Le Goncourt des lycéens contesté ? Une « tartufferie réactionnaire » pour L’Obs

@Ben White/Unsplash
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Bruno Le Maire doit en rougir de dépit : Le Club des enfants perdus (POL), de Rebecca Lighieri, contient des scènes de sexe à côté desquelles son dernier roman semble l'œuvre d'un enfant de chœur. Le Goncourt des lycéens, prix littéraire organisé par la FNAC et le ministère de l'Éducation nationale, offre à de jeunes lecteurs l'occasion de lire une quinzaine de romans sélectionnés par les membres de l'académie du même nom, ce dont on pourrait a priori se réjouir. Le problème, c'est que Le Club des enfants perdus fait partie de la liste et que quelques parents, prévenus par leurs enfants, s'en sont émus.

L'association « SOS Éducation » avait annoncé qu'elle adresserait une lettre au Premier ministre et aux ministres de l’Intérieur, de l’Éducation nationale et de la Culture pour dénoncer le « contenu pornographique et psychiquement dangereux » de cet ouvrage. De son côté, l'association « Juristes pour l'enfance » a saisi la commission de surveillance et de contrôle des publications pour la jeunesse du ministère de la Justice. Plusieurs élus ont également écrit à Anne Genetet, ministre de l'Éducation nationale, en s'étonnant du choix d'un tel ouvrage dans « la liste des lectures destinées à un public mineur âgé de 15 à 17 ans »< et en lui demandant, au nom de nombreux parents, de « diligenter une enquête interne pour faire toute la lumière sur les circonstances qui ont permis une telle diffusion ».

Molle réaction de la Macronie

Comme savent le faire les politiciens quand on leur pose une question gênante, la nouvelle locataire de la rue de Grenelle a botté en touche : « Je comprends pleinement votre inquiétude, et je souhaitais vous apporter quelques précisions », a-t-elle répondu, insistant sur la « médiation des professeurs », qui est « fondamentale et continue », et précisant que « si des élèves expriment leur volonté de ne pas lire l'ouvrage, ils en ont pleinement le droit ». Belle façon de ne pas prendre parti qui n'étonne guère de la part d'une macroniste, qui ne veut surtout pas passer pour bégueule ou réactionnaire. Un nouveau programme d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle devrait voir le jour à la rentrée 2025 : on ne sait pas encore si cette « éducation » comprendra la lecture de ce roman, objet de la polémique.

Les médias de gauche ne s'embarrassent guère de nuances. Le Nouvel Obs évoque « les dessous d’une tartufferie réactionnaire ». Le Monde titre « Des associations d’extrême droite contestent un ouvrage sélectionné pour le Goncourt des lycéens », précisant que « deux structures issues de la sphère réactionnaire (sic) demandent le retrait du livre Le Club des enfants perdus, de Rebecca Lighieri, qui comporte des scènes de sexe explicites ». Il ajoute, pour bien enfoncer le clou, que la présidente de l'association « Juristes pour l'enfance » est « engagée contre la procréation médicalement assistée » et « a milité au sein de la Manif pour tous ». Quant à « SOS Éducation », elle est « proche du parti Reconquête, fondé par Éric Zemmour », et « milite contre l’éducation sexuelle à l’école, l’écriture inclusive ou encore "l’activisme transaffirmatif" ».

Vous l'avez compris, si vous ne trouvez pas normal qu'on propose aux élèves de 14 à 18 ans de telles lectures, si vous comprenez que certains puissent être choqués, vous êtes forcément d'extrême droite ! Plus généralement, si vous osez contester les diktats de la bien-pensance en matière sociétale, si, même, vous formulez quelques réserves, vous serez immédiatement catalogués et voués aux gémonies ! Le malheur, pour ces Fouquier-Tinville en herbe qui rêveraient de vous rééduquer, c'est que les Français écoutent de moins en moins leurs sornettes et que le vent finit par tourner, ce qui les fait enrager.

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

25 commentaires

  1. OK mais l’Obs et tous ses semblables ne survivent que grâce aux subsides de l’Etat c’est à dire de nous qui trouvent de moins en moins d’intérêt

  2. Je soutien et je partage tous ceux, qui conteste le prix Goncourt des Lycéens ! Pourquoi ? Parce que avant nos lycéens prétendent décerner un prix Goncourt ! Qu’ils apprennent d’abord le Français, à le parler et à l’écrire correctement, en maitrisant la conjugaison, la grammaire, la syntaxe et le vocabulaire ! On verra après ca s’ils peuvent décerner un prix Goncourt ! Hervé de Néoules !

  3. Les wokistes français, qui sont pire que leurs cousins américains, vont bien arriver, un jour, grâce à « l’AI » ou l’IA (c’est comme vous le sentez) à éduquer sexuellement le fœtus, même s’ils contestent l’idée qu’il puisse exister en tant que tel.

  4. C’est nouveau tout cela ! Naguère, il y avait eu le prix ( Goncourt ? ) des lycéens décerné à un livre de Patrick Grainville. J’avais lu ce livre que j’avais apprécié ( là, le garconnet ci-dessus n’est pas un lycéen ). Ceci dit, tout dépend du climat ambiant actuel pour de ce genre de Prix. S’il y a des provocateurs à la manoeuvre, ou du wokisme… Sinon, comme on dit, la liberté de choix doit présider ( sauf si c’est une ambiance à la sciencePo…).

  5. Mon petit fils déteste systématiquement les bouquins qu’on leur impose au lycée. Si on revenait aux classiques en éliminant tout ces écrits wokistes.

    • Oui, mais si celui-là sent le soufre et le pied-de-nez aux vilains réacs, c’est sûr que les lycéens vont voter pour lui, na !

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