[EDITO] Et pourquoi pas un hommage national à Jean-Marie Le Pen ?
Jean-Marie Le Pen n’aura probablement pas droit à l’appareil des grandes funérailles nationales, malgré la pétition lancée par Jean-Yves Le Gallou, bien connu des lecteurs de BV, ancien député et président de Polémia. Cette pétition rappelle l'exceptionnelle longévité politique du fondateur du Front national, son engagement sous les drapeaux et le caractère visionnaire de ses prises de position. Elle demande au président de la République d’accorder à Jean-Marie Le Pen un hommage public et national, « dans un geste de réconciliation nationale si nécessaire en cette période troublée ».
Pour se réconcilier, il faut être au moins deux. Or, au vu des manifestations de haine, notamment place de la République à Paris, des réactions de la plupart des leaders de gauche, à l’annonce de la mort du Menhir, on peut douter qu’une volonté consensuelle de réconciliation existe vraiment dans un pays Ô combien fracturé. Du reste, si l’on lit notre Histoire sur le temps long, on constate que la réconciliation des Français est un thème propre à la droite et non à la gauche, comme si cette dernière vivait encore dans la mystique d’une Révolution française jamais achevée. Il suffit d’écouter le discours des leaders de La France insoumise pour s’en convaincre. En 1968, Georges Pompidou déclarait déjà : « Il est temps, il est grand temps d'atténuer nos divisions. Il est temps de réconcilier les Français ». Un demi-siècle plus tard, il semble qu'on n'en prend malheureusement pas le chemin.
Un communiqué de l'Élysée « service minimum »
Aussi, il est fort peu probable – on peut évidemment le regretter – que cette demande d’hommage national ait un écho favorable. Et ce, malgré la tendance inflationniste de ces dernières décennies : 3 sous François Mitterrand, 6 sous Jacques Chirac, 4 sous Nicolas Sarkozy, 15 sous François Hollande, 30 sous Emmanuel Macron… Il suffit de prendre connaissance du communiqué de la présidence de la République publié à l’annonce de la mort du vieux leader pour se convaincre que le chef de l'État n’usera pas de son pouvoir discrétionnaire de décréter un hommage de la Nation pour Jean-Marie Le Pen. Du reste, on voudrait être grossier, on qualifierait ce communiqué de « foutage de gueule ». Du délayage, tiré à la ligne, énumérant les mandats successifs de Jean-Marie Le Pen, sans plus. En revanche, pas un mot de la part du chef des Armées sur le fait que cet homme a servi la France sous l’uniforme, qu’il était titulaire de la croix de la Valeur militaire, de la croix du Combattant, qu’il quitta les bancs de l’Assemblée nationale, en 1956, pour rejoindre le 1er bataillon étranger de parachutistes et participer à l’opération de Suez. Combien de parlementaires ont eu ce geste courageux depuis que la République existe ? Et pour terminer ce communiqué, cette phrase assassine, qui pourra, un jour ou l’autre, se retourner, comme un boomerang, contre son signataire : « Figure historique de l’extrême-droite, il a joué un rôle dans la vie publique de notre pays pendant près de soixante-dix ans, qui relève désormais du jugement de l’Histoire ».
Près de soixante-dix ans de vie publique, et pas même la Légion d’honneur !
Dans notre République, n’importe quel élu - ou presque -, de droite, comme de gauche, ayant un honorable palmarès politique, la plupart du temps bien plus modeste que celui de Jean-Marie Le Pen (député de la Nation, député au Parlement européen, conseiller régional, conseiller municipal), se voit un jour ou l’autre gratifier du ruban rouge. Et pas forcément des anciens ministres. Quelques exemples ? Le communiste André Lajoinie (1929-2024), fait chevalier en 1996 pour « 46 ans d'activités professionnelles et de fonctions électives ». Que dire de la nomination directement au grade d’officier, en vertu d’une procédure spéciale, mais prévue par le Code de la Légion d’honneur, en 2023, de François Bayrou, « ancien ministre d'Etat, ancien député des Pyrénées-Atlantiques, maire de Pau, haut-commissaire au Plan ; 48 ans de services » ? Sans aller chercher dans les marathoniens de la politique, que penser – autre exemple, pris au hasard - de la nomination de Mme Juliette Méadel, en juillet dernier, « ancienne ministre, magistrate à la Cour des comptes, conseillère municipale de Montrouge (Hauts-de-Seine) ; 25 ans de services » ? Mais Jean-Marie Le Pen, lui, avec près de 70 ans de vie publique n’avait pas la Légion d’honneur. Bizarre, non ? Mais au fond, s’en souciait-il ? Probablement pas.
En tout cas, il est un honneur que personne ne pourra arracher à Jean-Marie Le Pen, pas même les plus rageux de l'extrême gauche, c’est que son cercueil, le jour de ses funérailles, soit recouvert du drapeau tricolore, privilège des seuls anciens combattants et de personne d'autre...
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16 commentaires
La Légion d’honneur, on la donne à n’impotre qui depuis plusieurs décennies.
Ses médailles, Jean-Marie les a gagnées, et il doit bien rigoler là où il est maintenant.