Un plouf dans la Seine à 1,4 milliard, la France a les moyens

©Paris2024/Raphael Vriet
©Paris2024/Raphael Vriet

Les Jeux olympiques, une manne pour l’économie française. C’est ce que les promoteurs de cette belle compétition sportive quadriennale promettaient. Certes, pour le bâtiment français ou les grands groupes comme Bouygues, Carrefour ou Decathlon, les retombées sont sûrement positives. À défaut de l’être pour les finances publiques. On espère, aussi, que les soubresauts politiques et les interrogations sur la sécurité, malgré un dispositif français que l'on espère à la hauteur, ne viendront pas obérer le chiffre d’affaires attendu de l’hôtellerie-restauration déjà en demi-teinte.

Peluche française contre peluche chinoise

Mais pour les PME ou les TPE françaises susceptibles de proposer leurs produits de qualité dans de bonnes conditions, cela s’est révélé bien moins aisé. « C’était compliqué de répondre aux appels d’offre pendant le Covid », regrette, auprès de BV, Alexandra Broussaud, dont l’entreprise textile, à Limoges, aurait aimé être de la partie. De même, Éric Baudry, patron du groupe Intuis, spécialiste du confort thermique et dont les produits sont certifiés Origine France Garantie, déplore « de ne pas avoir pu postuler. Nous aurions pu fournir des pompes à chaleur pour le village », nous confie-t-il. Le président de l’association Origine France, Gilles Attaf, nous rappelle que cela fait sept ans que les Jeux ont été attribués à Paris. « On aurait pu s’organiser pour que les PME puissent se positionner et que cela entre dans le cadre de la réindustrialisation de notre pays. » Et de donner l’exemple de la mascotte Phryge, faite à 80 % en Chine, la production bretonne des peluches Doudou & Cie étant marginale. « Pour prouver la capacité de l’industrie française à faire une mascotte, nous avons monté le projet Cocorifeu, une peluche 100 % française fabriquée par la coopérative solidaire Thiers Entreprise », poursuit Gilles Attaf. « On nous a refusé d’être associés aux JO. Mais avec ses airs de phénix, nous espérons qu’elle symbolise la renaissance industrielle française » conclut-il.

Tans pis pour les PME suspectées, à mots couverts, de ne pas avoir la capacité de livrer en temps et en heure. On a été moins regardant sur les grosses dépenses. Résultat : la facture est bien plus salée qu’annoncé. Le budget est passé de 6,2 milliards, dans le dossier de candidature (qui a pu croire à ce chiffre alors que cela avait coûté respectivement 11 et 12 milliards à Londres et à Tokyo ?), à 11,8 milliards aux dernières estimations. On suppose que le Comité d’organisation des Jeux olympiques (COJO) n’avait pas budgété le 1,4 milliard d’assainissement du fleuve en décidant d’inscrire les épreuves de triathlon au cœur de Paris au lieu d’un bord de mer. Pourvu qu’aucune pluie ne lave le pavé parisien pendant les JO et ne déverse de l’eau sale le jour des épreuves…

Une piscine olympique à la jauge... trop petite !

Construire une piscine olympique en Seine-Saint-Denis est une belle idée. Les Jeux sont aussi l’occasion d’améliorer les équipements d’un quartier. Cependant, quand l’investissement passe de 70 à 90 millions d’argent public, soit 30 % d’augmentation, auxquels il faut ajouter, comme le rappelle Contribuables associés, un chemin piétonnier et cycliste au dessus de l’autoroute A1 à 84 millions, a-t-on le droit de s’interroger sur la rentabilité de cette structure ? D’autant que seules les épreuves de plongeon et de natation artistique pourront s’y dérouler, car la jauge de spectateurs y est insuffisante, selon les règles internationales de natation. Ce qui a contraint la France à construire une piscine éphémère dans le stade de la Défense Arena. Contribuables associés relève aussi la construction, pour un million, d’une chaussée provisoire au village olympique. Elle sera détruite et remplacée par une voirie durable plus tard. Une broutille.

