[IN EXTENSO] Le discours à la tronçonneuse de Milei à Davos

Cappture d'écran Présidence de la République argentine
Cappture d'écran Présidence de la République argentine

Hier, ici même, Yves-Marie Sevillia rendait compte de l'essentiel du discours prononcé ce 23 janvier par Javier Milei au forum de Davos. Un discours extraordinaire, sans doute historique, qui a stupéfait les participants au forum et marque sans doute un tournant dans la contestation du mondialisme tel qu'il est déroulé depuis des années à... Davos. Ce discours majeur, BV vous le propose en exclusivité in extenso, tel qu'il a été publié sur le site de la présidence de la République argentine, traduit en français. Un texte à lire, à relire et à déguster.

 

« Bonjour à tous,

Que de choses ont changé, en si peu de temps. Il y a un an, je me tenais ici, seul, devant vous, pour vous dire quelques vérités sur l'état du monde occidental. Des vérités qui ont été accueillies avec surprise et étonnement par une grande partie de l'establishment politique, économique et médiatique occidental. Et je dois admettre que, dans un certain sens, je le comprends. Le président d'un pays qui, en raison d'un échec économique systématique depuis plus de 100 ans, en raison de ses positions faibles dans les conflits mondiaux majeurs et en raison de sa fermeture au commerce, a perdu pratiquement toute importance internationale au fil des années ; le président de ce pays se tient sur cette scène et dit au monde entier que [ce monde)] a tort, qu’il se dirige vers l’échec, que l’Occident s’est égaré et doit être remis sur les rails.

Le président de ce pays, l'Argentine, n'était pas un homme politique, n'avait pas de soutien législatif, n'avait pas le soutien des gouvernants, des hommes d'affaires ou des groupes médiatiques. Dans ce discours, ici, devant vous, je vous ai dit alors que c'était le début d'une nouvelle Argentine, que l'Argentine était infectée depuis trop longtemps par le socialisme et qu'avec nous, elle allait à nouveau embrasser les idées de liberté ; un modèle que nous résumons dans la défense de la vie, de la liberté et de la propriété privée.

Une alliance internationale s’est formée entre toutes les nations qui veulent être libres

Et je vous ai aussi dit que, dans un certain sens, l'Argentine était le fantôme du futur Noël de l'Occident parce que nous avions déjà vécu tout ce que vous viviez et nous savions déjà comment cela s'était terminé. Un an plus tard, je dois dire que je ne me sens plus si seul, je ne me sens plus si seul. L'Argentine est devenue un exemple mondial de responsabilité financière, d'engagement envers nos obligations, un exemple pour mettre fin au problème de l'inflation et aussi pour une nouvelle façon de faire de la politique qui consiste à dire la vérité en face aux gens et à faire confiance à ceux qui comprendront.

Je ne me sens pas seul, car tout au long de cette année, j'ai pu trouver des compagnons dans cette lutte pour les idées de liberté aux quatre coins de la planète. Du merveilleux Elon Musk à la redoutable première dame italienne, ma chère amie Giorgia Meloni ; de Bukele au Salvador à Viktor Orbán en Hongrie ; de Benyamin Netanyahou en Israël à Donald Trump aux États-Unis. Peu à peu, une alliance internationale s’est formée entre toutes les nations qui veulent être libres et qui croient aux idées de liberté.

Et lentement, ce qui ressemblait à une hégémonie absolue, au niveau mondial, de la gauche woke dans la politique, dans les établissements d'enseignement, dans les médias, dans les organisations supranationales ou dans des forums comme Davos, s'est fissuré et nous commençons à entrevoir un espoir pour les idées de liberté.

