Crise politique en Allemagne : Alice Weidel (AfD), incisive devant le Bundestag

Capture d’écran © Bundestag
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Comme la France, et elle aussi pour une question budgétaire, l’Allemagne vient de s’offrir une crise politique qui mène à des législatives anticipées, fin février 2025. Ce 16 décembre, le Bundestag n’a pas accordé sa confiance au chancelier Olaf Scholz qui, depuis trois ans, était à la tête de la coalition SPD-FDP-Verts (sociaux-démocrates, libéraux, écolos). En désaccord avec son ministre de l’Économie et du Climat, l’écologiste Robert Habeck, Scholz a préféré se saborder en espérant se faire réélire chancelier par la prochaine assemblée.

Comme l’a dit en substance Alice Weidel, présidente de l’AfD, en s’adressant à Scholz à la tribune du Bundestag : pourquoi vous accorderions-nous une confiance que les citoyens n’éprouvent plus depuis longtemps? Son discours a été un véritable réquisitoire contre le « socialisme climatique » et l’« économie planifiée transformationnelle » de Robert Habeck, qu'elle accuse d'avoir, par son « incompétence », ruiné le modèle énergétique allemand.

L’AfD à 20 % dans les sondages

Forte de 76 députés actuellement, que peut espérer l’AfD ? Dans un sondage, la CDU/CSU, c’est-à-dire les conservateurs menés par Friedrich Merz, obtient 31 % d’intentions de vote, l’AfD 20 %, le SPD 17 %. Sur les réseaux sociaux, l’AfD n’a pas tardé à dégainer ses arguments de campagne, auxquels le discours d’Alice Weidel faisait fortement écho.

Celle-ci a ainsi demandé le départ immédiat des réfugiés syriens (parmi lesquels se sont cachés des djihadistes, a-t-elle rappelé) et la fin des naturalisations et du regroupement familial pour les ressortissants syriens. Lutte contre l’immigration illégale et expulsions, retour à la souveraineté, renforcement du pouvoir d’achat avec une TVA à 0 % sur l’alimentation, revalorisation des retraites… Ces thèmes défendus par l’AfD le sont aussi, pour certains, par Sahra Wagenknecht (BSW), ex-socialiste et ex-écolo. Le BSW est crédité de 8 % d’intentions de vote. Ce sera un premier test national pour ce parti créé il y a un an.

L’Ukraine à l’ordre du jour

La question russo-ukrainienne sera centrale dans la campagne, l’Allemagne étant l’un des pays les plus engagés dans l’assistance à Zelensky. Olaf Scholz a freiné les va-t-en-guerre, ces dernières années. L’AfD et le BSW sont opposés à toute livraison d’armes et toute aide financière à l’Ukraine. Cela reflète la forte tendance pacifique des Allemands. Un sondage de septembre donnait 51 % d’Allemands défavorables aux livraisons d’armes (contre 38 % favorables).

Conservateur pro-atlantiste, Friedrich Merz, qui a des chances de devenir le prochain chancelier, veut, lui, livrer à l’Ukraine des missiles longue portée Taurus. Ils permettraient à l’Ukraine d’atteindre des cibles en Russie. Cela serait prendre le risque d’une Troisième Guerre mondiale, a rétorqué Alice Weidel. L’exemple du XXe siècle n’est-il pas suffisant pour empêcher « l’Allemagne et l’Europe d’entrer en guerre » ? Il y va « de notre responsabilité historique », a-t-elle souligné, au moment où « l’élection de Donald Trump ouvre une chance réaliste de mettre fin, par une issue diplomatique, aux centaines de milliers de morts en Ukraine ».

Un autre sondage est paru, récemment. « Si vous pouviez élire directement le chancelier de l’Allemagne, pour qui voteriez-vous ? » Arrivent en tête Alice Weidel et Friedrich Merz (17 %, ex-aequo), suivis de Olaf Scholz (14 %), Robert Habeck (12 %) et Sahra Wagenknecht (10 %). Ce n’est que de la politique-fiction, puisque le chancelier sera élu par le Bundestag, mais donne de bonnes tendances de popularité, à deux mois des législatives.

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Samuel Martin
Journaliste

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