Sciences Po : Mathias Vicherat sur la sellette pour « violences conjugales »

Mathias Vicherat

Violences sexuelles, violences sexistes : « Je serai d'une sévérité absolue sur ces sujets », avait annoncé Mathias Vicherat, quelques semaines après avoir été nommé directeur de Sciences Po, fin 2021. Or, le voilà fraîchement sorti de garde à vue, sa compagne et lui s’étant lancé des accusations réciproques de violences conjugales. Nous jouerait-il un remake du capitaine Haddock président d’honneur de la Ligue des marins antialcooliques ? Aucune plainte n’a été déposée, une enquête préliminaire est ouverte.

Un court CV s’impose, car tout le monde ne connaît pas l’auteur de Pour une analyse textuelle du rap français dans lequel était mise en exergue « la richesse plurielle » de ce courant musical (L’Harmattan, 2001). Mathias Vicherat est issu de l’ENA, promotion Léopold-Senghor, comme Macron (et comme Avenel la mémorable ex-rectrice de l’académie de Versailles, et tant d’autres). Il a été directeur de cabinet de Delanoë puis d’Hidalgo, a occupé de hauts postes à la SNCF et chez Danone.

Malédiction sur Sciences Po

Vicherat a remplacé à la tête de Sciences Po Frédéric Mion. Lequel avait été contraint de démissionner après avoir menti au sujet de l’affaire Duhamel, cette sale affaire d’inceste dans une famille de gauche bien sous tous rapports. Mion était lui-même le successeur de Richard Descoings, militant homosexuel resté célèbre dans l’histoire de l’école pour sa gestion douteuse et sa mort suspecte dans un hôtel new-yorkais. De là à penser qu’il y a une malédiction sur les directeurs de Sciences Po… Ou bien sont-ce juste les choix idéologiques qui prévalent sur les compétences ?

Ce mardi 5 décembre, une cinquantaine d’élèves de Sciences Po ont fait grève devant l’école pour demander la démission de Mathias Vicherat. Il s’en passe, dans cette école. Il n’y pas une semaine, la sécurité avait dû intervenir pour séparer une quarantaine de militants pro-Palestine et une quinzaine d’étudiants juifs prêts à en découdre ; un raté de plus pour Mathias Vicherat qui s’était fixé comme cap « l'apaisement des communautés ».

Une direction marquée par l’inertie et l’hypocrisie ?

Mais la grande cause de son mandat, ce devait être la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Outre l’affaire Duhamel, le mouvement Balance ton porc avait fait remonter à la surface des dizaines d’agressions sexuelles à Sciences Po. D’où la « sévérité absolue » annoncée par Vicherat sur la question. En février 2023, l’école publiait un « point d’étape ». On y apprenait qu’au cours de l’année 2022, pour les sept campus Sciences Po, avaient été lancées « 51 enquêtes internes préalables suite à des signalements de violences sexistes », dont 42 avaient été menées à terme ; cela s’était soldé par « une mesure d’exclusion d’un an ; des mesures de responsabilisation pour 3 étudiants ».

Ce résultat ne satisfaisant pas les étudiants, des manifestations avaient eu lieu — mais quand étudient-ils ? — devant les campus de Paris et Reims le 9 novembre pour dénoncer « l’inertie » voire « l’hypocrisie » de l’institution.

Sur la sellette 

Joint par BV mardi matin, le service presse de Sciences Po était sur les nerfs. « Je n’ai rien à vous dire là-dessus pour l’instant. C’est un peu tôt », nous répète le responsable. Avant de lâcher : « Cela paraît difficile d’imaginer qu’il n’y ait pas un développement dans la journée. »

Les heures de Mathias Vicherat à la tête de l’école sont certainement comptées. L’Union étudiante demande que la direction le suspende de ses fonctions, et sa démission. L’UNEF a tweeté : « Victime, on te croit. Nous ne pouvons avoir un directeur auteur de violences. » Le système est impitoyable et Vicherat est bien placé pour le savoir : lui-même, lorsqu’il était étudiant à Sciences Po, militait à l’UNEF. La boucle est bouclée dans cet entre-soi où l'on est un jour le dénonceur, un autre le condamné.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 08/12/2023 à 14:35.