Des forums comme celui-ci ont été les promoteurs du wokisme

Aujourd’hui, je viens ici vous dire que notre bataille n’est pas gagnée, que même si l’espoir renaît, il est de notre devoir moral et de notre responsabilité historique de démanteler l’édifice idéologique d’un wokisme malade. Tant que nous n'aurons pas réussi à reconstruire notre cathédrale historique, tant que nous n'aurons pas réussi à amener la majorité des pays occidentaux à adhérer à nouveau aux idées de liberté, tant que nos idées ne seront pas la monnaie commune dans les événements comme celui-ci, nous ne pourrons pas baisser les bras. Car, je dois le dire, des forums comme celui-ci ont été les protagonistes et les promoteurs du sinistre programme du wokisme qui fait tant de mal à l’Occident. Si nous voulons changer, si nous voulons défendre véritablement les droits des citoyens, il faut d’abord commencer par leur dire la vérité.

Et la vérité, c'est qu’il y a quelque chose de profondément erroné dans les idées qui ont été promues dans des forums comme celui-ci. J'aimerais prendre quelques minutes pour en discuter. Aujourd’hui, rares sont ceux qui nient que le vent du changement souffle en Occident. Il y a ceux qui résistent au changement, il y a ceux qui l'acceptent à contrecœur mais qui finissent par l'accepter, il y a les nouveaux convertis qui changent d'idées lorsqu'ils le considèrent comme inévitable et, enfin, il y a ceux d'entre nous qui ont lutté toute leur vie pour son avènement.

L'heure du changement frappe à la porte

Chacun d'entre vous saura dans quel groupe il se reconnaît, mais vous reconnaîtrez tous, sûrement, que l'heure du changement frappe à la porte. Les moments de changement historique ont une particularité : ce sont des moments où les formules en vigueur depuis des décennies sont épuisées, où les méthodes qui étaient considérées comme uniques pour réaliser les choses perdent leur sens et où ce qui, pour beaucoup, était considéré comme des vérités incontestables est finalement remis en question. Ce sont des époques où les règles sont réécrites. Ce sont donc des époques qui récompensent ceux qui ont le courage de prendre des risques.

Mais une grande partie du monde libre préfère encore le confort du connu, même si ce n’est pas la bonne voie, et insiste pour appliquer les recettes de l’échec. Ce qui apparaît comme un dénominateur commun dans les pays et les institutions en faillite, c'est le virus mental de l’idéologie woke. C’est là la grande épidémie de notre temps qu’il faut guérir, c’est le cancer qu’il faut éliminer.

Cette idéologie a colonisé les institutions les plus importantes du monde, depuis les partis et les États des pays libres d'Occident jusqu'aux organisations de gouvernance mondiale en passant par les institutions non gouvernementales, les universités et les médias, au cours des dernières décennies. Tant que nous n’aurons pas éliminé cette idéologie aberrante de notre culture, de nos institutions et de nos lois, la civilisation occidentale et même l’espèce humaine ne pourront pas revenir sur la voie du progrès qui exige un esprit pionnier.

L’Occident représente l’apogée de l’espèce humaine 

Il est essentiel de briser ces chaînes idéologiques, si nous voulons entrer dans un nouvel âge d’or. C’est pourquoi je voudrais aujourd’hui consacrer quelques minutes à les briser, ces chaînes. Mais parlons d’abord de ce pour quoi nous nous battons. L’Occident représente l’apogée de l’espèce humaine. Dans la terre fertile de son héritage gréco-romain et de ses valeurs judéo-chrétiennes ont été semées les graines de quelque chose d’inédit dans l’Histoire. Après avoir définitivement pris le pas sur l'absolutisme, [l'Occident a ouvert] une nouvelle ère dans l'existence humaine. Dans ce nouveau cadre moral et philosophique qui place la liberté individuelle au-dessus des caprices du tyran, l’Occident a été capable de libérer la capacité créatrice de l’homme, entamant un processus de génération de richesses jamais vu auparavant.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : jusqu'en 1800, le PIB mondial par habitant est resté pratiquement constant. Or, à partir du XIXe siècle et grâce à la révolution industrielle, le PIB par habitant a été multiplié par 20. [Cela a permis de] sortir 90 % de la population mondiale de la pauvreté, alors même que la population était multipliée par huit. Cela n’a été possible que grâce à une convergence de valeurs fondamentales, de respect de la vie, de la liberté et de la propriété, qui ont rendu possibles le libre-échange, la liberté d’expression, la liberté religieuse et les autres piliers de la civilisation occidentale.

