[LIVRE] Qui a tué Napoléon ? La science vous dit (presque) tout
Qui était le masque de fer ? Qu’est devenu Louis XVII ? Les énigmes historiques ne manquent pas et passionnent les foules, comme en témoigne leur succès en librairie. L’épopée napoléonienne n’y échappe pas et des questions demeurent concernant autant son entourage que certains épisodes et aspects de sa vie, et surtout sa mort. « Pourquoi Napoléon mettait-il la main dans son giron », s’interrogeait jacques Dutronc en chanson. Pourtant, malgré de très nombreux travaux sur ces questions, il reste des points sur lesquels les historiens doivent reconnaître la limite de leur art.
Et comme souvent, ce sont des travaux scientifiques qui permettent aujourd’hui d’apporter des réponses à quelques-unes des nombreuses énigmes qui entourent le Premier Empire.
Dix enquêtes au service de l’Histoire
Et l’affaire est suffisamment sérieuse pour que Jean Tulard, historien de référence du Premier Empire, accepte de signer le compte rendu de l’enquête que nous livrent l’anthropologue Gérard Lucotte et le docteur Philippe Bornet, historien de Napoléon, dans Qui a tué Napoléon ? 10 enquêtes scientifiques au secours de l’Histoire (Éditions Max Milo). La rencontre de l’anthropologie et de l’histoire napoléonienne s’avère être ici d’une grande efficacité dans le patient travail de fourmi permettant d’avancer vers la certitude scientifique, en écartant les hypothèses irréalistes au vu du contexte de l’époque et de ce que l’on sait du personnage et de son entourage.
Les auteurs nous racontent dix enquêtes menées à leur terme, qui tranchent autant de débats que l’on croyait sans fin. L’Empereur a-t-il été empoisonné à l’arsenic, comme son autopsie pouvait le laisser penser ? A-t-il été émasculé après sa mort ? Napoléon III était-il bien son neveu ?
Un larcin bien utile
Dans chaque chapitre, Gérard Lucotte et Philippe Bornet ajoutent à une présentation du contexte des éléments sur les méthodes et technologies d’analyse scientifiques dernier cri auxquelles ils ont eu recours pour obtenir des réponses irréfutables. Ce travail de douze années, pour lequel Gérard Lucotte avait été missionné par le prince Charles Napoléon (descendant des Bonaparte par Jérôme, le plus jeune frère de Napoléon Ier), n’aurait pu totalement aboutir sans un petit larcin que son auteur avoue dans l’ouvrage : ayant obtenu l’autorisation de venir examiner un fragment de peau de Napoléon Ier conservé dans un médaillon au camp militaire de Satory, Gérard Lucotte s’y rend une première fois, puis une seconde, lors de laquelle, laissé un moment seul, il découpe et subtilise trois minuscules extraits du fragment. À la gardienne revenue précipitamment avec un air soupçonneux, il avoue et restitue deux extraits, et file avec le troisième. Une fois analysé, celui-ci s’est avéré décisif sur la question de savoir si l’Empereur repose bien aux Invalides ou si son corps aurait pu être subtilisé par les Anglais et se trouver aujourd’hui dans l’abbaye de Westminster.
Les auteurs nous ont bien évidemment gardé le meilleur pour la fin, sous la forme d’un diagnostic médical qui vous apprendra de quoi est vraiment mort Napoléon à Sainte-Hélène. Qu’on admire ou exècre un empereur qui laisse rarement indifférent, cette enquête scientifique est passionnante et son apport au récit historique est indéniable.
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6 commentaires
Napoléon aurait dû en rester à sa fonction de Premier Consul. Il a mis le feu à l’Europe et saigné à blanc la Jeunesse française
Napoléon avait le carburant mais les anglais avaient l’allumette.
Vous nous laissez sur la faim…
Interessant
Toujours passionnant même s’il ne faut pas adhérer à toutes les hypothèses . L’Histoire est racontée par les vainqueurs les poètes et les thuriféraires de personnages idéalisés. L’Histoire, dit – on , est « un conte de faits » pas toujours exacts mais toujours passionnants sinon passionnés et chaque découverte mérite l’attention qu’elle suscite.
Pour Napoléon, c’est ce que Michael Connelly appellerait un « cold case ». La solution est rarement fiable à 100%. En plus, il est facile de polluer un échantillon minuscule sur lequel des centaines de personnes ont dû poser leurs doigts.