[ANIMAUX] Communication animale : un business new age qui a la cote

labrador chien © Samuel

Si le comportement de votre cheval ou de votre canari vous échappe, vous pouvez contacter une personne qui a un savoir-faire spécial et qui vous transmettra ce qu’il pense : on appelle cela « communication animale ». Attention, nous ne sommes pas dans le cas habituel de la relation entre l’animal et son maître, qui sait, d’expérience, si le miaulement et le comportement de son chat signifie qu’il veut manger, boire, sortir ou faire un câlin, ou qu’on lui ouvre telle ou telle porte. Il arrive que « votre animal tente de vous communiquer un message que vous avez du mal à entendre », explique un site. C’est là qu’intervient le médiateur qui, par un mélange d’« intuition » et de « télépathie », va décrypter ce qu’Azor veut exprimer.

Cela peut se pratiquer par mail, téléphone ou en visio. Faites part des questions que vous aimeriez poser à Milou ou à Moustache (par exemple : « Es-tu satisfait de ton mode de vie ? »). Déboursez entre 50 et 100 euros et vous connaîtrez la réponse. Certains communiquent avec les animaux perdus, et même avec les animaux morts. Les spécialistes du secteur semblent majoritairement, sinon uniquement, des femmes - censées avoir une plus grande capacité d’intuition et d’empathie ?

La physique quantique à la rescousse

La télépathie et l’intuition ne peuvent plus être mises en doute, assure une de ces « communicantes animales », Astrid Clavé, sur son site : des recherches en physique quantique l’ont démontré. Contactée à ce sujet, elle explique à BV : « Je fais référence aux travaux de Philippe Guillemant et Gregg Braden. » Braden est un informaticien, tourné vers les mystiques orientales ; Guillemant un physicien qui a écrit sur la « physique de la conscience ». Astrid Clavé prend soin de nous préciser que leurs travaux « ne sont pas tournés spécifiquement vers la communication animale, mais vers l'interconnexion entre tout le vivant d'un point de vue énergétique ». Une précision utile… qui ne figure pas sur son site.

Ce discours ne surprend pas Didier Pachoud, président du Groupe d’étude des mouvements de pensée en vue de la protection des individus (GEMPPI), joint par nos soins : « Si la télépathie marchait de pair avec la physique quantique, les scientifiques auraient exploité le phénomène. Cette interprétation fantaisiste de la physique joue sur le rapprochement des sens que prend le mot "énergie" dans deux contextes différents : celui des mystiques orientales et celui de la science. »

Le retour au primitif fait florès

Car la communication animale fait partie d’un « package new age », selon lui : « Nous sommes passés, explique-t-il à BV, du new age hyper-technologique à un new age qui retrouve le primitif, le chamanisme, ainsi qu’une forme d’écologie radicale à tonalité religieuse : la personnification de la Terre comme un être vivant et conscient. » Or, quoi de plus primitif, d’instinctif que l’animal ? Cette compréhension télépathique avec les animaux, censée avoir été perdue par l’homme moderne, aurait été retrouvée ! « Liez cela à l’amour que les gens portent à leurs animaux et vous obtenez un marché - un business », ajoute Didier Pachoud.

Au-delà des consultations, la communication animale se décline surtout en formations pour devenir spécialiste… de la communication animale. Le serpent se mordrait-il la queue ? Une « formation certifiée et diplômante », assure un site. Audacieuse tournure ! Seule certitude, le coût : 6.300 euros dans ce cas précis. « C’est vrai pour la communication animale comme pour toutes les pseudo-thérapies qui existent, analyse, pour BV, le président du GEMPPI : On gagne de l’argent en formant les autres. Ceux qui se sont fait un nom dans le milieu, qui ont publié un livre, se lancent dans la formation, marché très lucratif. » Le système est celui des ventes pyramidales: « Ils forment d’autres gens qui pensent devenir formateurs mais qui sont, en fait, leurs vrais clients. »

Et si l’on continuait d’échanger avec nos animaux de la plus simple des façons, en leur parlant et en leur faisant des gratouilles ? En observant leur comportement, sans rémunérer un tiers ? Les animaux ont leur bon sens - il n’est que de voir un chat choisir la place au soleil pour faire sa sieste -, aux humains d’avoir le leur aussi.

