21 janvier 1793 : le baron de Batz, dernier espoir pour sauver Louis XVI

Jean-Pierre de Batz complot Louis XVI
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Le 21 janvier 1793, la Révolution devient le cruel bourreau du roi de France. Louis XVI, conduit dans une voiture tirée par plusieurs chevaux jusqu’à l’actuelle place de la Concorde, fait preuve d’une dignité remarquable. Acceptant son destin et allant jusqu’à pardonner aux auteurs de sa mort, il ignore qu’en ses derniers instants, une ultime tentative pour lui sauver la vie est en cours. Ce complot, mêlant courage et folie, est orchestré par une figure curieuse, intrigante et audacieuse de notre Histoire de France : le baron de Batz.

À la recherche de la gloire et de la fortune

Né le 26 janvier 1754 à Tartas, dans les Landes, Jean-Pierre de Batz est issu de la bourgeoisie. Ambitieux et déterminé à gravir les échelons de la société française pour approcher la royauté, notre futur baron n’hésite pas à se forger une ascendance aristocratique en allant même jusqu’à se prétendre parent d’un auguste serviteur de la couronne de France : Charles de Batz de Castelmore, plus connu sous le nom de d’Artagnan. En 1787, il fait fortune grâce à des spéculations sur la Compagnie française des Indes orientales. Fort de cette nouvelle richesse, il achète, selon l’historien Philippe Delorme, la baronnie de Sainte-Croix près de son village natal, se parant ainsi du titre de baron de Batz, un nom qui fera sa renommée à travers les siècles.

Lors des États généraux de 1789, Batz parvient à se faire élire député de la noblesse. Il rejoint ensuite le camp des royalistes au sein de l’Assemblée constituante. En 1790, il réussit à devenir membre du comité de liquidation chargé de gérer les dettes accumulées par la monarchie. Cette position stratégique lui donne un accès aux caisses de l’État et permet à notre cher baron de manipuler les créances et de favoriser ses partisans. Toujours déterminé à se rapprocher de la royauté, il décide de servir Louis XVI en devenant l’un de ses agents secrets et en finançant la politique parallèle de la couronne qui tente de regagner son pouvoir. Selon ses carnets de notes, Batz aurait fourni ainsi plus de 512 000 livres au roi. Cependant, les charges officielles et officieuses de Batz l’obligent à effectuer de nombreux voyages en Europe. C’est ainsi qu'à sa grande stupeur, en revenant à Paris au début de janvier 1793, il apprend la condamnation imminente du roi. Des royalistes, ayant appris la terrible nouvelle, se seraient alors proposés comme otages auprès de la Révolution afin de sauver la vie du roi parmi lesquels un certain Jean-Barthélemy Gaston de Caubios d'Andiran qui se trouve être l’aïeul direct du chanteur Hugues Aufray . Malheureusement, ces tentatives pour protéger Louis XVI échouent. Loyal à son souverain, notre baron de Batz décide alors d’élaborer un autre plan bien plus audacieux.

Il faut sauver le roi

Le plan de Batz aurait consisté (les archives de police ne mentionnent pas ce complot) à soulever la foule avec l’aide d’un petit groupe de fidèles compagnons. Dans le chaos provoqué, les conspirateurs espéraient profiter de la confusion pour enlever Louis XVI en route vers son trépas. Malheureusement pour les royalistes, leur entreprise est un fiasco : des indiscrétions trahissent les conspirateurs, dont plusieurs sont arrêtés. Batz, quant à lui, réussit à s’échapper et trouve refuge en Angleterre. Arrivant dépité dans Londres choquée par la mort de Louis XVI, selon Charles de Batz, « [il] fut le témoin de toute cette émotion d’un peuple, et combien il en eut été acclamé, si l’on eut su que, seul de tous les Français, il venait de tenter d’arracher son roi au supplice ».

L’ennemi de la Révolution

En France, Batz finit par être désigné comme un ennemi de la Révolution et de la République. Ses malversations financières sont découvertes, et il est accusé d’être impliqué dans tous les complots contre Robespierre, contre la République et même dans les plus improbables, comme celui de l’Œillet visant à libérer Marie-Antoinette. Le 22 avril 1794, la Convention met sa tête à prix après le discours enflammé du député de la Dordogne, Élie Lacoste : «  Cet homme intriguant et audacieux avait des agents intermédiaires dans Paris, au département, dans la municipalité, dans les administrations, dans les prisons même, enfin dans les ports de mer et les places frontières. […]  Batz, ci-devant baron et ex-député de l'assemblée constituante, est le brigand atroce qui devait diriger les plus noirs attentats de rois contre l'humanité ».

Malgré ces accusations, le baron de Batz parvient à déjouer ses ennemis et survit à la Terreur. Il ne revient durablement en France qu’après l’instauration du Consulat, bien que son opposition à Napoléon Bonaparte l’écarte des cercles de pouvoir. Ce n’est qu’à la Restauration qu’il est enfin récompensé pour sa fidélité aux Bourbons lorsqu’en 1815, Louis XVIII lui accorde enfin la reconnaissance qu’il espérait depuis des années. Cependant, épuisé par une vie d’intrigues et d’aventures, le baron de Batz s’éteint le 10 janvier 1822 dans sa demeure de Chadieu, en Auvergne. Sa tentative pour sauver Louis XVI, malgré les mystères qui l’entourent et son échec, illustre à jamais la profondeur des divisions qui déchiraient notre pays pendant la Révolution, entre une France prête à sauver son roi et une autre acharnée à le sacrifier.

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Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

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