À cela s’ajoute notre esprit faustien, inventif, explorateur, pionnier, qui teste toujours les limites du possible. Esprit pionnier aujourd'hui représenté, entre autres, par mon cher ami Elon Musk, qui a été injustement vilipendé par le wokisme, ces dernières heures, pour un geste innocent qui ne signifiait que sa gratitude envers le peuple. Bref, nous avons inventé un capitalisme basé sur l’épargne, l’investissement, le travail, le réinvestissement et le travail acharné. Nous avons réussi à ce que chaque travailleur puisse multiplier sa productivité par 10, par 100 ou même par 1.000, déjouant ainsi le piège malthusien. Cependant, à un moment donné du XXe siècle, nous nous sommes égarés et les principes libéraux qui nous avaient rendus libres et prospères ont été trahis.

Le wokisme est le résultat de l'inversion des valeurs occidentales

Une nouvelle classe politique, protégée par des idéologies collectivistes et profitant des moments de crise, y a vu l'occasion idéale d’accumuler le pouvoir. Toute la richesse créée par le capitalisme jusqu’à ce moment et dans le futur serait redistribuée dans le cadre d’un schéma de planification centralisé, ce qui donnerait le coup d’envoi à un processus dont nous subissons aujourd’hui les conséquences désastreuses. Poussant un programme socialiste, mais opérant insidieusement dans le cadre du paradigme libéral, cette nouvelle classe politique a déformé les valeurs du libéralisme. Ainsi, ils ont remplacé la liberté par la libération, en utilisant le pouvoir coercitif de l’État pour distribuer les richesses créées par le capitalisme. Sa justification était l’idée sinistre, injuste et aberrante de « justice sociale », complétée par des cadres théoriques marxistes dont le but était de libérer l’individu de ses besoins. Au cœur de ce nouveau système de valeurs, le principe fondamental de l’égalité devant la loi ne suffit pas, car il existe des injustices cachées qui doivent être rectifiées, ce qui représente une mine d’or pour les bureaucrates aspirant à la toute-puissance.

Voilà en quoi consiste fondamentalement le wokisme. Il est le résultat de l'inversion des valeurs occidentales. Chacun des piliers de notre civilisation a été modifié par une version déformée. Des droits niant la vie, la liberté et la propriété, nous passons à un nombre infini de droits positifs. Il y a eu d’abord l’éducation, puis le logement et, à partir de là, des choses ridicules comme l’accès à Internet, à la télévision pour le football, au théâtre, aux soins esthétiques. D’innombrables autres désirs ont été transformés en droits de l'homme fondamentaux, des droits que quelqu’un doit bien sûr payer.

Et ils ne peuvent être garantis que par l’expansion infinie d'un État aberrant. En d’autres termes, du concept de liberté comme protection fondamentale de l’individu contre l’intervention du tyran, on passe au concept de libération par l’intervention de l’État. Sur cette base s'est construit le wokisme, un régime de pensée unique, soutenu par différentes institutions dont le but est de pénaliser la dissidence. Le féminisme, la diversité, l'inclusion, l'équité, l'immigration, l'avortement, l'environnementalisme, l'idéologie du genre, entre autres, sont les têtes d'une même créature dont le but est de justifier l'extension de l’État par l’appropriation et la déformation des nobles causes.

Le wokisme a réussi à pervertir l'idée élémentaire de préservation de l'environnement

Regardons quelques-unes de ces déformations. Le féminisme radical est une distorsion du concept d’égalité et, même dans sa version la plus bienveillante, il est redondant, puisque l’égalité devant la loi existe déjà en Occident. Tout le reste ressort d'une recherche de privilèges, ce que vise réellement le féminisme radical, dressant une moitié de la population contre l’autre alors qu’elles devraient être du même côté. Nous avons même été jusqu'à considérer comme normal que, dans de nombreux pays soi-disant civilisés, si l’on tue une femme, cela s’appelle un féminicide et cela entraîne une peine plus grave que si l’on tue un homme, simplement en raison du sexe de la victime.