Gageons que ces fameux « peines-à-jouir » d’Hidalgo se trompent en estimant autour de 5,3 milliards les recettes générées par les Jeux, au lieu des 8,1 milliards estimés au départ, et que l’afflux de touristes attendu sera au rendez-vous, car malgré les extravagances écolo de la mairie, Paris fait encore rêver.

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Patricia Colmant
Journaliste indépendante

Vos commentaires

31 commentaires

  1. « Tans pis pour les PME suspectées, à mots couverts, de ne pas avoir la capacité de livrer en temps et en heure ». Sauf pour le « coq sportif » … (société dite française mais dans le fait appartenant à une société suisse) et le COJO lui a même prêté 2.9 millions d’euro pour être sur d’avoir les tenues des sportifs….

  2. Paris ne m’a jamais fait rêver .De Saint Lazare ,au boulevard Saint Martin , à Nanterre , à la grande borne , à Saint Ouen, j’en passe et d’aussi pourris ,je l’ai pratiqué Paris au moins une fois par mois pendant vingt ans et n’y suis plus revenu quand je n’y ai plus été obligé. Je plains de tout cœur les banlieusards qui partent et rentrent à plus d’heures pour aller travailler dans ce cloaque.

  3. Un plouf sous la puie. Pas de quoi rigoler mais triste vu l’engagement financier privatif de bien d’autres choses urgentes.

  4. l’article Omet de dire que l’investissement de 1.6 milliard pour traiter les eaux usées de la Marne et de la Seine.
    Est depuis 2017 soir sur 6 ans.
    Qu’il était temps de s’occuper des pollutions .

    Par contre sur le même temps , on balance inutilement 16 milliards par an pour l’aide au tiers monde .
    Pognon qui sera jamais remboursé par ces pays .
    Que l’immigration nous coûte un bras

  5. « Paris fait encore rêver » ? Peut-être ceux qui n’y sont pas allés, touristes en tête, mais pas ceux qui ont eu l’occasion d’y vivre il y a trente et quarante ans !

  6. Les athlètes devront-ils présenter un QR Code pour prouver qu’ils sont à jour pour tous les vaccins nécessaires?

    •  »Paris la plus belle ville du monde  », il ne faut jamais être sorti de son trou pour croire ça.C’etait peut être vrai en 1960 , mais maintenant c’est une ville plus immonde chaque année que l’année précédente .

  7. A ce prix là, c’était mieux de délocaliser les épreuves dans l’eau, à la Mamounia au Maroc, 1 des hôtels les plus cher au Monde, quitte à refaire les piscines et faire travaux dans la mer…..! ! ! ! !

  8. On se demande encore pourquoi et comment Madame Hidalgo, d’abord opposée puis brutalement favorable aux JO, a ainsi changé d’avis. Espérons, non pas pour elle mais pour Paris et le Pays, qu’elle ne se soit pas fourvoyée. En tous cas, erreur ou pas, ces Jeux vont commencer. Accompagnons-les en croisant les doigts pour que tout se déroule correctement. Il sera toujours temps ensuite de faire les comptes et de les demander à ceux qui ont mis en route cette coûteuse galère.

  9. 1 milliard 400 millions pour rendre la Seine  »buvable » alors que les locaux qui doivent loger nos forces de l’ordre sont …. insalubres » il faut voir l’état des frigidaires, cassés, sales – les W.C. ignobles …. c’est ça PARIS ! la plus belle ville du monde !

  10. Boycottons ces jeux olympiques pour montrer que nous ne sommes pas d’accord. Si 11 millions de français en faisaient autant peut-être que cela ferait réagir le gamin de l »Elysée

    • Pardonnez-moi Waterloo…évitons d’augmenter l’addition en manifestant trop tard notre désaccord. Le gamin, et d’autres, auront à assumer les comptes post-olympiques. En attendant accompagnons de notre mieux.

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