Prendre d’assaut les préfectures ? Fabien Roussel comme Donald Trump !
Personne n’aimerait être à la place du nouveau Secrétaire national du PCF, cet homme de gauche qui plaît tant à la droite - défense de la police et du barbecue oblige - et qui, prônant une gauche assez maladroite, séduit de moins en moins ses amis de gauche.
Poursuivre sa dérive réactionnaire en tentant de capter les voix de ce qui lui reste d’électorat populaire, le gros de ses anciennes troupes votant désormais pour le Rassemblement national ? Une fois de plus, ça charme la droite tout en donnant le haut-le-cœur à la gauche et la gauche de la gauche. Alors, « Que faire ? », comme écrivait Lénine, dont on sait qu’il tenait, non sans raison, « le gauchisme pour maladie infantile du communisme ».
Vers une stratégie insurrectionnelle ?
Ou alors raccrocher les wagons avec Jean-Luc Mélenchon ? Même ce dernier est plus crédible dans le rôle de l’imprécateur trotskiste, persistant à incarner une gauche plus préoccupée de luttes sociétales que sociales. C’est, manifestement, la seconde option que Fabien Roussel a choisie. D’où cet entretien accordé à L’Humanité, ce 13 septembre, à l’occasion duquel une lectrice affirme : « Nous ne pouvons plus manger de viande ou de poisson à cause de l’inflation. »
Ce à quoi il répond : « Le constat que vous faites est partagé par des millions de Françaises et de Français. Quand on a une inflation à 20 % sur l’alimentation, 30 % sur l’électricité, l’essence à plus de deux euros, alors que les salaires n’augmentent pas, c’est tout simplement intenable. » Peut-être aurait-il pu reprendre à son compte la proposition de loi de Marine Le Pen exigeant que la TVA de ces produits de première nécessité soit abaissée de 20 à 5 %. Il ne l’a pas fait.
De ce fait, au lieu de militer pour une fiscalité plus raisonnable, Fabien Roussel affirme : « On ne peut pas se faire plumer sans rien dire. Parce qu’on se fait véritablement plumer. » Il préfère en appeler, le même jour, à descendre dans la rue, voire plus encore, sur les ondes de France Info : « C’est comme de la légitime défense. […] On se fait attaquer, racketter, voler et on ne devrait rien dire ? » La solution ? « Si tout cela n’est pas fait dans les semaines qui viennent, oui, nous appellerons à envahir les stations-essence, les grandes surfaces, les préfectures, parce que l’État est responsable. » Bigre !
Un révolutionnaire qui appelle à voter Macron…
Et notre révolutionnaire en peau de lapin de poursuivre : « Je ne supporte plus un président de la République qui dit que l’État ne peut pas tout. » Mais, au fait, ce Président - Emmanuel Macron, pour ne pas le nommer -, n’a-t-il pas appelé à voter pour lui, histoire de faire rempart au péril lepéniste ? Oui. Au moins aurait-il eu la décence, telle Arlette Laguiller, au lendemain du 21 avril 2002, de n’appeler à voter pour personne, sa voix serait-elle probablement plus entendue.
Résultat ? Fabien Roussel persiste dans le lyrisme de type insurrectionnel en menaçant : « Quand j’appelle à la mobilisation, c’est parce que je sens qu’il y a une exaspération forte chez nos concitoyens [sans blague… NDLR] et qu’il peut y avoir, demain, des irruptions de la faim. » Sans surprise, RTL sonne le tocsin dès le lendemain par la voix de son éditorialiste Alba Ventura : « Qu’est-ce qu’il veut ? Tout envahir ? Tout mettre à sac ? Ça ne vaut pas mieux que l’assaut des partisans de Donald Trump au Capitole, à Washington. » Capitole qui, tel qu’on sait, n’est jamais très loin de la roche Tarpéienne.
Inflation : Fabien Roussel appelle à des rassemblements devant les préfectures, et à "les envahir, même, si nécessaire"
"Il vient de franchir la ligne rouge, ça ne vaut pas mieux que l'assaut des partisans de Trump au Capitole à Washington", @VenturaAlba dans #RTLMatin pic.twitter.com/ZRgfS1Vbzd
— RTL France (@RTLFrance) September 14, 2023
Bref, à trop vouloir se chercher, Fabien Roussel ne serait-il pas en train de se perdre et de se griller des deux côtés de l’échiquier politique ? La question mérite d’être posée, même si la réponse est connue d’avance.
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22 commentaires
« Lénine, dont on sait qu’il tenait, non sans raison, « le gauchisme pour maladie infantile du communisme ». Et comme le communisme est déjà une maladie infantile (recherche désespérée du paradis terrestre perdu) ça ne va pas s’arranger quand nos dirigeants n’ont qu’un but : revenir à l’époque bénie de Staline, puis, étape suivante, au régime de Pol Pot.