On a établi par la loi, en effet, que la vie d'une femme vaut plus que celle d'un homme, en excipant de l'écart salarial entre les sexes. Quand on regarde les chiffres, il est évident qu'il n'y a pas d'inégalité pour la même tâche, mais plutôt que la majorité des hommes tendent vers des professions mieux rémunérées que la plupart des femmes. Cependant, [les féministes radicales] ne se plaignent pas du fait que la plupart des prisonniers sont des hommes, ni que la plupart des plombiers sont des hommes, ni que la plupart des victimes de vols ou de meurtres sont des hommes, sans parler de la majorité des personnes qui sont mortes à la guerre.

Si l’on soulève ces questions, dans les médias ou même dans ces forums, nous sommes qualifiés de misogynes, simplement pour avoir défendu un principe élémentaire de la démocratie moderne et de l’État de droit, qui est l’égalité devant la loi et les chiffres. Le wokisme se manifeste également dans un sinistre environnementalisme radical et dans la cause du changement climatique. Préserver notre planète pour les générations futures est une question de bon sens, personne ne veut vivre dans une décharge. Mais, encore une fois, le wokisme a réussi à pervertir cette idée élémentaire de préservation de l'environnement pour le plaisir des êtres humains ; nous sommes passés à un environnementalisme fanatique où les êtres humains sont un cancer qui doit être éliminé, et le développement économique n'est guère moins qu'un crime contre la nature.

Depuis ces forums, on promeut l'agenda LGBT

Cependant, quand on affirme que la Terre a déjà connu cinq cycles de changements brusques de température et que, dans quatre d'entre eux, l'homme n'existait même pas, ils nous qualifient de platistes [théorie selon laquelle la Terre serait plate et non ronde, NDLR] pour discréditer nos idées, que la science et les chiffres soient ou non de notre côté. Ce n’est pas un hasard si ces mêmes personnes sont les principaux promoteurs du programme sanglant et meurtrier de l’avortement, un programme conçu à partir des prémisses malthusiennes selon lesquelles la surpopulation détruira la Terre et, par conséquent, nous devons mettre en œuvre un mécanisme de contrôle de la population. En fait, cela a déjà été adopté à tel point qu’aujourd’hui, sur la planète, le taux de croissance démographique commence à devenir un problème.

Quelle ambition se sont-ils fixée, avec ces aberrations liées à l'avortement ? Depuis ces forums, on promeut l'agenda LGBT, qui veut nous imposer que les femmes sont des hommes et que les hommes sont des femmes si c'est ainsi qu'ils se perçoivent. Ils ne disent rien lorsqu'un homme se déguise en femme et tue son rival sur un ring de boxe ou lorsqu'un prisonnier prétend être une femme et finit par violer toutes les femmes qu'il rencontre en prison.

Sans aller plus loin, il y a quelques semaines, le cas de deux Américains homosexuels qui, brandissant le drapeau de la diversité sexuelle, ont été condamnés à cent ans de prison pour avoir abusé et filmé pendant plus de deux ans leurs enfants adoptés, a fait la une des journaux du monde entier. Je tiens à être clair sur le fait que, lorsque je parle de maltraitance, ce n’est pas un euphémisme, car dans ses versions les plus extrêmes, l’idéologie du genre constitue simplement une maltraitance d’enfants. Ce sont des pédophiles, donc je veux savoir qui approuve ces comportements.