Picture of Samuel Martin
Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

15 commentaires

  1. Certains ont bien pratiqué le bronzage du périnée pour « s’énergiser » , alors au point de débilité où nous sommes arrivés , un peu plus ou un peu moins …

  2. Ci-dessous : il s’agit d’animaux décédés ( comme ils disent à la TV ). Décédé est une expression administrative qui signifie mort.

  3. Il y a là un « créneau » ( il y a même des endroits où des prières et éloges sont dits, délivrés, aux malheureux maîtres_ reportage TV ). Abusif. Il y a des limites. Comme pour tout.

  4. Je ne vois pas où est la nature dans cette folie. A partir du moment où on castre les animaux avant de les faire adopter, il n’y a pas de nature qui tienne. Parlons plutôt de « peluche vivante » !

  5. Je vis à la campagne entouré par des bêtes de compagnie, d’élevage, et sauvages, les chats sauvages sont destructeurs, du reste ils ont la vie dure avec les chasseurs. Les chevreuils, les sangliers, eux aussi prolifèrent et deviennent nuisible par leurs nombres croissant détruisant le travail des agriculteurs, donc une régulation nécessaire. Les défenseurs des animaux s’en indignent, mais c’est comme les surmulots à Paris, croyez-vous que la cohabitation est saine , je ne pense pas.les lapins, quand ils sont trop nombreux dévastent les clairières. C’est malheureusement une guerre de territoires. Les australiens en savent quelque chose avec les lapins. J’ai habité la Camargue, en juin naissait les lapins, ils gambadaient sur les bords du canal, c’était beau à voir, mais trois semaines après c’était l’hécatombe le moustique les avait piqué et c’était leur lente agonie. Pas plus tard que cette semaine, j’étais en voiture le jour se lever, et au détour d’une clairière apparu un jeune chevreuil, il me regarda intensément et comme je m’étais arrêté, il se demanda s’il devait rester où se sauver. S’il avait un an de plus, il aurait déguerpi de suite, car c’était dans la fuite sa survie. Ne pensait pas que l’homme est supérieur , c’est sa technique qui le rend supérieur. Sans GPS, sans panneaux de signalisation, que ferait il pour traverser la France ou l’Europe, alors qu’une hirondelle de 20 grammes, traverse des continents et reviens chaque année sur le lieux de sa naissance. À méditer.

  6. Aristote déjà savait que l’esprit est un tout (De anima, en latin; Peri Psychê, en grec) qui englobe les humains, les animaux et les plantes.

  7. Mais hélas avec un gros troupeau de vétérinaire pour la plupart incompétents trouillards avec les gros chiens un peu fainéants sur les bords et des tarifs qui explosent. Il faut bien payer les loisirs et un peu les taxes et charges dont la République en a le secret pour les loisirs des politiques tous confondus et de la haute fonction publique.

  8. Ah ah ! déjà, si la télépathie entre les humains, éloignés ou même très proches, fonctionnait…

    • La télépathie, par définition, ne fonctionne qu’entre cerveaux actifs. D’où la rareté du phénomène.

  9. En effet les animaux ont beaucoup plus de bon sens que les humains et surtout un animal ne tue que pour manger ou se défendre contrairement à l’humain mais certains ne reculent devant rien pour spollier les naïfs .

    • Absolument pas ! L’animal tue également pour défendre son territoire ou en conquérir d’autres, les grands felins sont également impitoyables envers les nouveaux nés, qui ne sont pas de lui, rien que pour se reproduire…
      Il n’y a que dans votre monde de bisounours que l’animal sauvage est une peluche…

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Un vert manteau de mosquées

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois