Toujours rien obtenu, côté français, pour Boualem Sansal ?

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Il s'est écoulé 22 jours. Depuis les révélations de Marianne sur l’arrestation de Boualem Sansal, rien ne semble vraiment changer, du côté français. Trop pris dans les méandres politiques de son gouvernement, Emmanuel Macron n’a exprimé que sa « vive inquiétude », le 21 novembre dernier. De son côté, le pouvoir algérien, qui accuse Boualem Sansal d'« atteinte à l’unité nationale et à l’intégrité territoriale du pays » ainsi que de « complot contre la sûreté », ne se prive pas de multiplier les provocations. Derniers camouflets en date : le refus de la demande de remise en liberté de l’écrivain de 75 ans et le rejet de la demande de visa de l’avocat de Boualem Sansal pour se rendre en Algérie et défendre son client. Soulevant une grande émotion parmi un certain nombre d’intellectuels et de personnalités politiques – essentiellement de droite –, le sort de l’écrivain franco-algérien est plus qu’incertain. Alors, afin que son cas ne tombe dans l’oubli, une initiative commune à Marianne, Gallimard, à la Revue politique, aux Éditions du Cerf, au Laboratoire pour la République et au Comité Laïcité République a vu le jour.

Une initiative pour réclamer la « libération immédiate » de Sansal

Prévue un mois, jour pour jour, après l’arrestation de l’intellectuel, le lundi 16 décembre, au Théâtre libre, à Paris, cet événement gratuit qui se veut être « grande soirée de soutien à Boualem Sansal » doit réunir de nombreuses personnalités pour demander la « libération immédiate » de l’écrivain. Parmi elles, le romancier et prix Goncourt 2024 Kamel Daoud, lui aussi menacé par le pouvoir algérien, prendra la parole.

Dans une vidéo publiée sur X par l’hebdomadaire à l’initiative de cet événement, Kamel Daoud prévient : « Ce qui arrive à Sansal aujourd’hui nous arrivera à nous tous un jour si on ne se mobilise pas. » Et d’ajouter : « Ce qui arrive à Boualem Sansal, c’est ce qui arrive à beaucoup d’écrivains algériens, à des éditeurs, à des libraires. Nous payons notre droit à la parole, à l’écriture et à la fiction. »

Un dissident abandonné par la gauche

Invitée de Sud Radio, le 10 décembre dernier, Sandrine Rousseau, députée écologiste de Paris, a tenu des paroles à rebours de Kamel Daoud, estimant que « les propos de Boualem Sansal relèvent de l’extrême droite et du suprémacisme » tout en déclarant que l’intellectuel de 75 ans n’était « pas un ange, même s’il n’a pas à être en prison ».

 

 

Contactée par BV pour réagir à ces déclarations, Suzy Simon-Nicaise, présidente nationale du Cercle algérianiste, à l’initiative de l’appel des 50 pour soutenir l’écrivain franco-algérien, ne cache pas son irritation : « Madame Rousseau n’en est pas à une contradiction près. Elle signe une fois encore son mépris vis-à-vis des hommes et des femmes, particulièrement quand ils sont Français d’Algérie », estime cette femme pied-noir.

De son côté, Kamel Daoud, qui ne se montre « pas optimiste » quant au sort de son ami, dénonce les raccourcis idéologiques de ceux qui, en France, condamnent les propos de Boualem Sansal, chez nos confrères de France Inter : « Vous arrivez dans ce pays, vous voulez parler d’islamisme, on vous dit : "Attention, islamophobie". Vous voulez parler de l’échec du pays d’origine, on vous dit : "Vous êtes contre la migration". Vous voulez parler du rapport au reste du monde, on vous dit : "Vous ne pouvez pas faire ça, c’est faire le jeu de l’extrême droite" [...] On est bridé. En Algérie, on est accusés d’être français ; en France, on n’est pas des bons Arabes. »

Vos commentaires

51 commentaires

  1. Macron et ses sbires nient la nation et la notion de citoyenneté. Je crains que n’ayons rien à attendre de leur côté.
    Effectivement il nous faut retourner la table dans le pays et affirmers notre souveraineté à l’extérieur.
    Mr Boualem Sansal est un citoyen français et, à ce titre, il a droit à notre solidarité. Son enlèvement est une insulte à notre payset à chacun des français. La réponse ne peut être que ferme : dénonciation des accords de 1962, arrêt de tous transferts de fonds, des visas, expulsions des algériens présents sur notre territoire en Algérie ou vers des pays tiers et d’une façon générale tout acte propre à mettre une pression insupportable sur ce pays voyou.

  2. Ont-ils seulement exigé qq chose avec le point sur la table. Plus d’avions vers l’algérie. Plus de bateaux, retour de tous les OQTF en masse et en une seule fois, plus de retraites à ceux qui ne sont pas en France, plus d’AME, etc. Mais pour ça, il faut un patron et un premier ministre qui ne soient pas de la guimauve.

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