Ils nuisent de manière irréversible à des enfants en bonne santé par le biais de traitements hormonaux et de mutilations, comme si un enfant de moins de cinq ans pouvait consentir à une telle chose. Et s'il arrive que sa famille ne soit pas d'accord, il y aura toujours des agents de l'État prêts à intercéder en faveur de ce qu'ils appellent l'intérêt du mineur. Croyez-moi, les expériences scandaleuses menées aujourd'hui au nom de cette idéologie criminelle seront condamnées et comparées à celles qui ont eu lieu aux moments les plus sombres de notre Histoire. Et derrière cette multitude de pratiques abjectes se cache l'éternelle victimisation, toujours prête à lancer des accusations d'homophobie ou de transphobie et autres inventions dont le seul but est de tenter de faire taire ceux qui dénoncent ce scandale dont les autorités nationales et internationales sont complices.

Une immigration de masse motivée, non pas par l’intérêt national, mais par la culpabilité

En revanche, dans nos entreprises, nos institutions publiques et nos universités, le mérite a été laissé de côté par la doctrine de la diversité, ce qui implique une régression des systèmes nobles d'antan. Les quotas sont inventés pour autant de minorités que les politiciens peuvent imaginer, et tout ce qu’ils font, c’est saper l’excellence de ces institutions. Le wokisme a également déformé la cause de l’immigration. La libre circulation des biens et des personnes est à la base du libéralisme, nous le savons bien ; l'Argentine, les États-Unis et de nombreux autres pays sont devenus grands grâce à ces immigrants qui ont quitté leur pays d'origine à la recherche de nouvelles chances.

Cependant, d’une tentative d’attirer des talents étrangers pour promouvoir le développement, nous sommes passés à une immigration de masse motivée non par l’intérêt national mais par la culpabilité. Puisque l’Occident est la cause supposée de tous les maux de l’Histoire, il doit se racheter en ouvrant ses frontières au monde entier, aboutissant nécessairement à une colonisation à rebours qui s’apparente à un suicide collectif.

C’est ce que nous voyons aujourd’hui à travers les images de hordes d’immigrés maltraitant, violant ou tuant des citoyens européens qui ont simplement commis le péché de ne pas adhérer à une religion particulière. Mais lorsqu'on dénonce ces situations, on est traité de raciste, de xénophobe ou de nazi. Le wokisme a pénétré si profondément dans nos sociétés, promu par des institutions comme celle-ci, que l'idée même de sexe a été remise en question, à travers la désastreuse idéologie du genre.

Cela a conduit à une intervention encore plus importante de l’État au travers de législations absurdes telles que l’obligation pour l’État de financer des hormones et des interventions chirurgicales à hauteur de plusieurs millions de dollars pour se conformer à la perception de certains individus. Ce n'est qu'aujourd'hui que nous voyons les effets d'une génération entière qui a mutilé son corps, promue par une culture de relativité sexuelle. Une génération qui devra passer toute sa vie dans des traitements psychiatriques pour faire face à ce qu'elle s'est fait, mais personne ne dit rien sur ces questions. Ils ont également soumis la grande majorité des individus à l’esclavage des perceptions erronées promues par une infime minorité. Le wokisme cherche ainsi à kidnapper notre avenir.

Ils vénèrent depuis des décennies une idéologie sinistre et meurtrière

Car en dominant les chaires des universités les plus prestigieuses du monde, il entraîne les élites de nos pays à remettre en question et à nier la culture, les idées et les valeurs qui ont fait notre grandeur, endommageant ainsi davantage notre tissu social. Que nous reste-t-il pour l’avenir si nous apprenons à nos jeunes à avoir honte de notre passé ? Tout cela a été incubé et développé de manière de plus en plus visible au cours des dernières décennies, après la chute du mur de Berlin. Curieusement, les pays libres ont commencé à s’autodétruire lorsqu’ils n’avaient plus d’adversaires à vaincre. La paix nous a affaiblis, nous avons été vaincus par notre propre complaisance. Toutes ces aberrations, et d’autres, que nous ne pouvons énumérer faute de temps, menacent aujourd’hui l’Occident et sont, malheureusement, les croyances que des institutions comme celle-ci défendent depuis quarante ans. Personne ne peut prétendre être innocent, ici [à Davos, NDLR]. Ils vénèrent depuis des décennies une idéologie sinistre et meurtrière comme s’il s’agissait d’un veau d’or et ils ont remué ciel et terre pour l’imposer à l’humanité.

