Canada : Pierre Poilièvre, le conservateur qui veut la peau de Justin Trudeau

@TVA Nouvelles/ Wikimedia Commons
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Depuis quelques années, le mois de septembre est un bon mois, pour Pierre Poilièvre, le chef du Parti conservateur canadien. En septembre 2022, il gagnait au premier tour, et avec un score très important (68,15 %), le scrutin pour le poste de chef du Parti conservateur. Un parti qui campe dans l’opposition depuis 2015 et l’arrivée au pouvoir de Justin Trudeau et du Parti libéral. En septembre 2024, après une série de succès des conservateurs aux élections législatives partielles, Pierre Poilièvre devance massivement Justin Trudeau dans un sondage Ipsos sur le jugement des Canadiens comme le meilleur Premier ministre possible, avec 45 % des sondés, contre 26 % pour Justin Trudeau, lui-même talonné par Jagmeet Singh (23 %), du Nouveau Parti démocrate.

Justin Trudeau n’est plus apprécié que par un tiers des Canadiens mais doit pouvoir se maintenir au pouvoir encore deux ans, compte tenu du système constitutionnel canadien qui reproduit avec une grande fidélité le système britannique : les dernières élections générales gagnées par Trudeau suite à la convocation des élections s’étaient tenues en septembre 2021 et, donc, s’il maîtrise sa majorité, il doit pouvoir se maintenir jusqu’à septembre 2026... au plus tard !

Passion dévorante pour la politique

Qui est donc le leader de l’opposition canadienne ? Pierre Poilièvre a une enfance tout à fait particulière, puisque sa mère d’origine canadienne avait 16 ans à sa naissance et qu’il a été adopté très jeune par les Poilièvre, une famille fransaskoise (les Fransaskois sont les personnes d'expression française nées en Saskatchewan ou qui y habitent actuellement). Il a passé sa jeunesse et son enfance à Calgary (Alberta). Il y a de nombreuses analogies possibles entre Pierre Poilièvre et Margaret Thatcher : outre le fait que Poilièvre est né seulement quelques jours après l’accession de Margaret Thatcher au poste de Premier ministre britannique, ils sont tous les deux issus d’un milieu modeste, ont mené des carrières brèves dans le secteur privé avant de basculer jeunes dans la politique, leur passion dévorante. Poilièvre, élu député à 25 ans, prend comme Thatcher des responsabilités croissantes, avec notamment un poste de membre du cabinet (ministre), et devient leader du Parti conservateur peu de temps après une défaite électorale, avec vocation à devenir Premier ministre en cas de victoire au prochain scrutin.

Poilièvre a donc aujourd’hui, à 45 ans, une énorme expérience politique, des capacités rhétoriques objectivement impressionnantes aiguisées par l’organisation du débat parlementaire à la britannique : majorité et opposition sont physiquement face à face au Parlement, Poilièvre est à trois mètres de Trudeau. Tous deux ont des échanges verbaux permanents et souvent intenses. Poilièvre a aussi une importante présence sur les réseaux sociaux : 900.000 abonnés sur Instagram (Trudeau en a 4,5 millions, mais avec une exposition internationale que Poilièvre n’a pas) et près de 500.000 sur YouTube. Cela vaut la peine de regarder, sur YouTube, un échange entre les deux principaux dirigeants politiques canadiens.

Fervent opposant au progressisme occidental

Pierre Poilièvre s’oppose fortement et à peu près sur tous les sujets à Justin Trudeau, qui est pour partie une caricature du progressisme occidental (développement durable, wokisme, etc.). Son portrait sur le site du Parti conservateur canadien est révélateur : « Pierre Poilièvre est un conservateur de longue date, défenseur du libre marché et combattant pour que les gens prennent en main et assument la responsabilité de leur propre avenir. […] Pierre […] croit en un pays où l’État est au service du peuple et non son maître. Un pays où un gouvernement restreint laisse aux citoyens la place la plus importante. Un pays où les gens ont la liberté de créer une entreprise sans bureaucratie ni impôts élevés. […] Pierre a été l’un des premiers à dénoncer la crise de l’inflation à laquelle notre pays est confronté, soulignant que les fortes hausses représentent une "taxe inflationniste", une façon sournoise pour les gouvernements de collecter des fonds en augmentant les prix pour la population. »

Bref, un programme « Boulevard Voltaire compatible ». « Aujourd’hui, plus de la moitié des familles canadiennes affirment avoir du mal à se nourrir, poursuit le site du Parti conservateur. Il a également été l’un des premiers à dénoncer les mandats non scientifiques et les limites inacceptables imposées aux libertés des Canadiens pendant la pandémie de Covid-19. Pierre croit que la liberté est essentielle pour ce pays et a fait pression sur le gouvernement pour qu’il s’engage à mettre fin à sa réponse politisée et conflictuelle. » L’avenir dira si Pierre Poilièvre parvient au pouvoir et s’il met réellement en œuvre un tel programme. De quoi réaliser une révolution « poilièvrienne » comme il y eut, au Royaume-Uni, de 1979 à 1990, une révolution thatchérienne.

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Georges Le Breton
Haut fonctionnaire en activité, spécialiste des politiques publiques.

Vos commentaires

10 commentaires

  1. Le Canada semble avoir un sauveteur capable d’exclure Trudeau. Quel pourrait être, en France, notre élément susceptible d’agir de même manière avec Macron… Notre monde occidental commencerait à déjà mieux respirer !

  2. Souhaitons que cet homme écrase le wokiste et très nuisible Trudeau pour arriver au pouvoir et balayer une fois pour toutes toutes les conséquences néfastes du mandat du premier ministre sortant.

  3. Enfin quelqu’un pour déboulonner l’empereur du wokisme ?
    Il faut croiser les doigts, il y en a un qui ferait la gueule …

  4. Il faut écouter ses interventions à l’assemblée Canadienne, c’est du grand Art, il n’y va pas avec le dos de la cuillère, du petit lait !

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