Pour Sylvain Maillard (Renaissance), Poutine est « le suzerain » du RN !

Invité, ce vendredi matin, de Romain Desarbres pour la grande interview sur Europe 1-CNews, Sylvain Maillard, président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale et député de Paris, est venu relayer les propos va-t-en-guerre du chef de l’État. Ce faisant, il en a profité pour participer à l’offensive du parti présidentiel contre le Rassemblement national, nommément désigné comme bras armé de Poutine. « Poutine n'a pas de limites dans ses attaques, explique-t-il. La France n'aura pas de limites dans son soutien à l'Ukraine, c'est très clair. Le président de la République l'a dit », et donc, c’est comme ça. Ça ne se discute même pas. « Poutine a pris la parole il y a quelques jours pour ce qu'on appelle un discours à l'union et a dit une chose. Il faut comprendre que Poutine dit exactement ce qu'il fait. Et il dit que l'Empire russe a besoin de la guerre. » Maillard enchaîne : « Il le dit et donc, il faut lui montrer les limites et il faut être très ferme dessus. Vladimir Poutine est un homme de guerre et nous serons là, l'Europe sera là, pour lui dire stop. »

On peut discuter du « besoin » de guerre de Poutine, émettre plus encore de sérieux doutes sur l’envie européenne d’en découdre avec le président russe. En revanche, ce qui est parfaitement clair, c’est le besoin du clan macroniste d’instrumentaliser la menace d’une guerre à des fins électoralistes. En mission lui aussi, Sylvain Maillard s’est donc lancé dans une violente diatribe contre le RN, accusé une fois encore d’être le bras armé de Poutine sur le sol français.

Sur un air de « fake news »

À Romain Desarbres qui lui demande : « Vous pensez que les oppositions en France se voilent la face et que le risque d’extension du conflit est réel ? », Maillard répond : « Ça dépend des oppositions. Il y aura un vote mardi et j’attends avec impatience ce vote. » Et d’affirmer, alors : « Un rapport parlementaire l’a parfaitement montré : le RN est la courroie de transmission de Vladimir Poutine en France. » On lui fait préciser : « Vous dites que Jordan Bardella et Marine Le Pen sont les représentants de Vladimir Poutine en France ? » Il est en sûr. Mais « vous n’avez aucune preuve, ce sont des accusations très graves, enchaîne le journaliste. Vous les accusez de jouer l’intérêt de la Russie avant l’intérêt de la France ? » Nouvelle confirmation de Sylvain Maillard : « Bien sûr, c’est leur intérêt. Poutine a été leur banquier, il est maintenant leur suzerain. »

L’accusation est d’une rare malhonnêteté, la participation d’une banque tchéco-russe au financement de la campagne de Marine Le Pen n’étant dû qu’au refus des banques françaises d’assumer leur rôle. Ce qu’Emmanuel Macron avait à l’époque dénoncé. Qu’importe, Sylvain Maillard poursuit par quelques propos insultants sur Jordan Bardella, puis lâche ce qui ressemble à un aveu : « Bardella rêve que le débat des européennes soit sur l’immigration. Vous verrez que ce sera l’Ukraine. »

Dans notre frénésie à imiter depuis bien longtemps les Américains, nous sommes en train de transformer nos campagnes électorales en concours de boules puantes. Les accusations et les injures commencent à pleuvoir quotidiennement dans l’Hémicycle et cela risque d'empirer jusqu’au jour du scrutin.

La Macronie perd pied... avant de perdre les élections

Laurent Jacobelli, porte-parole du groupe RN à l’Assemblée, réagit auprès de BV aux accusations portées par Sylvain Maillard. Pour lui, la stratégie gouvernementale est évidente: « Ils allument un contre-débat sur un tas de sujets au lieu de s’occuper des vrais problèmes : insécurité, dette abyssale, immigration, etc. Ils savent qu’ils vont vers une déroute électorale et sont en train de perdre pied. » Incapables de reprendre la France en main, Macron et son gouvernement ne savent plus quoi inventer. « Le "pas de limites" dont il parle concerne Emmanuel Macron lui-même. Il perd pied en France, il perd pied sur la scène internationale… Nos alliés se braquent, continue Laurent Jacobelli, mais la priorité donnée au gouvernement, c’est de lutter contre le RN, d’insulter le principal parti d’opposition. » Une posture assurément irresponsable. « C’est la première fois qu’on voit un chef de l’État totalement isolé sur la scène internationale, qui se montre capable de mettre la paix du monde en jeu pour sauver un score électoral. »

La stratégie sera-t-elle payante ? Celle qui consiste à insulter l’adversaire est contre-productive, les chiffres le prouvent depuis quarante ans. Et la tactique qui consiste à instrumentaliser la guerre est extrêmement dangereuse, voire suicidaire pour la France. « La violence de leur réaction est à la hauteur de leur peur de la débâcle », conclut Laurent Jacobelli.

Imprimer, enregistrer en PDF cet article