Cette même organisation ainsi que les organisations supranationales les plus influentes ont été les idéologues de cette barbarie. Les organismes de crédit multilatéraux ont été une arme d’extorsion et de nombreux États nationaux, et en particulier l’Union européenne, ont été et sont toujours une arme [pour le développement de cette idéologie, NDLR]. Aujourd’hui, au Royaume-Uni, on emprisonne peu-être des citoyens pour avoir révélé des crimes aberrants et véritablement horribles commis par des migrants musulmans que le gouvernement veut cacher. Peut-être que les bureaucrates de Bruxelles n'ont pas suspendu les élections roumaines simplement parce qu'ils n'aimaient pas le parti vainqueur...

Face à chacune de ces discussions, le wokisme tente de discréditer ceux qui remettent ces choses en question en nous étiquetant d'abord puis en nous censurant. Si nous sommes blancs, vous devez être raciste ; si vous êtes un homme, vous devez être misogyne ou membre du patriarcat ; si vous êtes riche, vous devez être un capitaliste cruel ; si vous êtes hétérosexuel, vous devez être hétéronormatif, homophobe ou transphobe. Pour chaque question, ils attribuent une étiquette qu’ils tentent ensuite de censurer par des moyens de fait ou de droit.

Car sous le discours de la diversité, de la démocratie et de la tolérance qu’ils disent mettre en avant, ce qui se cache en réalité, c’est la volonté manifeste de détruire les dissonances, les critiques et, par essence, la liberté pour continuer à soutenir un modèle dont ils sont les principaux bénéficiaires. Peut-être n'entendons-nous pas, ces jours-ci, comment certaines autorités européennes importantes, assez rouges pour ainsi dire, appellent ouvertement à la censure ? À moins que, en réalité, il n’y ait pas de censure, mais que ceux qui pensent différemment de l’idéologie woke doivent être réduits au silence.

Un sale enchevêtrement de réglementations, comme par exemple dans l'UE...

Quel type de société peut résulter du wokisme ? Une société qui a remplacé le libre-échange des biens et des services par la distribution arbitraire des richesses sous la menace des armes, remplacé les communautés libres par une collectivisation forcée, remplacé le chaos créatif du marché par l’ordre stérile et sclérosé du socialisme. Une société pleine de ressentiment, où il n’y a que deux types de personnes : ceux qui sont contribuables nets d’une part et ceux qui sont bénéficiaires de l’État d’autre part. Et je ne parle pas, ici, de ceux qui reçoivent des allocations sociales parce qu'ils n'ont pas assez à manger, je parle des entreprises privilégiées, je parle des banquiers qui ont été sauvés lors de la crise des subprimes, la majorité des médias, des centres d'endoctrinement déguisés des universités, de la bureaucratie d'État, des syndicats, des organisations sociales, des entreprises prébendes de l'État et de tous les secteurs qui vivent des impôts payés par ceux qui travaillent.

Je parle du monde décrit par Ayn Rand dans La Révolte d'Atlas, qui s'est malheureusement matérialisé. Un schéma où le grand gagnant est la classe politique qui devient, à son tour, l’arbitre et la partie intéressée de cette répartition. Je le répète : la classe politique est l'arbitre et la partie intéressée dans cette répartition. Et comme toujours, celui qui distribue obtient la meilleure part. Ou, sous les différences cosmétiques entre les différents partis, se partagent des intérêts, des partenaires, des arrangements et un engagement inaltérable que rien ne change. Un système qui se cache derrière un discours bien-pensant où, selon eux, le marché échoue et où ils sont chargés de résoudre ces échecs par la réglementation, la force et la bureaucratie. Mais il n’y a pas de défaillances du marché. Je le répète : il n’y a pas de défaillances du marché.

