Académie du climat : trois millions d’euros pour une ZAD chic au cœur de Paris

Académie du Climat

« La Ligue des droits de l’homme propose une soirée pour analyser les enjeux et le déroulé de la répression de la mobilisation de Sainte-Soline. Rendez-vous ce 22 novembre, de 19 h 30 à 23 h, à l’Académie du climat, salle des mariages. Entrée gratuite. » Ce mercredi, la Ligue des droits de l’homme, largement décriée pour son parti pris contre les forces de l’ordre lors des manifestations anti-bassines au printemps dernier, aux côtés de l’Observatoire des libertés publiques et des pratiques policières, du mouvement des Soulèvements de la Terre et du collectif Bassine non merci, investit les locaux de l'Académie du climat. Projet phare d’Anne Hidalgo, inaugurée en septembre 2021, cette académie se veut être « un lieu de référence pour informer, sensibiliser, former, mobiliser les jeunes autour des questions socio-environnementales ». Mais derrière les murs haussmanniens de l’ancienne mairie du IVe arrondissement généreusement attribués à l’Académie du climat se cache, en réalité, l’une des ZAD les plus huppées de l'Hexagone.

Foyer de désobéissance civile

Les caméras de France 2 ont réussi à infiltrer l’une des nombreuses réunions d’activistes écologistes qui se tiennent dans ce lieu public. Filmés en caméra cachée, les militants expliquent à leurs recrues l’intérêt – voire la légitimité – de désobéir. « Il faut enfreindre la loi parfois pour faire surgir des lois légitimes », martèle l’un des écologistes dans le reportage diffusé ce 20 novembre. Ce n’est pas la première fois que de tels propos étaient prononcés dans l’enceinte de l’Académie du climat. Déjà, en novembre 2022, Jérôme Guilet, astrophysicien, maintes fois poursuivi en France et en Allemagne pour des actions de désobéissance civile, déclarait, sans aucune contradiction : « Pourquoi c’est légitime d’enfreindre la loi ? Les lois ne sont pas adaptées à la situation. […] Dans ces conditions, enfreindre la loi devient légitime. »

La parole du militant semble rencontrer un écho enthousiaste au sein de l’Académie du climat. Il faut dire que de nombreuses associations écologistes, connues pour leurs actions parfois violentes et dangereuses, commencent à y avoir leurs habitudes. Extinction Rebellion (XR), qui multiplie les blocages et a mis en danger la vie des conducteurs d’un convoi de céréales, participe ainsi à de nombreux événements dans cette enceinte publique. Les Soulèvements de la Terre, un temps visés par une procédure de dissolution en raison de leur caractère violent, sont également régulièrement conviés. Et alors que le ministre de l’Intérieur les qualifie d’écoterroristes, l’Académie du climat préfère l’appellation de « résistant.e.s » (sic) pour les présenter. De même, les Scientifiques en rébellion, un collectif de blouses blanches poursuivi par la Justice, est mis en avant sur les réseaux sociaux de l’Académie et invité à prendre la parole lors de tables rondes ou de conférences.

Aux frais du contribuable

Malgré les critiques du groupe d’opposition Changer Paris (Les Républicains), et notamment de l'élu Aurélien Véron qui mène une véritable croisade contre ce lieu, et des riverains qui dénoncent des nuisances sonores répétées, Anne Hidalgo continue de défendre l’Académie du climat. Académie où l’édile n’a pas manqué, par ailleurs, de recaser ses anciens collaborateurs.

Après avoir versé un million d’euros pour le fonctionnement (hors masse salariale) et 2,18 millions d’euros en investissement en 2021, lors de son ouverture, la mairie de Paris a ainsi consacré 2,8 millions d’euros de son budget 2022 à l’Académie du climat. Des montants non négligeables auxquels s’ajoutent de nombreuses subventions accordées à de très nombreuses associations partenaires. Près de 100.000 euros par an pour le collectif qui gère la buvette du lieu, 1.000 euros pour Humeco, un partenaire du projet, environ 500.000 euros pour un projet de Forum et Images. La mairie de Paris semble dépenser sans compter pour l’Académie du climat, un modèle qu’elle espère voir reproduire dans d’autres communes.

Picture of Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

21 commentaires

  1. RAS LE BOL !!! Paris, toujours Paris !!! Et la Province alors ??? Venez traîner vos guêtres en Creuse, ça vous changera peut-être de parler de choses normales qui feront croire aux bobos écolos bios parisiens qu’on vit comme il y a 50 ans … je vous invite pendant le temps de votre enquête…

  2. « un lieu de référence pour informer, sensibiliser, former, mobiliser les jeunes autour des questions socio-environnementales » Ca fleure bon les jeunesses communistes, voire les camps de rééducation du Nord-Vietnam.

  3. Pourquoi ne pas rappeler, par la même occasion et pour éclairer ceux qui manquent de lumières, le déficit et les dettes de la ville de Paris ? Dilapider a toujours été le slogan du PS…

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