Pour qui voteront les jeunes, le 9 juin ? Jordan Bardella écrase le paysage

Ils sont saturés de prêchi-prêcha mondialiste et écologiste depuis leur plus tendre enfance. On leur martèle ces deux religions quotidiennement à l’école comme dans les médias et parfois même à la maison. Mais le Gaulois reste réfractaire. Une bonne partie des jeunes de France choisissent de voter… contre le camp du bien autoproclamé. Le choix des plus jeunes parmi les électeurs français en dit long sur l’avenir des différents courants politiques en France. Réalisée auprès de 11.000 personnes (un très grand échantillon), la troisième vague du sondage Ipsos réalisée pour Le Monde, le CEVIPOF, la fondation Jean-Jaurès et l’Institut Montaigne décrit une évolution très rapide.

Lors de l’élection d’Emmanuel Macron à l’Élysée en 2017, les 18-24 ans sondés par Ipsos mettaient en tête un Mélenchon culminant à 30 %, devant Marine Le Pen (21 %) et Emmanuel Macron (18 %), selon Le Figaro. Rien ne va plus, tout a changé !

La liste macroniste de Valérie Hayer à 4 % !

Le nouveau sondage pose une question claire : si les élections européennes se tenaient dimanche prochain et que les listes suivantes se présentaient, quelle est la liste pour laquelle il y aurait le plus de chances que vous votiez ? Sept ans après l’élection de Macron, donc, les 18-24 ans mettent largement en tête de leurs intentions de vote le candidat du RN Jordan Bardella. Avec 31 % des sondés, la tête de liste RN aux européennes fait ainsi un bond spectaculaire de 10 points sur le sondage Ipsos. Mieux : Bardella domine de la tête et des épaules ses deux poursuivants : la liste écologiste (EELV conduite par Marie Toussaint) atteint 18 %, juste devant la liste LFI menée par Manon Aubry (17 %). À l’âge des grands idéaux et des idées tranchées, on penche peu vers les socialistes de Glucksmann et vers les communistes, qui obtiennent respectivement 9 % et 6 % des intentions de vote des jeunes électeurs. Mais la punition la plus violente dans ce sondage est réservée à… la liste macroniste de Valérie Hayer, qui tombe à 4 % d’intentions de vote chez nos 18-24 ans. Pour le parti qui prétend depuis sa création ringardiser l’ensemble du spectre politique, le camouflet est manifeste. C’est fini : Macron, qui se ridiculisait chez Mcfly et Carlito pour séduire les jeunes, ne les fait plus rêver et il faudra bientôt creuser pour trouver les vestiges du macronisme chez les 18-24 ans ! À droite, Bellamy est à son étiage national avec 6 % d’intentions de vote sur cette cible alors que Reconquête, qui dispose pourtant de larges réserves de jeunes militants, n’atteint que 3 % dans ce qui reste une terre de mission.

Intéressantes aussi, les intentions de vote de leurs aînés de quelques années, les 25-34 ans. La génération qui avait entre 18 et 24 ans en 2017 a évolué – et réfléchi. Résultat : aujourd’hui, toujours selon le sondage Ipsos réalisé pour Le Monde, le CEVIPOF, la fondation Jean-Jaurès et l’Institut Montaigne, ils sont... 34 % à être prêts à voter Bardella. Très loin devant les listes suivantes, les 13 % de LREM, les 12 % des Verts et les 11 % de LFI.

Des jeunes pas certains d'aller voter

Dernier constat, le paysage des intentions de vote chez les jeunes affiche un contraste saisissant avec les affinités politiques des 70 ans et plus, à l’autre bout du spectre générationnel. Chez les plus âgés, c’est… Renaissance qui arrive en tête, avec 29 % d’intentions de vote aux européennes, devant le RN de Bardella (24 %) et la droite de Bellamy ou le PS, tous deux à égalité avec 13 %, devant Reconquête (6 %). Cette génération âgée est celle qui vote le plus pour Renaissance, et de très loin, et celle qui vote le moins pour le RN, de très loin. Gavée de propagande européiste, la jeunesse, droite et gauche confondues, va largement voter contre l'Europe et contre les partis dits « de gouvernement ».

De quoi réjouir le RN ? Pas tout à fait. Car plus on est jeune et moins on est certain d’aller voter, le 9 juin… Les plus de 70 ans sont plus de six sur dix à être convaincus qu’ils iront voter, c’est la classe d’âge la plus résolue d’aller coûte que coûte glisser son bulletin dans l’urne. Au contraire, les 18-24 ans ne sont que 30 % décidés à faire de même et les 25-34 ans sont seulement 29 % à être certains de se rendre aux urnes : ces deux tranches d’âges sont les moins certaines de voter. Un vrai défi pour tous les partis, et singulièrement pour le RN.

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