[AU TRIBUNAL] « Ce drame a tout cassé », témoigne avec émotion la famille Paty

Samuel Paty

« On est de tout cœur avec vous. Si on est là, c’est pour vous ! » Quelques minutes avant la reprise de la séance, un petit groupe se masse autour de Bernadette Paty. Dans quelques instants, la mère de Samuel Paty viendra rendre hommage à son fils. La sonnette retentit, la cour s’installe, le groupe se disperse et Bernadette Paty, un léger dossier dans les mains, s’avance, le pas mal assuré, à la barre. La salle des grands procès du palais de justice de Paris, quasi comble en ce 8 novembre, se tait. Bernadette Paty ouvre son dossier et commence la lecture du texte qu’elle a préparé.

« On a appris sa mort à la télévision »

« Mon époux et moi, nous nous étions dit que nous devions rester en forme pour assister au procès. Une mauvaise chute en a décidé autrement », commence-t-elle, le ton posé et l’émotion contenue. Jean Paty étant hospitalisé, c’est donc seule que son épouse se présente devant les juges. Avec un regard profondément maternel, devant des photographies privées de son fils aîné diffusées dans la salle, Bernadette Paty décrit un petit garçon « sérieux » et « travailleur », rapidement passionné par l'Histoire de France. Cette passion, il en fera un métier. Comme ses parents, tous deux instituteurs, Samuel Paty enseignera : il deviendra professeur d’histoire-géographie. À l’été 2020, alors qu'elle nettoie et range sa maison, Bernadette Paty découvre que son fils prépare un cours qu'il dispensera, dans quelques semaines, à ses élèves de quatrième sur la liberté d’expression. « Je savais qu’il allait montrer les caricatures pour illustrer ce cours », déclare-t-elle. « Ce n’était pas la première fois qu’il faisait ce cours. Il le préparait sans inquiétudes particulières », ajoute-t-elle. Et elle précise : « Il n'était pas croyant. Mais il était respectueux, extrêmement respectueux de toutes les religions. »

La rentrée passe. Vient alors le mois d’octobre et le début de la cabale lancée contre son fils. Samuel Paty vit dans la terreur d’être agressé, voire tué. Mais, à ce moment-là, Bernadette Paty, dont il est pourtant très proche, ignore tout des difficultés et des inquiétudes que son fils traverse. « Il a voulu nous protéger, sans doute », analyse sa mère, devant la cour.

Le regard légèrement baissé, Bernadette Paty finit par aborder la soirée du 16 octobre 2020. « On a appris son assassinat en regardant la télévision », se désole-t-elle, déclenchant une vague de sidération dans la salle. Au président qui lui demande de préciser, elle raconte : « On regardait les informations sur France 3. Il y a eu un bandeau indiquant qu’un professeur avait été agressé devant son collège. Puis le bandeau précisait qu’il s’agissait d’un professeur d’histoire-géographie. Et, enfin, le journaliste a indiqué l’identité de la victime, un certain Samuel P. J’ai tenté d’appeler Samuel, mais il ne répondait pas. J’ai appelé Jeanne [son ancienne compagne, NDLR]. Elle aussi était inquiète, mais n’avait pas d’informations. » Finalement, aux alentours de minuit, la police leur confirme que leur fils a été assassiné et décapité.

Un deuil impossible

« Nous ne l’accepterons jamais ! », s’emporte alors Bernadette Paty. « Épouvantable », « barbare », « injuste », « inacceptable »… Les qualificatifs ne lui manquent pas, pour décrire l’assassinat de son fils. Devant les juges, la mère de famille entend faire bonne figure et refuse d’être submergée par l’émotion. Mais quelques heures plus tôt, alors que l’arme ayant servi au terroriste, encore tachée du sang de son fils, était dévoilée et que la question de la conscience de Samuel Paty au moment de la décapitation était posée, Bernadette Paty, soutenue par sa fille Gaëlle, n’a pu retenir ses larmes. Ce 16 octobre 2020 a changé à jamais la vie de cette famille tranquille et sans histoires. « Sa mort laisse un grand vide, nous ne faisons plus rien. […] Nous devons apprendre à vivre sans notre fils, ses sœurs à vivre sans leur frère et son fils à vivre sans son père… » Bernadette Paty regagne sa place et échange une chaleureuse accolade avec Mickaëlle, la benjamine de la fratrie.

