[Echos de Washington] Sarah Knafo : « Trump gouverne devant le peuple »

Sarah Knafo

Plusieurs personnalités représentant les partis de la droite française étaient présentes à Washington pour l'intronisation de Donald Trump, parmi lesquelles Louis Aliot, Marion Maréchal ou Sarah Knafo. BV a demandé à ces trois personnalités les enseignements de ce moment historique de la démocratie américaine, à l'heure où le nouveau président des Etats-Unis assume comme jamais un discours de droite résolument patriote et anti-wokiste. Première interview, celle de Sarah Knafo, députée Reconquête! au Parlement européen.

Marc Baudriller. Vous êtes présente à Washington pour l'investiture de Donald Trump. Qu'est-ce qui vous a le plus surprise, qu'y a-t-il de spécifiquement trumpiste et américain ? Qu'est-ce qui surprend un regard français ?

Sarah Knafo. D'abord, le discours d'investiture était très au-dessus des discours de campagne de Trump, concernant le virage à 180 degrés qu'il entend imprimer. C'est quelque chose qu'on n'a pas vu depuis des décennies en France. On a des gens qui, à peine élus, ont tendance à renier leurs promesses de campagne et à se dire : « comme on ne pourra pas tout appliquer, autant ne plus se mettre en risque maintenant qu'on a gagné : ça ne sert plus à rien de promettre quoi que ce soit ». Ici, Trump fait un discours devant Joe Biden et Kamala Harris avec beaucoup de fermeté et de concret. Il a passé dix minutes à expliquer comment il allait fermer la frontière (mexicaine) et, pendant qu'il parlait, les décisions étaient prises. Ils ont aussitôt coupé la possibilité aux migrants de faire leur demande à l'administration américaine. C'est ce qui crée l'enthousiasme. Les gens se disent : ils ne nous trahira pas après le premier discours. Il montre ce que sera un virage à 180 degrés.

Ensuite, ce qui est frappant dans la même veine, c'est que, à peine a-t-il prêté serment sur la Bible, qu'il vient devant le peuple américain signer ses premiers décrets. Je n'ai pas vu, de mémoire, un président élu prendre ses premières décisions devant le peuple. Trump est arrivé dans la salle avec ses 30 décrets sous le bras. Changements de sexe, sortie des États-Unis de l'OMS, rétablissement des frontières et du droit du sol, c'est rare de faire à ce point rentrer le peuple dans le concret du métier de gouverner. C'est la démocratie athénienne : il gouverne devant le peuple. On est loin de la procrastination à la française, surtout quand on compare le discours d'investiture de Trump et le discours de politique générale de Bayrou...

M. B. Est-ce que ça change votre regard sur les États-Unis et sur la France ?

S. K. Pas vraiment. Je reste lucide sur les États-Unis. Donald Trump va défendre ses intérêts. Mais, en réalité, c'est ce qu'ont toujours fait les États-Unis, sous Barack Obama et sous d'autres présidents avant Trump. C'est une grande constante de la part des Américains de défendre leurs intérêts sans souci des autres nations. Mais le fait que le nouveau président l'assume aussi distinctement nous permet d'ouvrir les yeux et d'être moins naïfs.

M. B. Est-ce que cela met la France et l'Union européenne au pied du mur ?
S. K. Si, bien sûr ! Sur la défense la politique commerciale la souveraineté numérique, nous avons des intérêts divergents qui ont toujours été là. On a un président américain qui va contribuer à faire tomber la léthargie partout et peut-être que cela nous réveillera. Il n'y a que l'Union européenne qui soit aussi naïve... Nous sommes les idiots du village global : il n'y a que nous qui défendons des valeurs quand tout le monde défend des intérêts !

M. B. Peut-on trouver dans la prise de pouvoir de Trump une inspiration pour agir en France ?

Oui et non, car les thèmes de Trump, nous les avons déjà abordés lors de la campagne d'Éric en 2022. Mais, de cette grande vague qui déferle sur tout le monde occidental, je pense que, chez Reconquête!, nous sommes les meilleurs représentants.

M. B. Cela peut-il faire reculer le fatalisme français si fort chez nous ? De nombreux Français se disent que c'est impossible puisque aucun gouvernant ne l'a fait.

S. K. Oui, exactement ! J'ai vraiment l'impression que cela crée une grande vague d'espoir chez les Français qui se disent : c'est possible ! C'est possible d'élire des gens qui vont faire quelque chose, qui ne vont pas trahir leurs promesses. Cela donne à voir ailleurs quelque chose qui peut se produire chez nous. Cela signe le retour de l'idée de nation et d'identité nationale. Trump dit d'ailleurs : les médias vous expliqueront que j'ai gagné sur le pouvoir d'achat et l'inflation, c'est faux. J'ai gagné contre l'immigration et pour la défense de l'identité américaine.

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

10 commentaires

  1. Hollande, surpris par la tenue, la réalisation des promesses de Trump, en France, je pense que le seul parti qui appliquera son programme est bien Reconquête, et ce, malgré la montée en puissance du RN, qui à force de se « dédiaboliser » rentre dans le rang du « politiquement correct », mais il est vrai aussi , aucun leader charismatique ne se détache des partis de droite. Mais je pense à M. De Villiers, qui aime et sait communiquer son amour de la France, serait un bon trait d’union entre les droites avec un programme commun mais hélas nous avons la droite la plus bête du monde, qui persiste et signe dans son aveuglement et la guerre des egos, cela en devient pénible !

  2. Intelligente elle a un sens pratique qui manque à beaucoup de nos dirigeants ,mais elle n’est pas seule et la lumière commence doucement à s’installer. Le coup de pied viendra peut être des USA , bien placé il pourrait nous propulser en avant plus vite que nous le pensons. C’est en cela que Trump pourrait être bénéfique.

  3. La présence de politicien(ne)s de France à Washington pour l’investiture « trumpienne » est symptomatique, à l’instar Marine Le Pen qui en son temps « fit sa cour » à New-York devant la « Trumptower » . Tous demeurent étrangement « européistes », dont pro-US, pro-Otan, etc…, contrairement à l’Anglais Nigel Farage … Méfiance.

  4. A lire cette brave dame « S. K. Oui, exactement ! J’ai vraiment l’impression que cela crée une grande vague d’espoir chez les Français qui se disent : c’est possible ! C’est possible d’élire des gens qui vont faire quelque chose, qui ne vont pas trahir leurs promesses. »

    Qu’elle commence par « faire équipe POUR la FRANCE et POUR les français » ! …

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