Puisque le marché est un mécanisme de coopération sociale dans lequel les droits de propriété sont volontairement échangés, la prétendue défaillance du marché est en soi une contradiction. La seule chose que cette intervention génère, ce sont de nouvelles distorsions dans le système des prix, qui à leur tour entravent le calcul économique, l'épargne et l'investissement et finissent donc par générer davantage de pauvreté ou un sale enchevêtrement de réglementations, comme par exemple ceux qui existent en Europe, tuant la croissance économique. Comme je le dis habituellement dans mes présentations : « Si vous considérez qu’il y a une défaillance du marché, allez vérifier si l’État n’est pas impliqué au milieu. »

Réduire de façon drastique la taille de l’État

Pour cette raison, puisque le wokisme n'est ni plus ni moins qu'un plan systématique de l'État pour justifier l'intervention de l'État et l'augmentation des dépenses publiques, cela signifie que notre première croisade, la plus importante, si nous voulons retrouver le progrès en Occident, si nous voulons construire un nouvel âge d’or, c'est une réduction drastique de la taille de l’État. Non seulement dans chacun de nos pays, mais aussi par la réduction radicale de toutes les organisations supranationales.

Car c'est le seul moyen de mettre un terme à ce système pervers, qui draine les ressources, de restituer au contribuable ce qui lui appartient et de mettre un terme à la vente de faveurs. Il n’y a pas de meilleure méthode que d’éliminer la bureaucratie de l’État afin qu’il soit impossible de vendre de telles faveurs.

Les fonctions de l'État doivent à nouveau se limiter à la défense du droit à la vie, à la liberté et à la propriété. Toute autre fonction assumée par l’État serait préjudiciable à sa tâche fondamentale et aboutirait inexorablement au Léviathan omniprésent dont nous souffrons tous aujourd’hui. Nous assistons, aujourd’hui, à un épuisement global de ce système qui nous a dominés ces dernières décennies. Tout comme cela s'est produit en Argentine, dans le reste du monde s'accentue le seul conflit pertinent de ce siècle et de tous ceux qui ont déjà eu lieu : le conflit entre les citoyens libres et la caste politique qui s'accroche à l'ordre établi, redoublant son effort de censure, de persécution et de destruction.

Heureusement, dans tout le monde libre, il existe une majorité silencieuse qui s’organise et, partout dans notre hémisphère, l’écho de ce cri de liberté résonne. Nous sommes confrontés à un changement d'époque, à un tournant copernicien, à la destruction d'un paradigme et à la construction d'un autre, et si des institutions d'influence mondiale, comme cette maison, veulent tourner la page et participer de bonne foi à ce nouveau paradigme, elles devront assumer la responsabilité du rôle qu'elles ont joué au cours des dernières décennies et faire le mea culpa qui s'impose devant la société.

Pour terminer, je veux m'adresser directement aux dirigeants du monde, à tous ceux qui dirigent tant les États nationaux que les grands groupes économiques et les organisations internationales, aussi bien ceux qui sont présents ici que ceux qui nous écoutent depuis chez eux. Les formules politiques des dernières décennies que j’ai exposées dans ce discours ont échoué et s’effondrent sur elles-mêmes. Cela signifie que penser comme tout le monde pense, lire ce que tout le monde lit, dire ce que tout le monde dit ne peut que conduire à l'erreur, même s'il y en a encore beaucoup qui persistent à marcher vers le précipice.

Le scénario des quarante dernières années est épuisé...

