[ANIMAUX] Contraception ou euthanasie : les zoos à l’heure du choix

Février 2014: des lions du zoo de Copenhague se régalent des restes d'une girafe de deux ans, Marius, euthanasiée quelques jours auparavant.
AFP PHOTO / Scanpix Denmark / KASPER PALSNOV / DENMARK OUT
Février 2014: des lions du zoo de Copenhague se régalent des restes d'une girafe de deux ans, Marius, euthanasiée quelques jours auparavant. AFP PHOTO / Scanpix Denmark / KASPER PALSNOV / DENMARK OUT

Il y a onze ans, le zoo de Copenhague avait créé le scandale en euthanasiant un girafon, Marius, et en le donnant en pâture aux lions. Sa trop grande proximité génétique avec ses congénères aurait amené des désordres dans les générations ultérieures. La revue PNAS (The Proceedings of the National Academy of Sciences), une référence en matière de publications scientifiques, vient de publier une tribune en rapport avec cette question. Signée d’une dizaine de spécialistes vétérinaires en vie sauvage et zoologique ou experts ès questions écologiques, sous la houlette de Marcus Clauss (université de Zurich), elle suggère aux zoos de pratiquer l’euthanasie pour réguler leurs populations animales. Une approche surprenante !

Les zoos sous contraceptifs

Soignés, protégés de bien des maux et périls, les animaux vivent plus vieux, en captivité, que dans leur habitat naturel. Du coup, les enclos n’étant pas illimités, on entrave la reproduction des animaux (implants, contraceptifs, séparation des mâles et des femelles) - un fait ignoré du grand public, plus souvent sensibilisé à la question de la difficulté de leur reproduction en captivité. Conséquence : les équipes vétérinaires se spécialisent dans des soins gériatriques et perdent des compétences en reproduction.

Les conséquences sont aussi négatives, côté animaux, puisque « la reproduction n’est pas simplement un interrupteur que vous pouvez activer ou désactiver », écrivent les zoologues. Quand la reproduction a été empêchée pendant une longue période, « les femelles éprouvent des problèmes de fertilité ou sont devenues trop âgées pour se reproduire ». Les femelles n’apprennent plus à être mères, ni le groupe à interagir avec les jeunes. En somme, « la prévention de la reproduction animale freine actuellement le renouvellement de la population de nombreuses espèces ». Lapalissade, direz-vous, mais quand il faut dire les choses…

L’attachement aux grands mammifères

Il n’échappe pas aux auteurs de l’étude que le public n’acceptera qu’avec peine l’idée d’euthanasier des animaux de zoo, « surtout lorsqu’il s’agit de mammifères charismatiques » comme des girafes ou des éléphants. Tout raisonnable qu’il paraît, « l’abattage des individus excédentaires » blesse notre sympathie et notre admiration pour ces grands animaux - et la défense de la vie s’accorde mal avec la mise à mort de bêtes en pleine santé, qui plus est en refourguant la barbaque aux animaux de l’enclos voisin.

Contacté par BV, Marcus Clauss nous invite à voir les choses sous un tout autre angle. « La plupart d'entre nous ne sont pas conscients que la vie humaine repose sur le meurtre d'animaux. Pourtant, nous savons tous que la viande que nous utilisons pour nous-mêmes ou pour nos animaux domestiques provient d'animaux tués. » Nous n’y pensons pas lorsque nous faisons un barbecue ou lorsque nous remplissons la gamelle du chat, mais en fait, nous acceptons constamment la mort des animaux. « Nous devrions en être conscients et ne pas être choqués. »

La Terre n’est pas l’arche de Noé

Selon lui, nous souhaitons intuitivement que les zoos soient « de petits paradis où tous les animaux vivent comme dans une arche de Noé, et où il ne peut y avoir de mort que nous, les hommes, provoquons consciemment. » La réalité de notre planète est tout autre. « Nous ne cohabitons pas vraiment avec les animaux sauvages, explique le scientifique à BV. Notre Terre est depuis longtemps une planète d'hommes. Nous sommes responsables de tout, y compris de la survie des espèces animales. Nous pouvons les préserver - si nous y mettons l'honnêteté nécessaire. » Pour Marcus Clauss, les zoos doivent, sans hypocrisie, adopter cette nouvelle méthode pour mener la tâche qui leur a été confiée : conserver et perpétuer les espèces en danger. Au risque de s’attirer les foudres des associations animalistes…

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Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

3 commentaires

  1. Les humains sont aussi de grands mammifères (avec leurs prédateurs, leurs pachydermes, leurs herbivores soumis) dont on prolonge artificiellement la vie par les soins médicaux. C’est pourquoi nos gardiens de zoos mondialistes, agissant pour notre bien, ont mis au point l’avortement et l’euthanasie.
    Par contre, il manque aux vraies bêtes le transgenrisme et autres pour réduire la prolifération.

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