C’est au tour de Jeanne, une enseignante discrète, de prendre la parole. Jeanne a partagé onze années de la vie de Samuel Paty. Ensemble, ils ont un petit garçon, âgé d’à peine dix ans aujourd’hui, et présent dans la salle pour écouter sa mère témoigner. « Je dois me forcer tous les jours pour que les couteaux fassent partie du couvert dans notre quotidien », concède-t-elle devant les juges. Si, aujourd’hui, elle a décidé de prendre la parole, c’est avant tout en tant que mère. « Vérité et justice », voilà tout ce qu’elle attend de ces sept semaines de procès, pour elle et pour son petit garçon. « C’est juste ce que demande G.* », son fils, qui vit désormais, chaque jour, avec la peur que sa mère meure sur son lieu de travail, explique-t-elle.

« Deuil impossible »

Une peur qui hante également Mickaëlle Paty. Déterminée, la benjamine des Paty prend place à son tour devant les juges, lit son texte et n’hésite pas à s’adresser directement aux accusés. « C’est votre procès qui a commencé, vous qui avez fait le procès de mon frère », lance-t-elle. Devant eux, elle refuse de céder aux larmes, bien que « ce drame [ait] tout cassé ». « Jamais je ne donnerai l’impression aux terroristes qu’ils ont gagné », promet-elle. Si elle témoigne aujourd’hui, c’est avant tout pour rappeler des faits : ce ne sont pas les caricatures qui sont en cause, « c’est l’islamisme » ! « Ça fait plus de quatre ans que j’attends qu’en France, on ne mette plus un "Oui mais" après le mot décapitation, mais ce foutu point final », conclut-elle. À sa suite, Gaëlle, l’aînée des sœurs Paty, s’avance. Son texte est également préparé. Comme sa cadette, Gaëlle, qui vit depuis quatre ans « un deuil impossible », ne manque pas de souligner la responsabilité des accusés. « Il ne suffit pas de ne pas se salir les mains pour ne pas être responsable. […] Sans vous, Samuel serait vivant, aujourd’hui. Chacun aurait pu, à un moment, lui sauver la vie », rappelle-t-elle, sans aucune colère dans la voix. Orpheline de frère, elle formule alors un vœu : que « Samuel ne [meure] jamais une deuxième fois ».

 

*Initiale du prénom du fils de Samuel Paty, encore mineur

Picture of Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

20 commentaires

  1. Ne plus accepter par peur de baptiser quelques écoles au nom de S. PATY , c’ es une fois de plus reculer devant l’ islamiste .

  2. Merci, mille fois merci de nous permettre de « participer » un peu à ce procès. C’est le seul moyen, de prendre vraiment conscience de ce qui s’est passé. Et de ne pas oublier, comme un fait divers chassé par un autre… Non, il faut garder cela en mémoire. Merci.

  3. Quelle douleur d’imaginer ce que vit cette famille depuis cet abominable journée où un professeur d’histoire a été assassiné monstrueusement, et décapité. Que les complices de cette horreur soient châtiés et pourrissent jusqu’à la fin de leur misérable vie, en prison, ce qui sera encore trop doux pour cette vermine. Et macron qui continue à accepter l’accueil de tous ces islamistes fanatiques, lui qui avait promis 100% d’exécution des OQTF ! Ils sont tous là sur notre sol, prêts à nous tuer pour exprimer leur haine de notre pays. Aurons-nous un jour un homme politique ferme, qui expulse toute cette racaille ? Nous voulons faire confiance à B. Retailleau, mais il doit aller au bout de sa réforme. Et que la France redevienne ce qu’elle n’a jamais cessé d’être, un pays d’origine judéo-chrétienne ! Nous prions pour la famille de S. Paty ; qu’elle sache que notre coeur est près d’eux.

    • Oui ! nous aurons sous peu l’homme qui saura RECONQUERIR notre France mais pour cela, il faut que tous les Gaulois sortent de leur léthargie pour comprendre que la France est en péril et que notre avenir dépend du choix qu’ils feront aux prochaines élections.

  4. Après lui, il y en a eu d’autres et tout récemment, il y a eu Amsterdam. Pourtant, le discours des politiques ne change pas : on mettra des policiers partout, un derrière chaque habitant s’il le faut, etc., mais toujours pas un mot sur l’immigration. On espérait vaguement un discours ferme après Amsterdam, un pogrom en Europe en 2024, mais non, toujours rien. Michel Barnier, alors candidat, avait promis un moratoire, au minimum, avant l’arrêt définitif. Où sont ses promesses ? Que les Français ne soient pas dupes aux prochaines élections : on a eu Sarkozy et le Karscher, on a Retailleau et un ton plus déterminé, mais ce ne sont que des paroles et des promesses. Rien ne change, rien ne changera jamais avec eux. La prochaine fois, il faudra aller chercher une candidate qui ne varie pas depuis des décennies.