...et lorsqu’un système est épuisé, l’Histoire s’ouvre. C'est pourquoi je dis à tous les dirigeants du monde : il est temps de sortir de ce scénario, il est temps d'être audacieux, il est temps d'oser penser et d'oser écrire vos propres vers, car lorsque les idées et les textes du présent disent tous pareil et disent les mauvaises choses, être courageux consiste justement à improviser. Cela consiste à revenir en arrière, à ne pas se laisser éblouir par le provisoire, à perdre de vue l'universel. Il s’agit de retrouver des vérités qui étaient évidentes pour nos ancêtres et qui sont à la base du succès civilisationnel qu’a été l’Occident, mais que le régime de pensée unique des dernières décennies a perçues comme s’il s’agissait d’hérésies.

Comme Churchill l’a dit un jour : « Plus nous regardons loin en arrière, plus nous pouvons voir loin. » Autrement dit, nous devons rencontrer les vérités oubliées de notre passé pour dénouer le nœud du présent et franchir la prochaine étape en tant que civilisation, vers l’avenir. Et qu’est-ce que je vois, quand je regarde en arrière ? Que nous devons adopter, une fois de plus, les dernières thèses éprouvées de la réussite économique et sociale. C’est-à-dire le modèle de liberté, les idées de liberté, en revenant au libéralisme. C'est ce que nous faisons en Argentine, c'est ce que j'espère que le président Trump fera dans cette nouvelle Amérique du Nord. Et c'est ce que nous invitons toutes les grandes nations libres du monde à faire, celles qui ont l'intention d'arrêter ça avant que cela ne conduise à la catastrophe.

En fin de compte, ce que je vous propose, c’est de redonner sa grandeur à l’Occident. Aujourd’hui, comme il y a 215 ans, l’Argentine a brisé ses chaînes et invite – comme le dit notre hymne – tous les mortels du monde à entendre ce cri sacré : liberté, liberté, liberté. Que les forces du ciel soient avec nous. Merci beaucoup à tous et… vive la liberté, bon sang ! »

 

Vos commentaires

26 commentaires

  1. Merci d’avoir publié l’intégralité de ce discours fondateur du président argentin que je perçois mieux. Si on était en pays de liberté il aurait dû être beaucoup plus largement diffusé. Tellement juste, équilibré et encourageant

  2. Comme c’est marrant de voir tout le mal que l’on peut dire quand on n’a rien fait . Amusant aussi de constater les parallèles qui peuvent être faites entre le discours volontariste de Javier Milei et de Donald Trump.
    Curieux non qu’on les assaisonnent ensemble pareillement . Ah j’allais oublier ce vieux proverbe écossais :
    « We never envy the mediocre ».

  3. Milei confirme à l’échelle mondiale ce que Boukovsky disait de l’UE en 2005: l’Occident est devenue une Union Soviétique à la sauce… occidentale. Heureusement, Milei, Trump et d’autres sont en mesure de redresser la barre.

  4. Brillantissime, un pavé énorme dans une mare, qui, j’espère, va la vider. Intelligence et vision claire. Tout est dit. A méditer longuement. J’ai enregistré et imprimé, pour m’en repaître. L’espoir renaît peut-être. Ce qu’entraîne cette lecture, c’est une révélation de l’énorme bêtise qui a régné jusqu’à présent, plus, de la connerie, plus encore, de la connerie malfaisante, plus enfin, une perversité maximale et de la mauvaise foi. Le symptôme le plus ridicule de tout ce monde là: l’interprétation de geste d’Elon Musk comme un salut nazi. Ces gens là n’ont plus de dignité, plus de frein, plus de bon sens, ils sont en roue libre, n’ont plus accès à la honte. Ce sont bien des pervers. Merci pour votre initiative d’avoir publié la totalité du discours, il est fondateur.

  5. Un discours aussi fondateur et fondamental pour l’avenir de l’humanité, aurait du faire l’objet d’une exégèse dans tous les « vingt heure » télévisuels et la « une » de tout ce qui est imprimé, quotidiens ou hebdomadaires.
    On ne peut que constater l’inverse : ce dirigent continue d’être caricaturé et ridiculisé dans tous les médias du camp du bien, et par nos z’ompolitiques (Coluche), y compris les plus haut perchés, comme un débile moyen, fantasque et irresponsable !

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