Cinéma : Une ode américaine, la vie de J. D. Vance, colistier de Donald Trump

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Du 15 au 17 juillet dernier se tenait, dans le Wisconsin aux États-Unis, la convention nationale des républicains pour les élections présidentielles américaines de novembre 2024. Des primaires à l’issue desquelles Donald Trump fut officiellement désigné candidat du parti, avec comme colistier le sénateur de l’Ohio J.D. Vance, pour la vice-présidence.

À 39 ans seulement, ce dernier a connu une ascension fulgurante. Issu d’un milieu très modeste, originaire du Kentucky, il a grandi dans l'Ohio. Engagé en Irak dans le corps des Marines entre 2003 et 2007, J.D. Vance a pu ainsi financer ses études supérieures. D’abord à l’université d’État de l’Ohio, puis à Yale, dont il sortit diplômé en droit. Embauché dans des cabinets d’avocats, J.D. Vance se reconvertit ensuite dans les biotechnologies au sein de la Silicon Valley, puis se fit connaître dans les médias avec la sortie, en 2016, de son autobiographie Hillbilly Élégie (qu'on peut traduire par « Complainte d’un péquenaud »). Un ouvrage dans lequel celui qui ne s’était pas encore engagé dans les start-up ni en politique relatait son enfance douloureuse dans les Appalaches.

Véritable best-seller qui ouvrit à J.D. Vance les plateaux de CNN, Hillbilly Élégie fut porté à l’écran en 2020 par Ron Howard (Cocoon, Apollo 13, Un homme d'exception, Da Vinci Code), avec Gabriel Basso, Amy Adams et Glenn Close dans les rôles principaux.

L'Amérique des déclassés

Construit sur deux temporalités entremêlées, le récit narre à la fois la réussite universitaire de J.D. Vance après son passage dans l’armée et son enfance difficile dans l’Ohio aux côtés d’une mère autodestructrice et accro aux paradis artificiels. Deux récits parallèles et contrastés qui permettent aussi bien de faire le tour d’horizon d’une Amérique des déclassés – les fameux « rednecks » que méprisent tant les élites médiatiques et universitaires acquises au vote démocrate – que de vanter la méritocratie à l’américaine, l’air de dire : « Quand on veut, on peut – la preuve par J.D. Vance. »

Mis en scène avec élégance et dignité, le film de Ron Howard ne fait certes pas l’économie de bons sentiments faciles et de répliques plus grandes que nature. Néanmoins, son grand mérite est de braquer les projecteurs sur une frange toujours plus importante du peuple américain marquée par la désindustrialisation, le chômage, la misère, la consommation de stupéfiants (notamment les opioïdes), les aides alimentaires et la violence sous toutes ses formes. Une population WASP [White Anglo-Saxon Protestant/Américains protestants blancs, NDLR] qui n’intéresse plus depuis longtemps les élites du pays, lesquelles préfèrent largement mettre en avant, voire instrumentaliser avec cynisme, les minorités sexuelles et ethniques – nous avons l’équivalent, en France, avec le tandem tout aussi élitaire Macron-Mélenchon (« Macrenchon » ?).

Heureusement, seul face à une mère défaillante, J.D. Vance aura la chance d’être pris en main, à l’adolescence, par une grand-mère courage au caractère bien trempé (Glenn Close, méconnaissable dans l’un de ses plus beaux rôles). Il s’écartera peu à peu de la voie morose qui lui était destinée et se consacrera aux études, avant d’œuvrer pour le bonheur des siens et pour son pays. Un parcours exemplaire qui donne à Une ode américaine un caractère hagiographique assumé, amplement mérité.

Toujours disponible sur Netflix, le film permet de mieux cerner la personnalité du nouveau bras droit de Donald Trump.

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Pierre Marcellesi
Chroniqueur cinéma à BV, diplômé de l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) et maîtrise de cinéma à l'Université de Paris Nanterre

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