitalisme « mal élevé », sa politique « spectacle », sa judiciarisation poussée à l’extrême et jusqu’à l’abus, son infiltration par tous les lobbies, son multiculturalisme communautariste, son imprégnation par le politiquement correct et le wokisme, l’obésité massive de sa population, la médiocrité de l’enseignement primaire et secondaire (nous faisons maintenant aussi bien qu’eux) . Trump est à l’image de tout cela. Est il le pire ?
      Pour nous Français, une chose est à mettre au dessus de tout : l’intérêt de la France. A cette aune, Biden, qui nous entraîne dans cette folie ruineuse qu’est la guerre en Ukraine, coûte bien plus cher à la France que Trump qui veut négocier avec Poutine.

  5. Trump gagnera très largement la primaire républicaine mais il est peu probable qu’il gagne la présidentielle en raison de sa personnalité très clivante et de ses casseroles judiciaires. Par contre de Santis ou Ramaswamy seraient mieux acceptés par l’ensemble de l’électorat, surtout si Biden se présente à nouveau.

    • Personnalité clivante, c’est un « défaut » dans le jargon de la bien pensance de gauche bobo. Les casseroles judiciaires, on sait ce que ça vaut. Que l’on oublie pas la piteuse défaite judiciaire de ceux qui avaient voulu le voir élu avec l’appui du FSB et l’argent du pétrole russe. Dans le monde de brutes des temps présents vaut mieux pour les US un retors dur en affaire … et les Américains le savent bien. Eux. Et n’ont pas grand chose à faire de nos jugements à la moraline.

  6. On ne le répètera jamais assez, plus une personne est persécutée, plus elle est populaire et plus les gens la défendent. Qu’ils continuent à accuser Trump des pires maux, c’est très bien pour lui !

  7. Les américains ont touchés le fond . Comme TRUMP est pratiquement sur d’être élu ; « ils » sont près à tout pour détruire son image avant les élections . J’ose espérer d’ailleurs que cela n’aura aucun effet ; et que TRUMP sera (ré) élu . Vite un TRUMP en FRANCE .

    • Je suis bien de votre avis, un sosie serait le bienvenu, mais s’il est réélu nous pouvons encore avoir quelque espoir pour la France.

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