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Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

17 commentaires

  1. Rien n’a changé depuis que l’on traitait les anciens élèves de Sciences Po de « sciences poseurs » dans les années 70 si ce n’est peut-être le niveau d’exigence de cette fausse « grande école », niveau qui a beaucoup baissé suite aux réformes successives mises en place par ses 3 derniers patrons dont l’inénarrable Descoings décédé dans des conditions mouvementées

  2. Ça sert à quoi, maintenant, Sciences Po, l’ENA…?
    Nous avons besoin d’ingénieurs, donc de matheux, de physiciens, de chimistes… Alors, ayons le courage de supprimer ces écoles qui n’enseignent que l’entre soi et l’art de renouveler les castes … j’entendais ce matin sur Europe 1, qu’un chercheur du CNRS avait rendu sa médaille d’argent obtenue en 2010 , je crois, parce qu’il ne peut plus travailler correctement à cause de la PAPERASSE !!! On s’étonne que nos meilleurs têtes filent à l’étranger !!! Bonne chance et bon courage à nos jeunes futurs ingénieurs !!!

    • Ceux qui sont aux manettes ne savent qu’exiger des notes. Ils n’ont jamais été confrontés au réel et au technique et dès qu’ils accèdent à des responsabilités de techniciens ils coulent la boîte sans oublier au préalable de s’assurer un bon parachute.

    • Entièrement d’accord avec vous. Fermons toutes ces universités inutiles et mettons les jeunes dans « les métiers en tension »

  3. Quel pourri le pas très net locataire de l’Élysée va-t-il mettre à la place de son copain d’école ? Seuls Zeus, Jupiter et vulcain le savent !!

  4. Après Quattenens, Vicherat ? Bon sang mais c’est bien sûr…Les idéologies fausses et agressives sont dangereuses y compris pour les cerveaux des gauchistes et les islamistes. Un logiciel pervers peut détruire le hardware.

  5. Combien de choix idéologiques….Pauvre France ne cherche plus d’où vient ta perte.
    C’est purement dégeulasse!
    Je ne suis pas révollutionnaire mais on le devient tellement tout est à nettoyer dans ce pays bananier.

  6. Curieusement surpris de remarquer le genre certains qui sortent de Sciences Po. Qui de mieux pour lutter contre un fléau pour l’avoir pratiqué, c’est avoir de l’expérience.

  7. cette brillante école est devenue une poubelle .
    Quand on parle de violences conjugales on ne cite jamais en arrière fond l’alcoolisme dans les milieux populaires et la drogue dans les beaux quartiers ..

  8. Chaque fois que je lis un article sur quelqu’un je vais dorénavant sur Wikipedia voir sa vie son « oeuvre ». Par exemple, ce monsieur travaillait (pantouflait) chez Danone lorsque Emmanuel Faber le PDG gauchiste de l’entreprise faisait chuter la valeur de son action. Mais quand un ami vous propose un job hyper bien payé sans risques, on ne refuse pas.
    La liste de ses camarades de promo de l’ENA est elle aussi intéressante. Gaspard Gantzer, Sibylle Veil, Boris Vallaud et surtout, Narcisse 1er Empereur des Français.
    Passage à la SNCF. Il parait que c’est une entreprise. Défense de rire.
    Mais surtout passage par le cabinet de Delanoë et de Hidalgo. Si ça ce n’est pas un signe de compétence, alors je n’y comprends plus rien.
    Depuis Mai 68 puis surtout Mai 81 la gauche a placé tous ses petits copains dans la haute administration et dans les grandes banques et entreprises qu’elle avait nationalisé. Les privatisations n’ont pas permis d’enrayer ce processus tant les métastases du copinage avaient essaimé.
    Bref ce personnage a toutes les compétences nécessaires pour diriger Sciences Potes. ;)

  9. Ce besoin de faire des phrases : « je serai implacable etc ». Exemplarité et actes, et non : parler = agir (usagé ).

  10. Un ami à Macron , on se demande ou il les pêche , pas un pour racheter l’autre , trié sur le volet ou dans des poubelles ….

  11. S’il n’y avait que sciences-po paris ! Il y a un véritable problème de gouvernance dans toutes les grandes écoles françaises

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