Jean-Noël Barrot s’en prend à Philippe de Villiers pour toucher Retailleau

Chaque jour nous en apporte la preuve : nos ministres, à quelques rares exceptions près, sont là pour faire de la com'. La leur, principalement. Ainsi, alors que la France sombre, certains sont accrochés à leur clavier pour écrire des romans polissons et d’autres courent les plateaux pour animer les talk-shows parmi les ricaneurs.
Ce samedi soir, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot était l’invité de Quelle époque !, l’émission que présente Léa Salamé sur France 2. La France sera bientôt aussi haïe à l’étranger que les États-Unis au moment de la guerre d’Irak, nos militaires sont chassés d’Afrique comme des malpropres, nos otages israéliens ne sont toujours pas libérés, Boualem Sansal se meurt peut-être dans les geôles du président Tebboune, l’Azerbaïdjan attise les « mouvements décoloniaux » en Nouvelle-Calédonie, mais qu’importe : le ministre des Affaires étrangères a tout le temps pour pérorer chez la présentatrice préférée de la gauche morale.
« Attention aux influenceurs vendéens » Pardon ??? Vous insinuez quoi @jnbarrot ? Que @PhdeVilliers serait une menace pour la France ? Pathétique. pic.twitter.com/DcK9F57R32
— Bleu Blanc Rouge ! (@LBleuBlancRouge) January 26, 2025
Toujours donner des gages à la gauche morale
C’est là qu’il faut donner des gages, alors Barrot s’exécute lorsque arrive la séance de « photocall ». « Vous connaissez le principe, dit Léa Salamé. Je vous présente un personnage, une personnalité. Quelle question vous lui poseriez, s’il était là ? » Apparaît alors la photo de Bruno Retailleau. Ça commence à ricaner, autour de la table. Le ministre prend l’air concentré, fronce son crâne glabre, lève les yeux au ciel en feignant de chercher l’inspiration, puis lâche : « Je lui dirais… – on attend les roulements de tambour – Attention aux influenceurs vendéens ! » « OKkkkey… oh oh oh… », répond une Léa Salamé, tout émoustillée. Autour, ça glousse, ça se tortille. Dechavanne renchérit en agitant les mains : « Mais de qui parle-t-il ? » C’est vrai, ça, on se demande. C’est tellement fin, tellement subtil, tellement au-dessus des ploucs et des sans-dents qui osent fréquenter le Puy du Fou. Parce que c’est lui, bien sûr, Philippe de Villiers, l’affreux influenceur qui parle à l’oreille de son ami Bruno Retailleau.
La séquence n’a évidemment rien de spontané. La petite phrase a été bien pensée par les communicants du ministre : les influenceurs algériens sont sur la sellette, soupçonnés de visées terroristes, alors on va traiter le chasseur de terroristes d’influenceur. Waahouuuuu, qu’est-ce que c’est malin !
Les petits plaisirs de la start-up nation
Voilà donc étalé le bonheur que procure l’entre-soi dans la start-up nation. La connivence est un plaisir suave réservé à l’élite. En effet, vice-président du MoDem, Jean-Noël Barrot n’en est pas moins un macroniste chevronné. Ministre délégué chargé du Numérique de 2022 à 2024, il a été ministre délégué chargé de l’Europe sous Attal et Barnier avant de devenir ministre de l’Europe et des Affaires étrangères sous le ventre mou de Bayrou. Gloire montante de l’élite mondialiste, il fut en 2020 lauréat du programme « Young Global Leaders » de la French-American Foundation, comme l’ont été également Amélie de Montchalin, Gabriel Attal, Emmanuel Macron et tant d’autres. Tous des gens qui « incarnent le leadership d’aujourd’hui et de demain », dit la fondation, qui dévoile son palmarès à Davos.
Le petit problème, mais il ne semble pas chagriner le Premier ministre, c’est que messieurs Barrot et Retailleau appartiennent au même gouvernement. Et que, donc, en principe, ils devraient défendre une politique commune et non pas se dénigrer à la première occasion. Quant aux médias et autres animateurs fort complaisants, on notera que ce qui les a troublés, ce dimanche soir, c’est l’écran noir dont a été victime l’émission à 0h54. Une coupure intervenue alors que le ministre racontait combien son père – Jacques Barrot, ancien Commissaire européen aux Transports – avait été bouleversé en « découvrant que Jean-Marie Le Pen arrivait au deuxième tour de l’élection présidentielle ». Parce que, dit-il, « le grand-père, celui qui est décédé à l’Assemblée, a été élu à la Libération député de Haute-Loire après avoir, pendant la Deuxième Guerre mondiale, résisté en apportant... » Et là, coupure. Écran noir. Sans doute un coup des influenceurs vendéens ?

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83 commentaires
Et dire que cet intermittent de la politique, j’hésite avec spectacle, se propose de se déplacer en Algérie pour tenter de trouver une issue à ce qu’il ose qualifier de différents entre les deux pays.
J’appelle ça la diplomatie de la carpette
Pitoyable ! Et encore un archéologiste politique. Que venait faire dans cette séquence Jacques Barrot ?
Ministre des affaires étrangères ou Ministre étrange aux affaires qu’il ne comprend pas !!! Où est passé Hubert VEDRINE ??????
A part d’être le fils son père qui est ce Jean-Noël BARROT ? Déjà que je n’appréciais pas son père…. Mais alors lui Minsityrte des affaires étrangères