Un an après, les agriculteurs ariégeois rendent hommage à Alexandra et Camille

@Jean Bexon
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Sur place, Pamiers en Ariège (Occitanie)

C'est le silence qui règne, sur cette marche d'agriculteurs. Roses en main, des centaines de participants partent du rond-point de la Bouriette pour se recueillir, le temps d'une cérémonie, devant une stèle en mémoire d'Alexandra et Camille.

Des personnes appartenant au même corps de métier, celui de la terre, composent l'essentiel de la foule. Beaucoup sont d'ailleurs venus en pantalon de travail. Droit et grave, les yeux embués par la tristesse et chaussé de bottes, Jean-Michel Sonac, éleveur de bovins, se tient dignement en tête du cortège. Il y a un an tout juste, ce père de famille perdait sa femme Alexandra, qui se décrivait comme « maman à temps plein et agricultrice » et sa fille Camille.

Ces vies furent fauchées par un chauffard, alors sous obligation de quitter le territoire français (OQTF), lors un barrage d'agriculteurs. Le contexte de cette mobilisation s'inscrivait dans une lutte de la paysannerie pour sa survie, notamment contre les normes et les taxes.

Comme l'écrit la presse régionale, c'est un drame qui a marqué l'Ariège au fer rouge. « Ma fille était dans la classe de la petite Camille, celle-ci voulait intégrer le collège agricole de Pamiers pour faire le métier de ses parents », nous indique Jean, un retraité de la grande distribution, avant de poursuivre : « Être agricultrice, c'était son rêve à elle ! »

« Cela n'aurait jamais dû arriver, c'est injuste ! »

Baptiste, quant à lui, était sur place, lors du terrible accident. Pour BV, ce participant au rassemblement témoigne : « C'est important de se retrouver dans ce noyau solide entre agriculteurs pour rendre hommage. » Avant de poursuivre : « Après le drame, on a créé des groupes de partage, pour parler, pour échanger sur ce qu'il s'était passé », se souvient le jeune homme. Celui-ci conclut : « Cela n'aurait jamais dû arriver, c'est injuste ! » Face à cette injustice, Lucie, une proche, considère que la famille Sonac peut compter sur une communauté. « Ici, c'est l'Ariège, c'est comme une famille, on se soutient, c'est comme ça », explique-t-elle.

Les discours que l'on entend pour inaugurer la stèle vont aussi dans ce sens. « La famille Sonac était sur le barrage pour crier sa fierté d'être agriculteur », assure l'organisateur de l'hommage, avant de rappeler le contexte : « Le seul moyen pour vous faire entendre du gouvernement, c'étaient vos moyens de travail. Votre combat continuera à travers nous, cela sera notre façon de vous rendre hommage », déclare en conclusion l'intervenant. Des centaines de roses blanche sont déposées une à une sur la stèle où est inscrit : « Ici, Alexandra et Camille ont perdu la vie en défendant les valeurs de l'agriculture ariégeoise. »

Le chauffard de nationalité arménienne qui a ôté la vie à Alexandra et Camille Sonac, accusé d'homicide involontaire aggravé, sera jugé le 18 février au tribunal de Foix.

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Jean Bexon
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