[Satire à vue] Ce n’est pas une abaya, c’est un kimono !

sofia-monteiro-txgiC79ryVM-unsplash

Empêtrés dans les longs voiles de l'abaya, nombre d'intervenants n'eurent d'autre choix que de banaliser le vêtement par des explications capillotractées. Durant les nombreux débats, les chevelures furent mises à rude épreuve. Studios de BFM et France Inter devinrent, l'espace d'un instant, salons de coiffure dans lesquels le client était malmené. Les premiers experts en torture capillaire vinrent affirmer que l'abaya n'était rien d'autre qu'une longue robe du soir semblable aux créations des grands couturiers. En toute simplicité, les élèves s'emmitouflaient dans ces répliques du classicisme haute couture. Aller à l'école, comme on va au bal des débutantes… Quoi de plus naturel ?

De l'Arabie saoudite au Japon

Peignes et brosses hors d'usage à force de tractions violentes, l'islamosphère décide alors d'envoyer au front une virtuose du cuir chevelu récalcitrant. Selon l'engagée dans le vivre ensemble Samia Essabaa, interviewée sur France Inter, il y a erreur sur la motivation des jeunes filles. L'abaya est un kimono. « L'abaya, déjà, le terme ne me convient pas, nos jeunes filles portent des kimonos. » Après un bref survol de l'Arabie saoudite, nous voilà rendus au Japon. Des geishas aux portes des lycées « portent ça parce qu'elle sont complexées, parce qu'elles ne veulent pas qu'on voir leurs formes ». Le harcèlement des garçons élevés dans le plus grand respect de la femme serait à l'origine de cet habit de nonne. De par la culture en vigueur dans un grand nombre d'établissements scolaires, les lycéennes seraient contraintes de dissimuler leur corps aux yeux de leurs camarades de classe. Creuser le sujet pouvant mener à une analyse embarrassante, la championne change de braquet et invoque le Covid. La paupérisation due à la pandémie. Sous le kimono, les haillons. Des Cosette masquent ainsi des vêtements élimés, misérables... Les invendus d'Emmaüs.

Celles qui s'habillent dans le noir

Les téléspectateurs et auditeurs convaincus de suivre un quelconque championnat attendent le concurrent suivant avec impatience. Ils ne seront pas déçus. Le camp de la laïcité à géométrie variable a dépêché, sur le plateau de BFM, le président du syndicat La Voix lycéenne Ephram Beloeil. Celui-là connaît la vraie raison de cette tenue : l'obscurité. « Il y a beaucoup de gens qui s'habillent dans le noir... » Certaines arrivent au lycée vêtues d'un rideau de douche, d'un drap housse ou du tapis de la salle de bains... Dans le noir, à tâtons, la lycéenne se couvre de tout objet lui tombant sous la main. Lampe de chevet sur la tête, enveloppée dans un pan de moquette, la pauvresse se retrouve accusée d'entrisme islamique. Enfin tout s'éclaire. L'abaya est une robe de soirée japonaise faisant office de cache-misère revêtue par erreur dans la pénombre des froids matins d'hiver. Plus un seul cheveu sur la tête à Mathieu. Mission accomplie.

Picture of Jany Leroy
Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

Vos commentaires

43 commentaires

  1. J’ai enseigné le Français langue étrangère à l’Athénée Français de Tokyo pendant 6 ans (77 ~ 83) . De temps en temps une étudiante ( voire plusieurs ) arrivait en kimono ( très beau d’ailleurs) … Non pas pour revendiquer quoi que ce soit , ni comme cache misère , mais pour le plaisir ou pour une cérémonie hors de l’établissement . Tout le monde trouvait ça très bien . Moi le premier .Et puis , les Japonaises étaient dans leur pays . Mais l’abaya , c’est NON !

  2. Peut-être qu’à ces porteuses de « kimono » faut-il leur répondre : »et ta soeur »….? Bien sûr en veillant bien à ne pas froisser leur……kimono !

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Un vert manteau de mosquées

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois