[CINÉMA] Lee Miller : Kate Winslett sur les traces d’une photographe de guerre
Elle est considérée comme l’une des plus grandes photographes de guerre du XXe siècle et a droit, aujourd’hui, à un film-hommage qui porte son nom, Lee Miller. Lee Miller, ex-mannequin pour le magazine Vogue, ancienne égérie du peintre et photographe Man Ray, amie proche de Paul Éluard et de Pablo Picasso, entama sa reconversion professionnelle durant la Seconde Guerre mondiale en couvrant avec son appareil photo l’avancée des Alliés. Mitraillant aussi bien le Blitz londonien que la libération de la France ou la découverte des camps de Buchenwald et Dachau aux côtés de l’armée américaine, la photographe laissa, à sa mort, plus de soixante mille photographies et jouit, depuis lors, d’une aura particulière chez les reporters de guerre.
Lorsque l’actrice américaine Kate Winslet prit connaissance de son histoire en 2015, elle fit des pieds et des mains pour la porter au cinéma et travailla en étroite collaboration avec le fils de la photographe, Antony Penrose. À la fois productrice et actrice principale du film, Winslet confia le projet de Lee Miller (Lee, dans son titre original) à la chef-opératrice Ellen Kuras, qui signe ici son premier long-métrage en tant que réalisatrice.
Le récit n’ambitionne pas de retracer l’ensemble de la vie de Lee Miller mais, par le biais d’un long flash-back de deux heures – procédé un peu facile, il est vrai –, se concentre plus spécifiquement sur cette période de transition durant laquelle l’ancien mannequin se reconvertit dans la photographie. Son travail de reporter de guerre la place alors aux premières loges du conflit mondial et lui fait découvrir la situation peu enviable de ses amis français dont l’existence a plus ou moins été bouleversée par l’occupation allemande – on relève d’ailleurs, sans déplaisir, de nombreux dialogues dans notre langue, portés entre autres par Marion Cotillard, Zita Hanrot ou Noémie Merlant.
Instructif mais trop sage
Si, à travers le regard de la photographe, le film n’hésite pas à nous montrer l’horreur des camps et les corps décharnés de leurs victimes, il ne détourne pas non plus le regard sur certains traitements ignobles infligés aux femmes à la Libération, qu’il s’agisse de la tonte publique de celles qui ont « fauté » en couchant avec l’ennemi – un petit jeu mesquin et puant dont se sont délectés pléthore de « résistants » communistes – ou des libertés qu’ont pu prendre nombre de soldats américains à l’égard des Françaises…
Néanmoins, trop sage, le film d’Ellen Kuras effleure à peine le sujet de la photo de guerre et la question de ce qui est montrable et de ce qui ne l’est pas. Scolaire, peu inventif, cumulant les maladresses narratives, Lee Miller trouve son charme dans sa mise en abyme : à savoir, un projet de film porté par l’ancienne star de Titanic qui, depuis quelques années, met un point d’honneur à nous prouver qu’elle ne se réduit pas à un physique, un peu à l’image de ce personnage principal qui délaisse la mode pour aller au charbon et immortaliser l’horreur avec son appareil.
Le principal atout du projet, en définitive, c'est la passion sincère qui anime son initiatrice.
3 étoiles sur 5
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Un commentaire
Question à l’auteur de l’article sur Lee Miller : quels sont les Français qui n’ont pas été bouleversés par l’occupation allemande ?