  5. Votre édito nous laisse sans voix , trop d’émotion , la gorge serrée , devant cette famille en deuil mais au delà dans un souvenir atroce , la barbarie poussée à son paroxysme . On nous a aussi relaté par d’autres canaux le remords du père de famille de la jeune initiatrice de cette cabale mortifère , en tant que citoyen lambda on ne peut souscrire à cette repentance , il est trop tard, il nous faut une justice implacable pour toute cette horde barbare.

  6. Il y a une quarantaine d’années , JM Le Pen nous avait prévenu , forcément c’était un facho d’éstrême doite donc personne ne l’a entendu mais ignoré . Voilà le résultat d’un demi siècle de laissé faire , nos politiques actuels n’ont toujours pas vu et entendu puisqu’ils laissent entrer des cargaisons de délinquants adeptes de la lame au nom d’une prétendue religion . Ne comptons pas sur le méprisant de la république , si il avait voulu faire quelque chose , il l’aurait fait depuis longtemps , là rien mais c’est dans le programme .

  7. Ce drame a non seulement brisé pour toujours l’existence de toute la famille de Samuel PATHY mais il a également brisé celle de tous les Français de souche et de coeur. Et malgré toutes ces horreurs et cette terreur que nous subissons tous depuis des décennies et encore à ce jour, rien n’a changé, les responsables n’ont rien fait pour que cesse cette guerre épouvantable que ces barbares nous font. Non seulement ils ne font rien pour SECURISER le peuple mais ils en laissent entrer d’autres par milliers pour anéantir la France définitivement. Macron, ce piètre Chef d’Etat ne voulait-il pas changer notre monde ? c’est en effet réussi ! Mais que faut-il de plus pour que les membres du Parlement destituent ce dangereux Chef d’Etat ?

  8. Ce qui c’est passer à l’assassina de Samuel Paty en France vous n’avez pas honte vous les responsable hommes politiques de faire venir en France des assassins j’espère que ceux qui sont dans le box des accuser vont prendre très cher en années de prison justice pour Samuel Paty et sa Famille.

  9. Le pire de tout, pour le futur c’est de toujours refuser de voir ce qui est:dans peu de temps on en arrivera à la conclusion que la religion musulmane n’a rien à voir à l’affaire.

  10. Dans la liste aussi longue, bien trop longue des victimes de cette culture très savamment et sciemment importé dans une France qui fut trop belle pour certain, pour le moment le nom de Samuel Paty restera en tête suivis de très prêt par un nombre impressionnants de victimes. Les responsables, outre ceux qui sont entendus dans ce procès, 8 accusés, avec la direction de cet établissement bien d’autres coupables sont en cause mais inatteignables bien trop haut placés mais on est bien sensés qu’ils en provoqueront d’autre drames. Vous n’aurez pas ma haine ajouté de nos larmes font et encouragent les futurs barbares pour moi, ils ont ma haine et plus si je le pouvais.

  11. Comment est ce imaginable que dans un pays comme le nôtre , on voit les têtes de professeurs, decapitees rouler à terre , comment en est on arrivé là et rester sans réaction à attendre le prochain en laissant l ennemi tranquillement continuer à œuvrer quotidiennement

    • Ne soyez pas étonné, lorsque vous voyez un député de la France, Thomas Portes, poser le pied sur un ballon à l’effigie du ministre Olivier Dussopt et que l’Assemblée Nationale gromelle un peu mais ne destitue pas ce député, alors tout est permis. Ajoutons l’autre député André Kerbrat qui se drogue. Voici où en est la France, gouvernée par un ramassis d’incapable. Profitons en pour remercier le traître Nicolas Sarkozy qui a donné la France à l’union Européenne alors que les français s’y étaient opposés

    • J’ose dire que dans un pays où ce sont les têtes des innocents qui roulent à terre, il y a un gros problème.

    • Mais voilà, si la majeur partie des Français n’avaient pas écoutés les bien pensants, des moralistes qui se disaient humanistes, réduisant le front National comme le diable, de J M Le Pen qui avait le tords de prévoir avec clair voyance l’avenir de la France d’une cultures importés et son antisémite bien trop virulent de très mauvais gout, nous en serions pas là où nous en sommes arrivés.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Un vert manteau de mosquées

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois