Hommage à Philippine : une militante de Némésis témoigne

© Clémence de Longraye
© Clémence de Longraye

Présente à la manifestation en l'honneur de Philippine le dimanche 29 septembre, une militante du collectif Némésis témoigne de sa grande émotion.

 

« Il est 14h45, sur la place Denfert-Rochereau, quand je commence à distribuer des affiches du portrait de Philippine avec trois de mes camarades de la section parisienne. En moins de cinq minutes, le rouleau de 100 affiches est épuisé et chacune rejoint le groupe au niveau de l’estrade. Les grandes pancartes d’hommage à Philippine, rappelant qu’elle aurait pu être notre sœur, sont distribuées aux militantes et j’en reçois une à mon tour. La scène est ainsi organisée : l’estrade fait face au public, avec une banderole déployée juste devant, et de grandes pancartes de chaque côté, ainsi que deux pancartes sur l’estrade.

Les discours commencent. D’abord Alice [Cordier], qui présente le rassemblement avec quelques consignes : dignité et respect sont les maîtres mots. Claire ouvre le bal des témoignages, avec son histoire qui me déchire encore le cœur. Elle s’est fait violer par un homme sous OQTF, elle a failli mourir. Pour elle, Philippine est un peu son alter ego, le sang de la foule se glace. Le silence est total. Après Claire, c’est une femme dont la belle-sœur s’est fait violer puis égorger par un mineur en situation irrégulière et sous OQTF. Arrive, ensuite, le tour d’une mère qui a inhumé sa fille, il y a six ans. Une jeune maman qui s’est fait violer puis tuer de onze coups de couteau, toujours par un homme sous OQTF, qui l’a ensuite enterrée près de la résidence de la jeune femme. Dix jours de recherche avant de retrouver son corps, que la mère n’aura pas le droit d’incinérer.

La gorge nouée, les larmes coulant sur les joues sans que je puisse les retenir, j’observe la foule présente à ce rassemblement : des adultes, hommes comme femmes, mais aussi des enfants. Je craque et me détourne pendant quelques instants. C’est trop pour moi. Le temps que je me remette de mes émotions, c’est le petit-fils de Berthe, une femme de 91 ans violée et tuée chez elle par un homme sous OQTF, qui vient témoigner. Il nous raconte avoir dû lui-même nettoyer le sang de sa grand-mère sur le sol de l’appartement, car l’État n’avait pas daigné envoyer une équipe de nettoyage. Interviennent, ensuite, chacune leur tour, les deux porte-parole du collectif Némésis, Yona et Anaïs. Elles envoient un message très simple : un hommage à Philippine, l'importance de la protection des femmes, et elles dénoncent le laxisme judiciaire.

Alice reprend ensuite la parole pour répéter ces messages réclamant la justice pour les femmes et les enfants de France tués par des étrangers. Le public entonne alors une Marseillaise ; c’est la plus émouvante à laquelle j’ai assisté depuis celle entonnée, en classe, après le Bataclan. Alice nous fait respecter une minute de silence, à la fin de laquelle nous reprenons tous en chœur « Justice pour Philippine ». Le rassemblement se termine dans le calme, il n’y aura pas eu d’accroc, la foule sera restée digne, l’hommage aura été rendu dans l’honneur. »

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 02/10/2024 à 19:51.

Vos commentaires

20 commentaires

  1. Je vais écrire a la presidente de l’AN pour lui demander une minute de silence pour chaque victime du laxisme de l’etat. Cela permettra au moins une prise de conscience des élus. Je vous invite a faire de même.

  2. Total soutien à Némésis et bravo pour leur courage ; il est plus que temps de donner enfin la parole aux victimes et de dénoncer le mépris et l ‘ aveuglement de l ‘ état face à ce très grave problème

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